Venezuela: IL Y A 160 ANS, L'ESCLAVAGE ETAIT ABOLI AU Venezuela

Publié le par cubasifranceprovence

Caracas, 2 » mars AVN – En 1816, le Libérateur Simon Bolivar commença une campagne en faveur de l'abolition de l'esclavage qui se concrétisa 38 ans plus tard, quand le 2' mars 1854, le président José Gregorio Monagas signa le décret d'application qui donna alors une liberté sous condition à 60 000 esclaves qui existaient au Venezuela.

Le chercheur José Marcial Ramos Gomez Guedez, Prix National d'Histoire 2013, spécialiste de l'afro-vénézuélianité depuis plus de 40 ans, a indiqué dans son étude « Bolivar et l'abolition de l'esclavage au Venezuela 1810-1830 » que la campagne du Libérateur contre l'esclavage fut remise en question « dès le début par l'opposition que lui manifestaient les secteurs oligarchiques et les propriétaires terriens maîtres d'esclaves. »

Même ainsi, Bolivar promulgua deux importants décrets contre l'esclavage le 2 juin et le 16 juin 1816.

Ramos Guédez signale que le premier dut signé à « Carupano et le second à Ocumare de la Costa ».

Dans le décret d'Ocumare, Bolivar a soutenu que « cette partie malheureuse de nos frères qui ont gémi sous les misères de l'esclavage, est libre maintenant. La nature, la justice et la politique demandent l'émancipation des esclaves : à partir de maintenant, il n'y aura au Venezuela qu'une classe d'hommes, tous seront citoyens », rapporte l'article « L'abolition de l'esclavage au Venezuela », publié sur le site du Ministère du Pouvoir Populaire pour l'Education.

Ensuite, Bolivar, en 1819, dans son discours d'Angostura, envisage la liberté absolue des esclaves, une question qui fut de nouveau rejetée, cette fois, par les représentants du Sénat.

L'article du Ministère du Pouvoir Populaire pour l'Education rappelle que Bolivar a promis à son amis et protecteur en Haïti, le Président Alexandre Petion, le libération des esclaves au Venezuela.

Cette promesse, les changements historiques et ses répercutions feront que Bolivar n'abandonnera pas son intention de libérer les hommes et les femmes qui furent amenés en Amérique depuis l'Afrique subsaharienne.

« Dans le cours de l'année 1820, le Libérateur , par voie de décret (2 » octobre) décide la confiscation de l'hacienda « Ceiba Grande » et la libération de ses esclaves », indique le texte « Bolivar et l'abolition de l'esclavage au Venezuela 1810-1839 »

« En 1821, au Congrès célébré dans la ville de Rosario de Cucuta, de nouveau, Bolivar sollicite l'abolition de l'esclavage mais le parlement accepte seulement de promulguer la liberté de vente par la Loi d'Affranchissement où on envisage la liberté des fils des esclaves nés à partir de cette date, même s'ils ne jouissaient de leurs « droits civils » qu'à leurs 18 ans », continue l'article.

Ce travail de recherche mentionne qu'en 1821, après la bataille de Carabobo, Bolivar accorda la liberté à certains des esclaves que possédait encore l'Hacienda San Mateo, dans les vallées d'Aragua.

C'est ainsi que Bolivar libéra Maria Jacinta Bolivar, José de la Luz Bolivar, maria Bartola Bolivar, Francisca Barbara Bolivar, Juan de la Rosa Bolivar et Nicolasa Bolivar. Tous utilisaient alors le nom de famille de leurs maîtres.

Les recherches de José Marcial Ramos Guedez évoquent le fait que « l'intérêt de Bolivar pour le problème de l'esclavage, il le répercute aussi dans ses relations avec sa vieille gouvernante car, jamais il n'oublia Hipolita » et citent une lettre que le Libérateur envoya à sa sœur Maria Antonia, le 10 juin 1825, de Cuzco, Pérou, qui dit : « … que tu lui donnes tout ce qu'elle veut, pour que tu fasses pour elle comme si elle était ta mère, son lait a nourri ma vie et je n'ai pas connu 'autre père qu'elle... »

Presque 40 ans plus tard, est signé le « décret d'application ».

38 ans plus tard, le premier décret de Bolivar pour libérer les esclaves, le Président José Gregorio Monagas décréta, en 1854, l'abolition définitive de l'esclavage, conditionnée au paiement d'une indemnisation de la part de l'Etat à ce qu'on appelait les « maîtres » des afro-descendants.

« Après plusieurs discussions au Congrès sur la base d'un projet présenté par 31 députés, le 3 mars 1854, les objections concernant le fait que l'agriculture se trouverait sans main d'oeuvre surmontées, on finit par faire taire la voix de Vicennale Amengual, un des opposants les plus obstinés qui soutenait que le projet était anticonstitutionnel et qu'il « conduirait la République vers un abîme terrifiant », relate le texte du Ministère du Pouvoir Populaire pour l'Education.

« On put ainsi arriver à une majorité et le Congrès a ratifié la Loi le 2 » mars. Le Président José Gregorio Monagas se hâta de prendre le « décret d'application » le lendemain, 24 mars 1854, ajoute l'article.

Après cette ouverture légale, les esclaves durent continuer leur lutte pour la liberté jusqu'à ce qu'ils obtiennent leurs droits sociaux, économiques et culturels.

Le chercheur vénézuélien, membre du Mouvement Social Afro-vénézuéien, Jesus Garcia, a déclaré dans une entrevue avec le Courrier de l'Orénoque que jusqu'à ce qu'on appelle le démocratie représentative, les effets du vieux système esclavagiste envers les afro-descendants et les afro-descendantes se sont fait sentir. »

Il a précisé que ce secteur de la société « continuait d'être exploité avec des salaires de misère et vivait dans des conditions sous-humaines » dans des zones de l'état de Yaracuy et au Sud du Lac de Maracaibo, dans l'état de Zulia, ou à Barlovento, dans l'état de Miranda.

Pendant cette période, ajoute-t-il, aussi bien les aborigènes d'Apure et d'Amazonas, à la base, que ceux de la nouvelle diaspora que sont les migrants et les migrantes haïtiens et afro-colombiens «étaient aussi soumis à un système de travail et d'exclusion qui se différenciait peu de l'esclavage du XIX° siècle », signale le Courrier de l'Orénoque.

Garcia a assuré qu'avec le début du processus bolivarien, en 1999, « tous les droits citoyens ont été garantis et entre autres, on a mis en marche « l'éradication des vieilles pratiques esclavagistes ».

AVN 23/03/2014

(traduction Françoise Lopez)