Cuba: qu'allons-nous faire de Guantanamo?

par Iroel Sánchez (La pupila insomne)

traduction Françoise Lopez

Il y a des "nouvelles" qui jouent un rôle trop évident comme pour qu'on ne se rendre pas compte de leur objectif. Le processus de négociations entre Cuba et les Etats-Unis pour normaliser leurs relations est chaque fois la cible de ce type "d'informations".

Pour tenter d'aller contre la Loi de la gravité ont surgi, pour ensuite disparaître des titres, les "fugitifs états-uniens à Cuba" quand on a commencé à parler de la sortie de l'Ile de la liste des états qui patronnent le terrorisme qu'établissent unilatéralement le Département d'Etat ou "l'intensification de la répression des dissidents" qui touchent des dollars pour chercher à se faire réprimer, à la veille du voyage du Secrétaire d'Etat John Kerry à Cuba.

Ainsi, quand la réouverture des ambassades dans les capitales respectives semble ouvrir la voie à l'entrée dans les sujets de fond de la relation entre les Etats-Unis et Cuba, nous pouvons lire: "Les Etats-Unis ne veulent pas rendre Guantanamo à Cuba de crainte qu'elle le cède à la Russie".

Génial: Juste quand les tensions entre Washington et Moscou augmentent à cause du conflit en Ukraine, La Havane remettrait à l'ennemi public numéro un de son proche voisin, avec lequel elle cherche à normaliser ses relations, le territoire que réclament pour eux-mêmes les Cubains depuis plus d'un siècle.

C'est autre chose que cette histoire indique. Les casernes de l'armée que les Etats-Unis ont soutenue à Cuba jusqu'en 1959 ont été transformées par la Révolution en groupes scolaires, l'Académie Navale de la Marine de Guerre est aujourd'hui une école de médecine qui a diplômé plus de 85 000 professionnels de la santé de 25 pays et même des Etats-Unis et le Centre d'Exploration et d'Ecoute Radio-électriques connu comme “Base Lourdes”, où d'abord l'URSS et ensuite la Russie contrôlaient les accords de réduction de l'armement nucléaire avec les Etats-Unis fut transformé en Université des Sciences Informatiques.

Que se passera-t-il alors avec le territoire qu'occupent les Etats-Unis à Guantanamo quand un jour, parce que ce jour viendra, il passera sous la juridiction cubaine? A cause de sa position géographique privilégiée vers le Sud et l'Est de la Mer des Caraïbes, accueillera-t-il une Zone Économique Spéciale comme celle qui se développe déjà à Mariel, une zone dont pourraient bénéficier des entreprises états-uniennes? Ou un projet touristique certainement attractif et très rentable pour que des gens du monde entier puissent connaître le lieu très fameux et interdit que Washington a transformé en Base Militaire et en Camp de Concentration? Une université caribéenne où des enseignants de Cuba et des îles voisines, y compris Porto Rico, partagent leurs savoirs et forment de jeunes intelligences pour la région? Les 3 choses à la fois ou une autre, différente? Connaissant Cuba, il est possible de tout espérer sauf un usage militaire.

Ni non plus ce qui est arrivé avec l'Ecole des Amériques dans la Zone du Canal de Panama où ont été effacées toutes les traces de l'endroit où les Etats-Unis ont formé des tortionnaires, des assassins et des dictateurs comme Augusto Pinochet, Roberto D’Aubuisson et Efrain Rios Montt qui remplirent de violence et de morts leurs pays et aujourd'hui est un hôtel 5 étoiles, le “Meliá Panamá Canal”. Rien ne rappelle sur ce site paradisiaque les millions de victimes de si éminents disciples et ni non plus les professeurs qui leur ont appris à défendre la démocratie comme Washington la comprend: liberté d'action pour ses diplomates et ses entreprises et expression politique seulement pour ceux qui peuvent se payer un hôtel comme le “Meliá Panamá Canal”.

Quelque soit le destin de la Baie de Guantanamo et bien que pour certains déjà la Tribune Anti-impérialiste “José Marti” s'appelle à présent “Linea et Malecon”, ce qui ne devrait pas manquer à cet endroit est un musée. Là, on pourra honorer les citoyens cubains assassinés et torturés par des militaires états-uniens stationnés sur la Base, apprendre comment ceux-ci ont inondé de prostituées avant 1959 les localités voisines, voir les tristement célèbres uniformes oranges avec lesquels le Pentagone a vêtu les prisonniers de leur "guerre contre le terrorisme" et les instruments avec lesquels ils leur infligeaient des tortures comme "le sous-marin" ou les alimentaient de force. Et pour que tout ne soit pas aussi dramatique, certainement il y aura un endroit pour l'humour. Là, on rappellera les médias et les personnes qui ces jours-ci ont eu le toupet d'affirmer que Cuba céderait ce territoire à la Russie. (Publié sur http://www.cubahora.cu/politica/y-que-haremos-con-guantanamo)

Source en espagnol:

https://lapupilainsomne.wordpress.com/2015/08/05/y-que-haremos-con-guantanamo/#more-50627

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