CRISE DES MISSILES 12: NOUS NE RENDRONS JAMAIS DE COMPTES SUR NOTRE SOUVERAINETE

Publié le par cubasifranceprovence

Ruben G. Jimenez Gomez

 

Le 29 septembre 1962, fut publiée une déclaration avec la réponse donnée par le Conseil des Ministres du Gouvernement Révolutionnaire à la Résolution Conjointe du Congrès étasunien . Dans celle-ci, on mettait en avant que Cuba n'utiliserait jamais ses moyens légitimes de défense à des fins agressives qui puissent mettre en danger la sécurité des Etats-Unis et on signalait, de plus, les choses suivantes :

 

Qui pratique la subversion et qui en est victime ? Les Etats-Unis, qui organisèrent l'invasion d'avril 1961 ? Le Guatemala où s'entraînèrent les mercenaires ? Le Nicaragua, d'où ils partirent ? Ou Cuba, où ils débarquèrent ?

 

La menace de lancer une attaque armée directe si Cuba se fortifie militairement jusqu'à un niveau que les Etats-Unis prennent la liberté de déterminer est également absurde.

 

Nous n'avons pas la moindre intention de rendre des comptes ou de consulter qui que ce soit au sujet des armes que nous considérons adéquat d'acheter ou sur les moyens à utiliser pour défendre le pays, comme nous n'avons ni pris conseil ni sollicité d'autorisation au sujet du type d'armes et des moyens que nous avons mis en œuvre quand nous avons anéanti les envahisseurs de Playa Giron.

 

Les droits que les normes, les lois et les principes internationaux reconnaissent à tout Etat souverain dans n'importe quelle partie du monde n'étaient-ils pas de notre côté ?

 

Nous, nous n'avons pas donné et ne pensons donner aucune prérogative souveraine au Congrès des Etats-Unis.

 

Si le Gouvernement des Etats-Unis ne nourrissait pas d'intentions agressives contre notre Patrie, la qualité, la quantité et le type de nos armes ne l'intéresserait pas.

 

Fin septembre, le régiment d'aviation de chasse avait les 40 avions MIG-21 F13 montés et vérifiés en vol , en plus des 6 MIG-15 UTI. On avait aussi préparé comme il se doit et mis à jour les 57 pilotes qui composaient le personnel de vol, alors le régiment commença à accomplir le plan de préparation au combat et à monter la garde.

 

Dans la nuit du 30 septembre 1962, la 69° Brigade de Sous-marins de la Flotte du Nord se préparait pour une longue traversée. Chacun des 4 bateaux diesel qui la composaient était armé avec 22 torpilles, dont une avec une charge nucléaire. Aux commandants des 4 navires furent remises des enveloppes scellées avec les instructions et le lieu de destination , qui devraient être ouvertes en mer. Cela eut lieu dans le port de Gadzhievo, baie de Sayda, dans le Golfe de Kola, région de Mourmansk.

 

Les sous-marins partirent à l'aube du 1° octobre , à intervalles de 30 mn, ils se séparèrent de la base flottante et commencèrent la traversée jusqu'à leurs lieux de destination respectifs. Ils s'éloignèrent dans une obscurité complète, tous feux éteints et en observant un rigoureux silence radio. Ils se déplaçaient silencieusement à l'aide de leurs moteurs électriques. Les moteurs diesel furent mis en marche seulement après qu'ils soient sortis de la baie. Les enveloppes qui contenaient l'itinéraire de déploiement de la brigade furent ouvertes à la sortie du Golfe de Kola. Alors, seuls les capitaines des bateaux surent que l'objectif final de la traversée était le port de Mariel, non loin de La Havane, sur la bien connue Ile de la Liberté... où ils ne devaient jamais arriver bien qu'à ce moment-là, ils aient ignoré la suite de l'histoire.

