Cuba: TDF INSTRUMENT DE LA CIA SANS LE SAVOIR
Les informations concernant la radio anti-cubaine émettant depuis la France provoquent de multiples réactions. Des précisions sur l’actionnaire principal de TDF donnent une nouvelle dimension à l’affaire.
Rappel des faits.
Une radio anti gouvernementale cubaine « Radio Republica », porte voix d’un groupe établi à Miami (« Directoire démocratique cubain », financé par la « Fondation nationale pour la démocratie », relais connu de la CIA) émet depuis le centre de radio ondes courtes dit « d’Issoudun » de TDF, sur le territoire de la commune de Saint-Aoustrille dans l’Indre. Le député André Chassaigne a interrogé la ministre de la Culture et de la Communication, Mme Aurèlie Filipetti sur « la légalité de l’émission d’une radio étrangère à partir d’un émetteur TDF ». Sans réponse, pour le moment.
A Issoudun, on regrette que le nom de la ville soit mêlé à cette affaire en insistant sur le lieu exact des installations de TDF, la commune de Saint-Aoustrille. Bien entendu, les populations et les élus du pays d’Issoudun n’ont strictement rien à voir avec cette opération radiophonique à ondes courtes même si certains habitants de l’agglomération ont fait connaître leur désagrément. Dans le Berry, on sait respecter l’autre.
La responsabilité de la diffusion de la radio anti-cubaine depuis Issoudun repose exclusivement sur TDF et les autorités françaises. Et il est important de préciser à nouveau la répartition de l’actionnariat de TDF: Texas Pacific Group, aujourd’hui TPG Capital (42%), Caisse des dépôt et consignations (24%), Ardian (ex Axa, 18%), Charterhouse Capital Partners (14%), divers (2%). TPG Capital est le plus important fonds d’investissement nord-américain et il gère environ 30 milliards de dollars. Parmi ses principaux conseillers figure Bernard Attali (frère jumeau de Jacques) qui occupe la fonction de « senior advisor », conseiller spécial pour la France.
C’est à la demande de la Fondation nationale pour la démocratie (NED) - une des vitrines légales de la CIA ayant officiellement pour objectif l’aide aux oppositions des « gouvernement non amis » - que TPG Capital a obtenu de TDF l’ouverture d’un faisceau en direction de Cuba. TDF est donc devenu un outil technique de la CIA en direction de Cuba et l’on se demande si le « service » ne s’étend pas à d’autres régions du monde.
L’actionnaire principal de TDF a un passé sulfureux. C’est ainsi que dans « l‘Express/l’Expansion » daté du 1 er novembre 2006, Franck Dedieu livrait des informations surprenantes. Voici ce qu’il écrivait: « Des fonds d'investissement particulièrement portés sur les technologies de pointe françaises agiraient en poissons pilotes pour les services de renseignements américains (…) Tout commence en 2000, quand le fonds Texas Pacific Group (TPG) dépose 559 millions d'euros sur la table pour entrer au capital du leader mondial de la carte à puce, Gemplus, et en devenir le premier actionnaire. " Avec 26 % du capital, TPG se montrait très insistant pour obtenir le maximum de postes au conseil d'administration, quitte à nommer des "indépendants" en fait très proches de lui ", se souvient Thierry Dassault, à l'époque administrateur de la société.
Le renvoi du président Marc Lassus et son remplacement par un Américain sèmeront sérieusement le doute sur les arrière-pensées de TPG. Transfert de l'équipe dirigeante et des laboratoires de recherche aux Etats-Unis ? Les salariés s'inquiètent mais, après tout, jusque-là, rien de bien surprenant. Une information sur Alex Mandl, le nouveau PDG, adoubé en 2002 par les actionnaires américains, va mettre le feu aux poudres : l'homme siégeait au conseil d'administration d'In-Q-Tel, un fonds technologique au service exclusif... de la CIA et du renseignement américain. Un détail qui ne figurait pas sur son CV. " Le cabinet de chasseurs de têtes a fait circuler une ancienne version ", se défend Goeff Fink, administrateur de Gemplus, représentant du fonds TPG (…) L’apparition des initiales TPG dans un dossier suffit à faire réagir les autorités françaises. Son arrivée au capital de l'opérateur européen de satellites de télécommunications Eutelsat, en 2004, suscite immédiatement une note du Quai d'Orsay et du ministère de la Défense sur " la menace américaine ". " Comme par hasard, Eutelsat s'apprêtait à passer un accord avec le futur système de navigation par satellite Galileo, le concurrent européen du GPS américain. »
Tout indique que le principal actionnaire de TDF (48%) a des liens avec la CIA. Une entreprise stratégique française serait donc et depuis longtemps gangrénée de l’intérieur par un service de renseignement étranger. Dans ces conditions, l’affaire de la radio anti-cubaine ne serait qu’une maille d’un ensemble qu’il serait urgent de détricoter ?
José Fort