Cuba: Les choses par leur nom et le taureau par les cornes

Publié le par cubasifranceprovence

Par Víctor Angel Fernández (La pupila insomne, 13 janvier 2016)

traduction Françoise Lopez

Récemment, j'ai vu les interviews du Journal Télévisé dont le parcours par plusieurs lieux de vente de produits agricoles, reflétait la rare présence ou l'absence de ceux-ci. Les opinions recueillies allaient d'une "ingénue" ignorance des raisons à une dénonciation ouverte du fait que tout était dû au mécontentement des fournisseurs à cause des déclarations, lors de la Période de Sessions du Parlement, dans lesquelles on appelait à prendre des mesures contre l'augmentation excessive des prix des produits alimentaires. Il y en eut même qui incriminèrent les pluies, en cette année 2015 déclarée extrêmement basse en précipitations.

En tant que citoyen ordinaire, j'ai parcouru certains marchés agricoles à la recherche de viande ou de légumes qui me permettent de faire un repas et j'ai trouvé des situations similaires et déjà commencent à circuler les anecdotes où dans tel ou tel établissement, les vendeurs seraient très mécontents de devoir vendre à des prix contrôlés et même les produits offerts ont duré peu de temps car certains en sont venus à les acheter par caisses.

Un refrain, encore peu utilisé, dit : Les choses claires et le chocolat épais. Mais aussi, par le chemin des souvenirs, je me revois à l'intervention de Fidel dans le Grand amphi de l'Université de La Havane en novembre 2005, où il nous alertait sur la possibilité que nous-mêmes, de l'intérieur, pourrions être les causes des dommages à notre projet social.

Toutes les personnes impliquées dans cette sorte de situation, que ce soit les producteurs, fournisseurs, intermédiaires, transporteurs et enfin vendeurs ont des fils, des femmes et une famille en général qui reçoit une éducation gratuite, la santé gratuite, la sécurité sociale et la tranquillité citoyenne qui se maintient, il faut le reconnaître, avec leurs apports mais aussi avec l'apport de millions d'autres citoyens qui produisent ou offrent des services pour qu'ils en bénéficient. C'est un projet socialiste malgré les imperfections qu'il peut avoir.

Un mot qui revient souvent en ce moment est que ces gens sont aux abois. NON. Comme le dit le titre, il faut appeler les choses par leur nom et prendre le taureau par les cornes. Ca, ça s'appelle contre-révolution pure et simple. Les mots ne peuvent nous blesser si durs qu'ils soient.

Peut-être qu'ils ne se rendent pas compte de ce qui se asse dans le monde en général et en Amérique Latine en particulier? Un président récemment élu dont les premières mesures sont de mettre à la rue des milliers de travailleurs ou une Assemblée Nationale dont le président récemment élu demande de retirer de l'enceinte du Parlement rien de moins que le portrait du Libérateur.

Mais revenons quelques mois en arrière. Dans ces endroits a commencé une guerre économique. Pénurie totale et accaparement. Aucun de ces ingrédients n'est neuf. Ils les ont utilisés avec Allende en 1973. Ils ont essayé de les utiliser avec la Révolution cubaine naissante. Et nous ne l'oublions pas, pour imposer nos conditions, des milliers de gens sont morts et tout au long de presque 60 ans, on a fait beaucoup de sacrifices pour obtenir ce que nous avons obtenu malgré ce qui manque et ce qui doit être réglé.

Nous ne pouvons pas permettre qu'un groupe de margoulins, apprentis de capitalistes qui se sont mis dans les poches des quantités effrayantes d'argent, qui ont profité des avantages du projet social cubain viennent nous asticoter pour ne pas produire, ne pas transporter ou ne pas vendre jusqu'à ce qu'on accepte leurs conditions.

Les autorités à tous les niveaux, choisies et soutenues par le peuple, doivent leur envoyer un message clair comme on l'a fait pendant toutes ces années: Ici, sur le caïman vert avec ses îles et ses îlots adjacents, c'est le peuple cubain qui commande.

Les lois contre l'accaparement, le commerce illégal, le mauvais usage de la terre, comme la saisie, n'ont jamais été abrogées. Il faut les appliquer.

Un dernier éclaircissement. Ils ne voulaient pas qu'apparaissent maintenant des personnes plaintives disant que beaucoup de travailleurs honnêtes ne participent pas à ces actions et qu'on ne doit pas généraliser. Pour ceux qui font leur devoir, il n'y a pas de critiques mais la réalité est que malgré ces bonnes personnes, il existe aujourd'hui une pénurie et je m'arrête sur un autre vieux refrain de la sagesse populaire: Aux grands maux, les grands remèdes. Bien avant qu'on ne parle de socialisme, la Christ a chassé les marchands du temple.

source en espagnol:

https://lapupilainsomne.wordpress.com/2016/01/13/las-cosas-por-su-nombre-y-al-toro-por-los-cuernos-por-victor-angel-fernandez/

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