DECLARATION DE L'AMBASSADEUR DE CUBA,Rodolfo REYES RODRIGUEZ, RESPONSABLE DE LA DELEGATION CUBAINE A LA SESSION PLENIERE DE LA VIII° CONFERENCE MINISTERIELLE DE L'OMC, Genève, 16 décembre 2011.
Monsieur le Président,
Messieurs les ministres, les délégués et les invités,
Permettez-moi avant tout de me joindre à vous pour souhaiter la plus chaleureuse bienvenue au Vanuatu, à Samoa, au Monténégro et la Fédération de la Russie, celle-ci en particulier, dont l'adhésion attribue un plus grand caractère universel à cette Organisation. Comme nous l’avions signalé de manière réitérée, l'entrée d'un pays à l’OMC ne peut pas continuer d’être utilisée comme étant une opportunité pour que les plus puissants imposent des politiques ou des réglementations commerciales aux pays en processus d'adhésion qui conditionnent négativement les objectifs de développement économique et social de ces États souverains.
Monsieur le Président,
Nous ne sommes pas arrivés à la huitième Conférence Ministérielle avec l'optimisme qui devrait primer dans un évènement de cette importance. Le document sur les recommandations politiques qui sera soumis à l'approbation des Ministres durant ces trois prochains jours n'a pas été construit sur la base d'un consensus légitime, puisqu'il a été seulement négocié par un groupe réduit de Membres, et l’on a empêché que la majorité des pays en développement de cette Institution exposent leurs justes préoccupations. Nous sommes devant un document qui est le résultat d'un discrédit le plus flagrant des principes de participation pleine, de transparence et d’inclusion. Par conséquent, la République de Cuba ne se sent pas concernée par la totalité des décisions qui ont été abruptement prises le 30 novembre dernier par le Conseil Général.
Ce lamentable scénario ne favorise pas le climat de confiance qu’exige la poursuite de nos travaux. Cuba ne pourra pas tolérer que, durant les négociations futures ou à tout moment pendant les travaux de l'Organisation, la mise en place d’un tel procédé se renouvelle. Nous ne voulons pas être responsables de contribuer au discrédit du système multilatéral du commerce et, une fois encore, nous voulons avoir recours à la volonté politique et à l'engagement solidaire de tous pour continuer de travailler dans un cadre multilatéral authentique avec l'objectif de la pleine réalisation du Programme de Doha.
Les défis auxquels la communauté internationale doit faire face sont chaque jour plus complexes. Au lieu de poursuivre "l’anémique et inégale" récupération économique mondiale atteinte en 2010, le monde en ce moment "chancèle au bord d'une crise importante", et les prédictions futures ne manquent pas d’alerter du danger d’une réduction du Produit intérieur brut Mondial en 2012.
La gravité et les particularités de la crise économique mondiale nous démontrent que la libéralisation commerciale à outrance et la déréglementation imposées par le néolibéralisme ne constituent pas le chemin à suivre pour assurer un présent et un avenir de bien-être et de progrès à l'humanité. Dans cette conjoncture critique, les économies en développement sont les plus affectées parce qu'elles ont à vaincre en plus les obstacles qu’engendre le protectionnisme des pays industrialisés.
Les offres de stimulation financière; les allocations distorsionnées à l'exportation et les incitations à la production interne qui ont leur impact dans le commerce international; les mesures sanitaires et phytosanitaires et les obstacles techniques qui restreignent le commerce de façon frauduleuse, tout ceci viole les normes de l'OMC et a une incidence négative sur les exportations des pays en développement. La prolifération de ce type de mesures empêche les pays les plus faibles d’avoir accès aux marchés, c’est à dire ceux qui n'ont pas les ressources pour assumer ces prix élevés et ces exigences, surtout si celles-ci ne sont pas fondées sur des arguments scientifiques et ne parviennent même pas à être harmonisées, et avec des exigences différentes d’un marché à l’autre. Paradoxalement, les pays développés continuent d'exiger du Sud qu’il libéralise encore plus ses marchés, une double morale inacceptable. C’est aux plus riches de démanteler leurs mesures protectionnistes, s'ils prétendent rendre crédible leur fausse rhétorique de se faire passer pour les soi disant champions du "libre commerce".
Monsieur le Président,
Ce scénario tellement défavorable l’est encore beaucoup plus pour Cuba, dont le peuple est engagé à développer son économie et à parvenir à une plus grande insertion dans le commerce international. Malgré l’écrasante et systématique condamnation aux Nations Unies, les États-Unis continuent leur guerre économique contre le peuple cubain, en particulier, au moyen de l'application de leur politique génocidaire de blocus économique, commercial et financier qui agresse la nation cubaine voilà un demi-siècle déjà. Leur imbroglio compliqué de lois et de mesures anti-cubaines constitue non seulement une grave violation des principes et des normes de l'OMC et du droit international, mais il fait fi aussi de l’éthique humaine la plus élémentaire.
En faisant face à ces obstacles, Cuba continue d'avancer et de soutenir l'être humain au centre de ses politiques et ses programmes. Nous sommes convaincus de la responsabilité de l'État comme l'agent principal et le garant de la réalisation intégrale et durable du droit au développement.
Monsieur le Président,
La conclusion satisfaisante de la Ronde Doha ne sera pas atteinte en utilisant des formules que lacèrent les principes et les manières de négociation qui ont constitué des piliers de cette Organisation. La réalité consiste en ce que la Ronde n'a pas pu aboutir parce que plusieurs pays industrialisés se sont refusés à assumer les engagements minimaux que ces négociations demandent. Aucune autre raison n'influe avec une plus grande force sur l'impasse qui caractérise le processus en cours.
Cuba s'oppose à la prétention de dénaturer la priorité de nos travaux avec l'adoption d'un nouvel appel. Cela ne sera pas admissible tant que le Programme de Doha ne sera pas pleinement réalisé. L’incorporation de nouveaux sujets ne pourra pas se faire sans résoudre avant les déséquilibres et les problèmes les plus pressants qui sont en attente d’une solution dans le système multilatéral du commerce.
Cuba exige aux pays industrialisés qu'ils garantissent la volonté politique nécessaire pour répondre aux justes réclamations des pays en développement, en particulier, des moins avancés d’entre eux.
Monsieur le Président,
10 ans se sont écoulés depuis l'adoption du Programme de Doha, Cuba réaffirme son engagement ferme et sa disposition à travailler pour assurer la pleine réalisation de son mandat, en soutenant le Développement comme priorité, en revendiquant le principe du Tout Unique dans la progression de nos travaux et en défendant un multilatéralisme authentique, qui garantit la participation de tous, dans la promotion du paradigme d'un monde démocratique, juste et solidaire.
Merci beaucoup.
(Cubaminrex/Embacuba Ginebra)