Colombie: LE GOUVERNMENT ET LES FARC D'ACCORD SUR LES CONDITIONS DE LIBERATION DU GENERAL Rubel Alzate

Publié le par cubasifranceprovence

AFP 20 NOVEMBRE 2014

Le gouvernement de Colombie et les Farc se sont accordés sur les conditions de libération d’un général et de quatre autres prisonniers de la guérilla, ce qui devrait ouvrir la voie à la reprise des pourparlers de paix suspendus à l’initiative de Bogota.

«Les parties se sont accordées sur les conditions nécessaires à la libération» du général Ruben Alzate, d’une conseillère de l’armée et trois autres soldats, qui devrait intervenir «dans les plus brefs délais», a révélé mercredi soir à La Havane le diplomate cubain Rodolfo Benitez, accompagné de sa collègue norvégienne Rita Sandberg.

Cuba et la Norvège sont «garants» des pourparlers de paix engagés à Cuba il y a deux ans, le 19 novembre 2012, pour tenter de mettre fin à un conflit de plus de 50 ans entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

L’enlèvement dimanche du général Alzate, le plus haut gradé jamais capturé par les Farc, de ses deux accompagnateurs et de deux autres soldats la semaine dernière ont conduit le président colombien Juan Manuel Santos à ordonner la suspension des pourparlers. Le lendemain, il avait exigé la libération des personnes enlevées comme préalable à la reprise des négociations.

Après l’annonce des diplomates mercredi, le gouvernement colombien a appelé de ses voeux un dénouement rapide et assuré «qu’une fois que tous (les prisonniers) seront libérés, la délégation du gouvernement reviendra à La Havane».

Dans la matinée, les Farc ont imputé au gouvernement la responsabilité de la crise actuelle, insistant sur l’urgence d’instaurer un cessez-le-feu, une option exclue par le président Santos avant la signature d’un accord définitif.

«Il n’est pas admissible que quelqu’un qui déclare une guerre sans merci réclame qu’on ne touche pas à ses soldats et généraux», a protesté devant la presse Ivan Marquez, numéro deux de la guérilla, dont il dirige la délégation à La Havane.

La veille toutefois, la rébellion s’était déclarée prête à trouver une «solution rapide et raisonnable» à cette crise.

En déplacement mercredi dans le sud du pays, le président Santos a tenu à rassurer les Colombiens: «Qu’importe les obstacles et les ennemis, nous arriverons à la paix».

- 'Qu’on suspende la guerre, pas la paix!' -

Sur le terrain, 1.500 soldats, 10 hélicoptères et avions, ainsi que des bateaux et des véhicules ont été déployés dans le Choco pour passer au peigne fin cette province déshéritée de la côte Pacifique où le général a été capturé dimanche en civil et sans véritable escorte alors qu’il inspectait un programme énergétique.

Le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzon, a annulé une réunion avec le secrétaire général de l’ONU à New York pour coordonner en personne les opérations depuis Quibdo, la capitale régionale, située à 630 km au nord-ouest de Bogota.

«Que ce soit par la voie militaire» ou «à travers les efforts humanitaires», «ce qui compte c’est que ces personnes retrouvent saines et sauves leur famille», a lancé M. Pinzon, qui a tenu un conseil de sécurité dans cette zone difficile d’accès entre rivières et forêt.

Parallèlement, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a été sollicité pour faciliter la libération du général Ruben Alzate, un officier expérimenté de 55 ans qui dirigeait une unité spéciale destinée à combattre la guérilla, le narcotrafic et l’exploitation minière illégale.

A Bogota, environ 200 personnes se sont rassemblées en soutien au dialogue de paix et en faveur d’un cessez-le-feu bilatéral, avec pour slogan : «Qu’on suspende la guerre, pas le processus de paix».

Les pourparlers de Cuba avec la plus ancienne guérilla d’Amérique latine - qui compte encore officiellement près de 8.000 combattants essentiellement repliés dans les régions rurales du pays - ont déjà abouti à des accords partiels sur une réforme rurale, la participation des ex-rebelles à la politique et la lutte antidrogue.

La Colombie et les Farc d’accord sur les conditions de libération d’un généralSi le processus de paix reprend, les négociateurs devront encore aborder les questions des victimes, du désarmement et d’un éventuel référendum pour mettre un terme à ce conflit qui a fait 220.000 morts et 5,3 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.

Outre les pays «garants» - Cuba et Norvège, qui a accueilli des discussions préliminaires en 2012 à Oslo - les discussions de paix sont également parrainées par le Venezuela et le Chili en tant qu'«accompagnateurs».

AFP

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