 

Le graphique de déploiement établi était serré , sans possibilité de réaliser aucun type de manœuvre durant le trajet , avec des points de contrôle et une vitesse moyenne de 9 nœuds, ce qui était élevé pour un sous-marin diesel. Ils restèrent immergés pendant presque toute la traversée bien qu'ils dussent faire surface fréquemment un certain temps pour recharger les batteries . A ce moment-là, ils pouvaient être découverts très facilement , c'est pourquoi ils préféraient réaliser cette opération en naviguant à profondeur de périscope et utiliser le dispositif de tuba .Ils faisaient aussi surface en passant les points de contrôle établis dont il fallait les informer en utilisant les moyens spéciaux pour les communications secrètes. La direction des navires était assurée par l'Etat Major Principal de la Marine de Guerre.

 

La Communauté de Renseignements des Etats-Unis présenta une analyse le 1° octobre 1962, où elle disait qu'il y avait des unités de missiles antiaériens dans les provinces d'Oriente, Las Villas, La Havane et Pinar del Rio. En Oriente et à Las Villas, il y avait des bases aériennes et de unités importantes des forces cubaines. La Havane était la capitale du pays et là, se trouvait la base aérienne la plus importante, en plus d'autres grands objectifs militaires et civils mais dans la province de Pinar del Rio, il n'y avait rien d'important de connu (Note de l'auteur : à l'exception des plantations du meilleur tabac du monde) et précisément là, plusieurs emplacements antiaériens étaient détectés.

Que faisaient-ils là ?

 

L'analyse du renseignement étasunien avait pour point de départ des informations reçues essentiellement à travers les interrogatoires de Cubains arrivés aux Etats-Unis au cours des dernières semaines , dans lesquels on assurait que dans la partie centrale de la province de Pinar del Rio, il y avait une grande zone délimitée qui était contrôlée par du personnel militaire soviétique arrivé récemment . Ces sources indiquaient que les Cubains qui vivaient là avaient été évacués . De plus, les informations sur le personnel soviétique à Cuba indiquaient une plus grande concentration de celui-ci dans le bout occidental de l'Ile , montrant un plus grand intérêt à Pinar del Rio que dans les autres provinces. Il faut aussi prendre en compte le fait que des informations non confirmées disaient que des missiles soviétiques SS-4 ou SS-5 pouvaient se trouver à Cuba depuis le 12 septembre ou un peu avant. Ces missiles sont très semblables extérieurement et la source ne pouvait préciser leur type . La source déclara que le 12 septembre, elle vit personnellement environs 20 de ces missiles à l'extrême occident de La Havane . (Note de l'auteur : depuis le 9, il y avait des missiles SS-4 à Cuba, mais seulement dans le port de Casilda , au sud de la province de Las Villas, à quelques 300km de La Havane et il y en avait seulement 6. Le 12 commença la manœuvre jusqu'à la zone de Sitiecito-Calabazar de Sagua, dans la même province. Probablement, la source vit plusieurs missiles antiaériens recouverts de bâches et les confondit).

 

Bien que cette information n'ait pas été confirmée et qu'il n'y ait pas d'autres rapports sur la présence des missiles signalés par les sources à Cuba, il était significatif que si on traçait un cercle de quelques 200km de rayon (portée supposée des missiles SS-4) ayant pour centre la zone délimitée indiquée, le territoire englobait les villes de Philadelphie, Pittsburg, Saint Louis, Oklahoma, Dallas, San Antonio, Mexico, le Canal de Panama et les champs pétroliers de Maracaïbo, au Venezuela. L'analyse concluait en signalant que la présence de missiles SS-4 opérationnels stationnés là donnait aux Soviétiques un avantage militaire appréciable.

 

Ce jour-là, le secrétaire à la Défense, Robert McNamara et le président de l'Assemblée des Chefs d'Etat Major, le général Maxwell Taylor, discutèrent des plans de contingence pour Cuba. Comme résultat de cette discussion, l'amiral Dennison, chef de la Flotte de l'Atlantique, reçut l'ordre de réaliser les préparatifs pour mettre en place le blocus de l'Ile si nécessaire . On ordonna aussi au Commandement Aérien Tactique de se préparer à l'attaque aérienne contre Cuba selon le plan OPLAN 312 avec alerte maximum pour le 20 octobre.

