Argentine : Qui est Alberto Fernández ?

Publié le par Bolivar Infos

 

Alberto Fernández a commencé à militer quand il était élève au Collège Mariano Moreno où il fut délégué de l'Union des Elèves du Secondaire, de tendance péroniste. En 1983, il obtient son diplôme d'avocat à a Faculté de Droit de l'Université Nationale de Buenos Aires (UBA).

 

Quand le ministre de l'Economie du président radical Raúl Alfonsín, Juan Sourrouille, lui a offert la charge de sous-directeur général des Affaires Juridiques, Fernández était déjà représentant du Parti Justicialiste, un parti politique auquel il a adhéré en 1983. A 30 ans, pendant la première présidence de Carlos Menem, il a été super-intendant pour la Sécurité de la Nation. Fernández a affirmé qu'au moment de l'ouverture du marché, il a été très attentif à préserver les entreprises nationales. En 1991, il a été distingué comme l'un des 10 Jeunes Espoirs de l' Argentine et il a été reconnu comme le meilleur patron de l'année dans le secteur des assurances. Il a aussi été fonctionnaire du gouvernement de la province de Buenos Aires sous la direction d'Eduardo Duhalde.

 

En 1996, Eduardo Valdés, actuellement député au PARLASUR, l'a présenté au gouverneur de Santa Cruz de l'époque, Néstor Kirchner . Dès ce jour-là, il a entretenu avec lui des relations politiques et personnelles de grande confiance. « Dès le début, nous avons vu que nous avions tous les 2 beaucoup de points communs. Nous partagions l'idée que, bien que les marchés doivent se développer dans un cadre de liberté raisonnable, l'Etat devait arbitrer quand cette même liberté générait des déséquilibres. »

 

Ça a été, si on veut, le commencement d'un chemin qui s'est achevé avec Kirchner président de l'Argentine et qu'on ne peut analyser sans tenir compte de la relation qu'ils ont tissée entre eux mais aussi des contacts que Fernández lui-même a eu pendant ces années-là et qui ont été indispensables à ce qu'ils se proposaient de faire.

 

En 1998, il a collaboré à la campagne présidentielle d'Eduardo Duhalde. Là est né ce qui a été connu sous le nom de Groupe Calafate qui a été l'un des noyaux politiques embryonnaires du kirchnérisme en tant que force nationale. Cherchant une répercussion médiatique, dans le cadre de la campagne, Fernández propose d'organiser un débat de 2 jours face aux journalistes. Il voulait montrer que derrière la candidature qu'ils soutenaient, il y avait un groupe de dirigeants qui accordaient à la politique une place différente qu'ils pensaient que la société demandait. 

 

Cristina, qui, à ce moment-là, était députée nationale, offrit d'organiser la rencontre à Calafate, ce qui donna son nom au groupe.

 

Le rapprochement de Duhalde avec des dirigeants partisans de Menem a amené une prise de distance de Kirchner qui était alors le seul gouverneur péroniste qui soutenait cette candidature ouvertement. Il a montré à Alberto la nécessité de construire un espace qui leur soit propre pour ne pas trahir les attentes de ceux qui croyaient en un autre péronisme.

 

En 2000 Fernández fut élu député dans la capitale fédérale sur la liste de « Rencontre pour la Ville. » Kirchner n'était pas d'accord pour que Fernández intègre ce parti mais après les élections, il l'a appelé et lui a dit : « Je pense que l'heure de l'aventure est terminée. J'ai besoin que vous m'accompagniez parce qu'en 2003, je veux être président. C'est à vous que j'ai parlé en premier parce que j'ai besoin de ton aide à Buenos Aires. Si tu es convaincu, nous pourrons travailler aujourd'hui. » Fernández a accepté.

