Cuba: LE TEMPS EST VENU D'INONDER Cuba DE TOURISTES ET D'INVESTISSEMENTS
Par Nicholas D. Kristof | The New York Times
traduction Françoise Lopez
New York - Y a-t-il un autre point de la politique extérieure des Etats-Unis qui ait échoué de façon aussi abjecte que notre embargo envers Cuba?
Quand j'entends les faucons qui critiquent le président Obama pour avoir décidé de rétablir des relations diplomatiques avec Cuba et de flexibiliser l'embargo, je ne comprends pas leur logique. Leur argument est-il que notre politique n'a pas fonctionné pendant ses 50 premières années mais va commencer à fonctionner pour ses 100 ans?
Il est probable que nous ayons contribué à la permanence du régime castriste en nous transformant en bouc émissaire de leurs échecs politiques et économiques. Si on regarde le monde, les régimes de longue date et de ligne dure qui ont survécu - Cuba et la Corée du Nord - sont ceux qui ont été sanctionnés et isolés. Qu'est-ce qui nous fait penser qu'isoler un régime, c'est le punir et non le protéger?
Peu d'initiatives ont échoué aussi lamentablement que l'invasion avec le soutien nord-américain de la Baie des Cochons, à cuba, en 1961. Et là où a échoué une invasion armée, je parie qu'une invasion de touristes, de commerçants et d'investisseurs, aurait mieux fonctionné.
Les touristes nord-américains qui vont déjà à La Havane se plaignent en gémissant du rare accès à Internet et de la rugosité du papier hygiénique. Il faut qu'il y en ait des hordes, riant des autos délabrées attachées avec fils de fer et comparant leur salaire avec celui des Cubains. Parfois, le pouvoir des armes est au-dessous du pouvoir de la moquerie.
Au début des années 80, je finançai mon voyage en Union Soviétique en apportant des jeans et des walkmans pour les vendre au marché noir. Mes clients russes regardaient ma marchandise avec respect et moi, avec envie. L'avidité pour les articles de consommation à la mode fut peut-être un facteur aussi important pour la chute de l'Union Soviétique que le désir du droit de vote.
Notre embargo économique envers Cuba a affecté les cubains ordinaires, faisant baisser leur qualité de vie, sans dégâts pour les élites cubaines. L'embargo a maintenu vive la flamme du gauchisme an Amérique Latine et est devenu le slogan mobilisateur des anti-impérialistes.
Au cours des années, es Etats-Unis ont envisagé de bizarres complots pour assassiner Fidel Castro. Tous avec les dollars de nos impôts.
Le sénateur Robert Menendez, un démocrate Cubano-étasunien, objecte que "les actions d'Obama ont cautionné le comportement brutal du gouvernement cubain". Dasn le même sens, son pair Marco Rubio, un républicain cubano-étasunien, a critiqué le rapprochement "pour être basé sur une illusion, sur un mensonge: le mensonge et l'illusion d'une augmentation des échanges commerciaux et de l'accès à des biens et à l'argent se traduiraient par une plus grande liberté politique pour le peuple cubain."
Les voix critiques ont absolument raison quand elles disent que le régime cubain est aussi oppressif qu'économiquement incompétent. Mais souhaiter que les gouvernements qui ne nous plaisent pas disparaissent, jamais personne ne l'obtient ni ne l'a obtenu.
Je suis informé de ces choses,bien que j'ai vécu en Chine pendant longtemps dans les années 80, quand ce pays commençait à s'ouvrir à l'Occident. Les grandes vagues de visiteurs étrangers étaient profondément perturbatrices pour les Chinois qui croyaient dan le système.
En 1983, un ami britannique rentra à son hôtel et ne trouva pas ses lentilles de contact. Il demanda au personnel et une femme de chambre lui expliqua fièrement qu'elle avait lavé consciencieusement la trousse dans le lavabo. une émeute se produisit: en quelques minutes, le personnel de l'hôtel apprit avec un sacré étonnement que les Occidentaux avaient accès à des lentilles minuscules et invisibles qui pouvaient se mettre et s'enlever du globe oculaire. Et ils assimilèrent cette nouvelle information avec surprise et envie.
Rubio a raison de dire que la rencontre avec de nouvelles technologies et de novelles richesses n'est pas immédiatement mortelle pour l'autoritarisme. Après tout, le Parti Communiste de chine continue à être au pouvoir.
Mais si ces rencontres ne sont pas mortelles, au moins, elles sont corrosives. La Chine est devenue moins monolithique à cause de ses interactions avec le monde. Il n'y a pas de pluralisme politique en Chine mais il y a un pluralisme économique et culturel. Les jours du maoïsme s'en sont allés pour toujours.
De la même façon, la fréquence avec laquelle les déserteurs nord-coréens me disent qu'une simple visite en Chine ou en Russie les a fait changer d'idée et voir comment on les traitait avec condescendance.
Pendant la famine qui s'est abattue sur la Corée du Nord dans les années 90, le gouvernement a essayé de consoler le peuple famélique avec des programmes de télévision sur les dangers de manger trop, avec même un documentaire sur un homme qui mangea trop de riz et explosa. A ce moment-là, les Nord-coréens regardaient le peu de visiteurs étrangers, en particulier ceux qui étaient en sur-poids, avec beaucoup d'émotions dans les yeux: envie, stupéfaction et même un peu d'inquiétude devant une possible explosion.
Du coup, bravo pour la nouvelle politique envers Cuba. Envoyer des hommes armés à la Baie des Cochons a échoué. Cette fois, ce sera mieux avec des hordes de diplomates, de touristes et d'investisseurs. Dans la mesure du possible, mes gros.
traduction en espagnol de Jaime Arrambide
Source en espagnol:
Resumen Latinoamericano y del Tercer Mundo 20 décembre 2014
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