 

Pendant ce temps, ce 1° octobre, on complétait le régiment d'infanterie motorisée destiné à la région orientale , en un point situé non loin de la ville de Holguin et le système de défense antiaérien du Groupement des Troupes Soviétiques était prêt pour le combat dans sa totalité , bien que l'interdiction d'émettre par les différents moyens soit maintenue et ne puisse être levée que par un ordre supérieur.

 

Le 2 octobre arrivèrent , sur le bateau marchand « Krasnograd », les 6 missiles R-12 restants pour le régiment stationné à Candelaria-San Cristobal, deux d'entre eux étant des missiles de démonstration.

 

Alors que cela se produisait à Cuba, dans une zone proche de Porto Rico commençait l'exercice Blue Waters, d'une durée de 4 jours , dans le but d'essayer les procédures de commandement et de contrôle pour une opération militaire dans laquelle étaient impliquées l'armée, la marine et l'aviation.

 

En même temps, un autre rapport de renseignement sur la récente assistance militaire soviétique à Cuba signalait que : en plus des chars , des canons autopropulsés et d'autres matériels des forces terrestres, on avait détecté 15 emplacements de missiles antiaériens (Note de l'auteur : à ce moment-là, les 40 avions MIG-21 étaient assemblés et volaient) ; 16 bateaux porte-missiles « KOMAR » avec 2 missiles de 30-40 km de portée chacun. On considérait qu'étaient arrivés environ 4 500 spécialistes soviétiques (Note de l'auteur : à ce moment-là, le nombre de Soviétiques à Cuba était d'un peu plus de 30 000).

 

Ce même jour, le 2, le secrétaire à la Défense envoya au président de l'Assemblée des Chefs d'Etat Major (JJEM) un mémorandum dans lequel il détaillait les circonstances les plus probables qui pourraient rendre nécessaire une action militaire contre Cuba . Dans ces idées, on peut apprécier l'arrogance caractéristique des Yankees :

 

a. Une action soviétique contre les droits de l'Occident à Berlin qui requerrait une riposte.

 

b. Des preuves que le régime de Castro ait permis le déploiement de systèmes d'armes offensives du bloc soviétique.

 

c. Une attaque contre la Base de Guantanamo ou contre des avions ou des navires des Etats-Unis.

 

d. Un soulèvement populaire conséquent à Cuba qui demanderait de l'aide pour récupérer l'indépendance.

e. Un soutien armé cubain à la subversion dans d'autres parties de l'Hémisphère Occidental.

 

f. Une décision du président au sujet du fait que les problèmes à Cuba étaient incompatibles avec le maintien de la sécurité nationale des Etats-Unis.

 

Le document mettait aussi en évidence le fait qu'on pouvait dire que l'objectif politique dans l'une ou l'autre de ces circonstances pouvait être :

 

1.Eliminer la menace contre la sécurité des Etats-Unis du côté des armes soviétiques présentes à Cuba.

 

2.Eliminer le régime de Castro et en établir un nouveau qui répondrait aux désirs nationaux cubains.

 

Et on terminait en notant qu'étant donné que le second objectif était le plus difficile à atteindre et pouvait être nécessaire, si on voulait atteindre le premier définitivement, l'attention devait se fixer sur la capacité à avancer principalement sur ce second objectif .

 

Le 3 fut publié le communiqué final de la réunion des ministres des Relations Extérieures des pays latino-américains , qui se tint à Washington. Dans celui-ci, on souligna que l'intervention de l'Union Soviétique à Cuba menaçait les institutions démocratiques du continent et on ajouta qu'il était souhaitable d'intensifier la vigilance individuelle et collective sur l'entrée d'armes dans le régime communiste de Cuba , armes qui pourraient être utilisées à des fins offensives contre l'Hémisphère.