 

L'idée de la transversalité, Alberto Fernández l'a exprimée publiquement en 2001. Dans un article publié par Clarín cette année-là, il écrivait sur la relativité des limites partisanes et la nécessité de refonder une nouvelle façon de faire de la politique où on puisse trouver des militants et dirigeants d'origines diverses. Il pensait que dans les grands partis, des éléments nettement antagoniques apparaissaient : des espaces plus progressistes et d'autres définitivement conservateurs, cachés sous le manteau du radicalisme ou du péronisme. Il prévenait de la nécessité de construire de nouveaux espaces fondés sur des idéologies et des valeurs communes plutôt que sur la recherche partisane du pouvoir.

 

En pleine crise de 2001 Néstor et Alberto ont commencé à travailler à la formation d'un espace politique qui leur soit propre pour lancer la candidature de Kirchner. Cristina reprocha à Alberto de mettre en danger le poste de gouverneur de Santa Cruz. « j'ai essayé de la convaincre que si nous faisions bien les alliances électorales, à cause des caractéristiques de al situation sociale et politique qu'on vivait, la victoire ne serait pas un rêve inaccessible. Je parlais et Cristina me regardait avec incrédulité. Elle en est arrivé à me confier qu'elle allait discuter avec un analyste de mon volontarisme excessif. Des années plus tard, nous avons ri ensemble en nous rappelant ces moments, » raconte Fernández dans son livre.

 

Quand les convocations aux élections ont été faites, les relations entre Kirchner et Duhalde étaient rompues et le soutien du président de l'époque était indispensable. C'est Alberto qui a réussi à les réunir et finalement, après des allées et retours, il a accordé son soutien. Quand la campagne de Kirchner a débuté, il était connu par 23% de la population et il avait 2,3% d'intentions de vote. Fernández était son directeur de campagne.

 

Les élections ont eu lieu le 27 avril et Kirchner était second, derrière Carlos Menem, avec un écart de 2 points. Quand l'ex-président décida de se retirer du second tour, Kirchner fut élu président avec 22,25% des voix et la tâche qui l'attendait était de construire un pouvoir avec un gouvernement qu'il devait assumer avec un faible pourcentage de voix. Pour élargir sa base de soutien politique, il a cherché des dirigeants loin du péronisme pour montrer la vocation d'élargissement et engager tous les secteurs dans le travail de transformation. La construction du pouvoir s’appuyait sur le lien direct entre e Gouvernement et la société et une grande partie de al conception de cette tâche était entre ses mains.

 

Fernández s'est rendu à Santa Cruz pour former avec Kirchner l'équipe de gouvernement et Néstor lui proposa alors d'être son chef de cabinet.

 

Quand Néstor devint président, le pays était en défaut de paiement, le taux de chômage était de 25%, celui de la pauvreté dépassait les 50%, les réserves étaient d'à peine 8 000 000 000 de dollars et la Cour Suprême de Justice de la Nation était près de déclarer que les lois qui garantissaient l'impunité des militaires étaient conformes à al Constitution. La dette extérieure représentait 150% du Produit Intérieur Brut. 2 ans après, le défaut de paiement était résolu, les relations avec le FMI et d'autres organismes d'aide avaient été revues, les réserves multipliées par 3, la pauvreté et le chômage réduits et le processus de mémoire, de vérité et de justice engagé avec les procès pour les génocides.

En 2003, les Argentins qui pensaient ne pas avoir d'avenir quittaient le pays en masse. Alors, nous avons écrit sur une pancarte à Ezeiza: « Ne pars pas, Néstor arrive. »

 

Et il leur demande la même chose aujourd'hui : ne partez pas et résistez, nous, nous arrivons. Nous allons construire, tous ensemble, l'Argentine dont nous rêvons. »

 

« Toute ma vie, j'ai rêvé d'occuper un lieu d'action qui me permette de travailler pour améliorer la vie des gens. Je sentais que j'était précisément au bon endroit, » a déclaré Fernández lors de son premier jour en tant que chef de cabinet.

