Cuba: ECLAIRCISSEMENTS SUR LES RUMEURS SUR LA DECOUVERTE A CUBA D'UNE SOUCHE DU VIH PLUS RESISTANTE

Publié le par cubasifranceprovence

Cubasi

traduction Françoise Lopez

Le docteur Vivian Kourí apporte des éclaircissements sur les remises en question éthiques publiées par la presse étrangère sur la découverte d'une forme recombinante du VIH qui provoque une progression rapide du SIDA.

La nouvelle de la découverte à Cuba d'une forme recombinante du VIH qui provoque une progression rapide du SIDA grâce à un projet international conjoint entre l'Université de Liège et l'Université Catholique de Leuven, toutes deux situées en Belgique, et l'Institut de Médecine Tropicale “Pedro Kourí”(IPK), a été reprisepar plusieurs médias internationaux ces jours-ci.

La mauvaise interprétation de la part du journal El Nuevo Herald a amené des remises en question éthiques sur le traitement donné par les médecins cubains aux patients infectées qui faisaient partie de cette étude.

Le Dr.Sc Vivian Kourí, professeur et chercheuse titulaire, spécialiste de second degré en microbiologie qui travaille au laboratoire des Infections à Transmission Sexuelle (ITS) du département de virologie de l'IPK, a rencontré Cubasi pour apporter des éclaircissements sur cette information erronée.

"La manipulation erronée ne s'est pas trouvée dans la plupart des médias mais dans certains médias très particuliers qui cherchent à discréditer le système de santé cubain et à profiter de tout, bien que ce qu'ils disent n'ait aucun sens. Les Belges qui ont mené les recherches avec nous ont été en contact avec eux et ont réfuté certains critères erronés en leur demandant de relire les recherches pour qu'elles en soient pas déformées.

"Ils ont écrit que nous attendons 3 ans pour traiter les patients,manquant à l'éthique et ce n'est pas le cas, c'est totalement faux".

Kourí explique que les recherches n'ont pas interféré sur le cours de la maladie, son évolution ou le traitement des patients. Dire qu'auparavant, on connaissait le progrès rapide du SIDA et qu'on ne le soignait pas est une interprétation malveillante. Le suivi des personnes infectées a été conforme au protocole.

La thérapie anti-rétrovirale (ARV) jusqu'en 2010 a été appliquée à des patients qui présentaient un nombre de cellules CD4 inférieur à 200. Cependant, on recommandait d'appliquer le traitement à des personnes infectées ayant moins de 350 cellules CD4 pour que le patient soit en meilleur état et que sa réponse à la thérapie soit meilleure.

"Dans le cas de cette recherche, il y avait des malades avec un nombre de cellules déjà voisin de 200 auxquels on a immédiatement appliqué le traitement. Aucun des patients n'avait reçu de thérapie anti-rétrovirale (ARV) au moment où l'échantillon a été choisi. Bien sûr, si on leur a diagnostiqué le SIDA, ils ont été traités", déclare la professeur.

La recherche sur la variante agressive du VIH.

La recherche, publiée il y a quelques semaines dans la revue EBioMedecine, a commencé à partir de l'observation de certains patients qui sont passés du stade du VIH à celui du SIDA de façon accélérée.

Sans traitement, l'infection par le virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) prend entre 5 et 10 ans pour que le patient atteigne le stade du Syndrome de l'Immunodéficience Acquise (SIDA) bien que dans le cas le plus courant, cela prenne entre 8 et 10 ans. Dans cette étude, on a rapporté des cas de patients qui ont développé le SIDA en moins de 3 ans.

"On a analysé un corpus de 95 personnes infectées divisés en 3 groupes de contrôle: le 1°, composé de 52 individus considérés comme progressant rapidement vers le SIDA en moins de 3 ans, un autre de 21 personnes avec une période d'infection égale avec le VIH mais sans indicateurs cliniques, virologiques, ni immunologiques de progression vers le SIDA et le dernier de 22 patients diagnostiqués depuis 7 à 9 ans avec le VIH et qui ont développé le SIDA au moment du diagnostic", détaille Kouri.

L'étude a conclu qu'une variante agressive du VIH dénommée CRF19 provoque unr progression rapide vers le SIDA.

Cette variante, d'origine africaine mais relativement fréquente à Cuba, représente actuellement entre 17 et 20% des sous-types de VIH dans le pays. La variante la plus fréquente est le sous-type B (32-34%), suivi du BG (22-24%) et ensuite du CRF19. " Il y a eu une légère augmentation de cette dernière souche ces dernières années mais on ne peut pas dire que ce soit représentatif. De plus, il faut considérer que les statistiques partent d'un échantillon et non de la totalité des patients cubains", déclare la doctoresse.

Elle ajoute que pour que le VIH puisse pénétrer dans les cellules humaines, il doit d'abord s'enraciner ou adhérer à celles-ci. Il le fait par l'intermédiaire de récepteurs cellulaires CD4 et de co-récepteurs (CCR5 et CXCR4) qui sont des protéines présentes dans la membrane cellulaire.

Pendant les premières étapes de l'infection, le virus emploie comme co-récepteur la protéine CCR5. Après quelques années d'infection, le virus change de caractéristiques et alors utilise comme co-récepteur le CXCR4. Ce changement dans l'utilisation du co-récepteur coïncide avec la rapide progression vers le SIDA.

Sur ce sujet, il existe une recherche plus ancienne: Facteurs associés à la progression rapide vers le SIDA chez les Cubains.

La particularité de cette variante plus agressive est qu'elle réalise cette transition de façon plus rapide. Le virus emploie le co-récepteur CXCR4 tôt dans l'infection, écourtant la phase asymptomatique et conduisant à une rapide progression vers le SIDA.

En ce qui concerne la réponse des personnes infectées au médicament, la doctoresse explique que les niveaux de résistance aux médicaments ARV ne sont pas associés à la souche du CRF19 ni aux progresseurs rapides. Le traitement, pour ces patients doit être le même.

Cuba est l'un des pays qui ont le plus faible indice d'infection de la région. Celui-ci est resté stable ces dernières années, sans pics de contagion. En comparaison d'autres pays, à Cuba, la prévalence est basse: seulement 0,1% de la population totale.

source en espagnol:

http://m.cubasi.cu/cubasi-noticias-cuba-mundo-ultima-hora/item/36694-desmiente-doctora-cubana-manipulacion-de-prensa-extranjera

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