 

LA VEILLE

 

Le 4 octobre 1962, le Congrès des Etats-Unis approuva la Résolution Conjointe sur Cuba, celle qui fut transformée en Loi Publique 87-33 et qui représentait une véritable déclaration de guerre contre l'Ile. Dans celle-ci s'exprimait la détermination des Etats-Unis de :

 

a. Empêcher par tous les moyens nécessaires , y compris l'usage des armes, que le régime de Cuba propage, par la force ou les menaces d'usage de la force, ses activités agressives et subversives dans n'importe quelle partie de cet Hémisphère.

 

b. Empêcher la création à Cuba d'une capacité militaire, soutenue de l'extérieur, qui mette en danger la sécurité des Etats-Unis.

 

c. Travailler avec l'OEA et avec les Cubains épris de liberté pour soutenir les aspirations du peuple de Cuba à l'autodétermination.

 

Le Congrès, de plus, approuva une autre résolution qui recommandait à l'OEA l'adoption d'un accord par lequel elle menaçait Cuba d'une action collective si celle-ci continuait à renforcer ses défenses militaires.

 

Ce même 4 octobre, le président Kennedy signa un ordre exécutif interdisant l'usage de bateaux étasuniens ou étrangers pour le commerce entre l'URSS et Cuba . On fermerait les ports des Etats-Unis aux bateaux de tout pays qui amènerait du matériel militaire à Cuba ainsi qu'aux bateaux qui apporteraient des marchandises de « pays communistes »  à l'Ile , on sanctionnerait les compagnies maritimes qui fourniraient des bateaux pour le commerce avec Cuba de « pays communistes » et on interdirait aux bateaux qui appartenaient à des Nord-américains de faire n'importe quelle sorte de commerce avec Cuba.

 

Ce jour-là, le secrétaire à la Défense envoya un mémorandum au Président en lui communiquant l'opinion qu'on ne s'attendait pas à la perte d'avions en attaquant les emplacements de missiles antiaériens SA-2.(Note de l'auteur : dénomination de l'OTAN pour les complexes SA-75) provoqués par le tir de ces missiles car les avions attaquants voleraient en-dessous de leur altitude minimale efficace, qui se situait autour d'1 km étant donné les limitations inhérentes à leurs radars . Les emplacements seraient attaqués en employant des bombes de 250, 500 et 2 000 livres , le napalm et les canons des avions.

 

Il se produisit aussi à cette date une réunion du Groupe Spécial Elargi de « Mangouste » dans laquelle on apprit que le Président n'était pas satisfait à cause du manque d' actions de sabotage et on souligna qu 'il y avait enlisement. On donna des instructions au général Edward Lansdale , chargé des efforts clandestins pour faire tomber le Gouvernent cubain , y compris pour assassiner Fidel Castro, pour mettre en pratique des initiatives nouvelles et plus dynamiques , pour réaliser des sabotages immédiatement , pour présenter un plan de minage des ports et des recommandations pour les survols comprenant l'utilisation d'avions U-2 en balayages complets (pas de missions à la périphérie ou limitées), combinée avec l'utilisation d'autres types d'avions pour la reconnaissance à basse et moyenne altitude et d'autres opérations de reconnaissance possibles .

 

LA PREPARATION DES CHARGES NUCLEAIRES

 

Ce même 4 octobre 1962, le bateau marchand « Indiguirka » arriva au port de Mariel, transportant 36 têtes nucléaires de combat pour les missiles de moyenne portée R-12, 12 pour les missiles tactiques « Luna » et une partie de celles qui étaient destinées aux missiles aériens tactiques terre-terre FKR , en plus de 6 bombes nucléaires aériennes. Le déchargement des munitions nucléaires fut réalisé sur un quai éloigné de la baie où furent adoptées de rigoureuses mesures de sécurité. On déchargea pendant 3 nuits consécutives , avec les moyens nécessaires pour garantir leur aptitude au combat . Le jour, on déchargeait le matériel spécial et les moyens de transport de l'unité des troupes technico-nucléaires appartenant à la Marine de Guerre , située dans la zone de Mariel. En même temps, sur d'autres quais de la baie se déroulaient d'intenses travaux de déchargement d'autres matériels, tels que des caisses avec des avions, des conteneurs avec des missiles antiaériens, des chars et quelque chose qui contribuait à camoufler la « paisible » activité qui s'effectuait avec les munitions nucléaires.