 

Le Gouvernement de Néstor et le travail d'Alberto, selon lui, a eu 5 axes :

 

  • On ne devait pas faire obstacle à l'indépendance du Pouvoir Judiciaire.

  • Aucune action ne pouvait favoriser l'impunité de ceux qui avaient violé les Droits de l'Homme pendant la dictature.

  • Aucune action du Gouvernement ne devait provoquer pus d'endettement, ce qui supposait de réduire de façon drastique les niveaux de dette existants et de surmonter la condition de débiteurs mauvais payeurs.

  • Promouvoir l'excédent fiscal et commercial, ce qui supposait de stimuler le travail et la production dans le sens des exportations en utilisant une monnaie compétitive.

  • Le Gouvernement devait éviter les actions qui auraient perpétue la soumission internationale dont l'Argentine souffrait alors. C'est dans ce point que s'inscrivait l'intégration dans la région, la relation avec le FMI et les autres organismes de crédit.

 

Tous ces principes sont ceux que Fernández met encore en avant aujourd'hui dans ses discours.

 

Quand Cristina a été élue Presidente, Fernández lui a présenté sa démission. Il était convaincu que ceux qui avaient fait partie du Gouvernement précédent étaient victimes d'une certaine usure et qu'un renouvellement était nécessaire. Mais Néstor et Cristina pensaient que l'expérience accumulée pendant ces années était importante. Finalement, il a accepté de rester et ils lui ont demandé de travailler à donner une nouvelle empreinte au nouveau Gouvernement. 

 

Fernández avait toujours des différences d'opinions avec Cristina et aussi avec Néstor et cela a même produit une prise de distance non seulement politique mais aussi personnelle. Bien qu'il soit d'accord avec la nécessité de la mesure de déductions mobiles que la crise avait déclenchées et qu'il ait négocié avec les différents secteurs pour arriver à des accords, après la défaite de cette initiative au Sénat, Fernández pensait qu'il fallait faire des autocritiques et des révisions de la façon dont le Gouvernement stimulait diverses initiatives. Le 23 juillet 2008, après avoir été chef de cabinet pendant 1883 jours, il a donné sa démission sans quitter la scène politique. Le jour où Sergio Massa l'a remplacé a été la dernière fois qu'il a vu Cristina. 

 

Depuis lors, il a eu une position critique envers le Gouvernement. En 2012, il a créé le Parti du Travail et de l'Equité (PARTE), en 2013, il a intégré e Front de Rénovation de Sergio Massa, un opposant au Gouvernement de Cristina et il a participé à sa campagne présidentielle. En 2015 et en 2017, il a été le directeur de campagne de Florencio Randazzo qui se présentait au Sénat pour la province de Buenos Aires, une charge à laquelle Cristina Fernández de Kirchner a été élue pour la parti Unité Citoyenne.

Les retrouvailles avec l'ex-présidente se sont déroulées en décembre 2017. Après presque 10 ans, lors de cette réunion, raconte Fernández, ils ont retrouvé leur ancienne amitié. Nous avons dit tout ce qui nous posait problème, ce qui nous a permis de travailler avec beaucoup de confiance l'un envers l'autre, » a raconté Fernández lors d'une interview qu'il a accordée au journal Página/12. Depuis et face à la catastrophe sociale et économique que les politiques de Mauricio Macri ont provoquées, il a commencé à travailler pour l'unité du péronisme. « Avec Cristina seule, on n'avance pas et sans elle, ce n'est pas possible, » a-t-il déclaré en février 2018.

 

Et en tant que candidat à la présidence pour le Front de Tous, Fernández défend dans différents domaines de nombreuses idées défendues par Néstor en tant que Président et par lui-même en tant que chef de cabinet de mai 2003 à juillet 2008.

 

Les élections auront lieu le 27 octobre, anniversaire de la mort de Néstor Kirchner. 

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/news/Alberto-Fernandez-lidera-intencion-voto-20191012-0017.html

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