 

Le transport de celles-ci s'effectuait en petites colonnes de 20-25 chars au plus , qui se déplaçaient seulement de jour dans le but de réduire le risque d'accidents. Les munitions étaient installées sur des camions militaires couverts de bâches , qui abondaient habituellement sur les routes de Cuba à cette époque. A des fins de camouflage, on chargeait aussi sur ces camions des marchandises que l'on plaçait de façon qu'elles soient bien visibles à travers la partie arrière du camion . De plus, on prenait des mesures pour donner à ces caravanes l'aspect de convois militaires ordinaires , en tenant compte que sur toutes les routes du pays pratiquement, se trouvaient des surcharges avec des mouvements similaires.

 

Maintenant oui, on pouvait dire qu'il y avait des missiles de moyenne portée à Cuba ! Jusqu'à ce moment-là, ce qu'il y avait, c'étaient quelques grands échafaudages métalliques qui ne servaient pas à les jeter à la tête de quelqu'un, car le corps du missile se grillait pendant l'entrée dans les couches denses de l'atmosphère . Arrivait à la cible seulement la tête de combat avec la charge nucléaire.

 

De plus, ce jour-là, la première rampe de lancement du régiment aérospatial stratégique stationné dans le centre de l'Ile était prête.

 

Le 6 octobre, pendant une conversation entre le directeur de la CIA, John McCone et le conseiller spécial du Président pour la Sécurité Nationale, McGeorge Bundy, le premier souligna qu'il croyait que les Soviétiques finiraient par établir une capacité offensive à Cuba , y compris des missiles de moyenne portée car il pensait qu'installer un mécanisme de défense si cher à Cuba ne pouvait être le but final des Soviétiques, alors, cela pouvait être : a) établir une base offensive ou b) infiltrer une quantité suffisante de spécialistes militaires soviétiques pour emporter l'Ile de Castro et la transformer en satellite totalement contrôlé par eux. Lui, il pensait qu'il n'y avait que 2 possibilités : une action militaire au moment opportun ou un effort pour séparer Castro des communistes.

 

Bundy, pour sa part, indiquait qu'il pensait que les Soviétiques n'iraient pas aussi loin étant donné les conséquences mondiales que ces actions pouvaient avoir. En général, son point de vue était qu'il fallait agir militairement (ce qui lui paraissait intolérable) ou apprendre à vivre avec Castro et sa Cuba et adapter leurs politiques comme il convenait. Il n'était pas d'accord pour augmenter les sabotages , les survols et autres actions.

 

Pendant que se déroulait cette conversation, dans le port de Bahia Honda , le premier voyage du troisième régiment de missiles de moyenne portée , celui qui était arrivé sur le bateau marchand « Metallug Barden » et stationnait à Santa Cruz de los Pinos-San Cristobal, dans la province de Pinar del Rio, déchargeait son attirail. Le lendemain, arriva au port de Mariel le navire « Orenburg » avec 7 missiles de combat R-12 pour le régiment qui commençait à arriver à Cuba. A ce moment-là, il y avait 28 missiles de ce type dans l'Ile , dont 4 de démonstration.

 

Au milieu du climat de violence qui régnait à ce moment-là, la délégation cubaine à la XVII° Période de Session de l'Assemblée Générale de l'ONU avec à sa tête le Président de la République de Cuba, Osvaldo Dorticos Torrado, dénonça le 8 octobre 1962 la politique agressive des Etats-Unis contre la Révolution. A ce sujet, Dorticos déclara :

 

« Il existe des précédents, et il y a eu des déclarations et des résolutions officielles qui autorisent et légitiment l'agression armée de Cuba (…) Face à cela, que dire ? Nous dirons, messieurs les délégués, que oui, Cuba s'est armée ! A le droit de s'armer et de se défendre ! Et la question qui importe est celle-ci : pourquoi Cuba s'est-elle armée ? (…) Nous, nous nous sommes armés parce que le peuple de Cuba a le droit légitime, que l'histoire lui accorde, de défendre ses décisions souveraines, de conduire son pays par les chemins historiques , qu' en exerçant cette souveraineté, a choisi notre peuple. »

 

De plus, Dorticos clarifia la position de principes de Cuba en déclarant :

 

« Nous, rien ne nous oblige à rendre des comptes au Congrès nord-américain au sujet de ce que nous faisons pour défendre notre intégrité territoriale . Nous, nous nous armons de la façon que nous croyons adéquate pour défendre notre nation, non pour attaquer quelqu'un (…) Quand un petit pays comme le mien, de 6 millions d'habitants, à 90 milles des Etats-Unis, se sent réellement menacé , il ne peut refuser l'aide spontanée qui s'offre, qu'elle vienne de la reine Elisabeth d'Angleterre, de l'Empereur du Japon, du président Kubistchek (du Brésil) ou de qui que ce soit qu'elle vienne , parce qu'au-dessus de toute considération, il y a le droit illimité des peuples à la vie (...) Si les Etats-Unis étaient capables de donner des garanties de paroles et des garanties dans les faits , de ne pas réaliser d'agressions contre notre pays, nous déclarons ici solennellement que nos armes et notre armée seraient de trop. »

Comme pour confirmer les paroles de Dorticos, ce même jour , la seconde rampe de lancement du régiment de missiles de moyenne portée stationné dans le centre de Cuba, était prête et on commençait à mettre en place la garde de combat. De plus, arriva dans l'Ile le dernier bateau transportant du personnel et du matériel technique, ce qui compléta le premier des 3 régiments , un mois après le début de leur arrivée. Pendant que le président cubain intervenait devant l'Assemblée Générale de l'ONU, le Congrès de Washington approuvait une autre loi par laquelle on retirait toute aide économique et militaire à tout pays qui vendrait, fournirait ou permettrait qu'un bateau battant son pavillon commerce avec Cuba tant qu'elle serait gouvernée par « le régime de Castro ». Si les délégués de l'Assemblée souhaitaient des exemples de l'attitude des Etats-Unis envers Cuba, ils n'auraient pas à chercher beaucoup !... Il faut signaler que plusieurs gouvernements occidentaux protestèrent à cause de cela et d'autres lois qui étendent extra-territorialement la juridiction étasunienne à des pays tiers.

 

Le 9 octobre, le président Kennedy approuva le vol de 12 mn et à 20km d'altitude, au-dessus de Cuba, d'un avion U-2, dans le but de trouver des preuves concluantes à propos du développement supposé d'emplacements de missiles balistiques de moyenne portée dans la zone déterminée dont on parlait, dans la province de Pinar del Rio. On signala qu'il n'y avait pas d'indices du fait que les missiles antiaériens SA-2 soient déjà opérationnels à Cuba , bien qu'ils soient installés depuis plus de 2 mois.

 

Il faut dire que, en accord avec les normes de l'époque établies pour les missiles antiaériens qui se trouvaient à Cuba, quand un groupe aérospatial arrivait sur un nouvel emplacement, on disposait d'un délai de 2 h et demie pour être prêt à tirer sur les avions ennemis. Quand ces groupes arrivaient à Cuba, on les plaçait provisoirement pour qu'ils soient prêts pour le combat, pendant qu'on aménageait leurs emplacements avec des fortifications légères, où on déménageait aussitôt qu'elles étaient terminées. A cette date du 9 octobre, ils étaient installés depuis 8 jours dans leurs positions fortifiées et les 24 groupes qui furent transportés dans l'île accomplissaient la garde de combat.

 

Le fait pré-cité qu'il n'y avait pas d'indices que les missiles antiaériens soient déjà opérationnels constitue un bel exemple de la nullité de l'information que les Nord-américains avaient sur ce qui se passait à Cuba , ce qui les conduisit à des appréciations erronées en plus d'une occasion, et à prendre des décisions mal fondées qui furent adoptées sur la base d'appréciations de même nature.

 

(A suivre)

 

(traduction Françoise Lopez)