VENEZUELA:L'ETINCELLE QUI A ALLUME LA MECHE

Publié le par cubasifranceprovence

par Laura Bécquer Paseiro

CERTAINES révolutions sont appelées à changer les destinées d’un peuple. À éclairer l’avenir et à marquer la naissance de sociétés nouvelles capables d’assurer l’« avenir avec tous et pour le bien de tous », comme le souhaitait José Marti.

C’est ce qui s’est passé le 4 février 1992 au Venezuela. « Un événement légitimé avant même d’avoir lieu », qui a jeté les fondements du projet politique que constitue aujourd’hui la Révolution bolivarienne.

Le train de mesures économiques néolibérales du FMI prises sous la présidence de Carlos Andrés Pérez (1974-1979 et 1989-1993) plongèrent le pays dans une bulle de prospérité qui contrastait avec l’augmentation de la pauvreté et du chômage, et la dégradation des services publiques et autres maux. Certains facteurs comme l’émergence de nouvelles organisations populaires et le démarquage entre les grands groupes médiatiques et les partis politiques traditionnels eurent aussi un grand impact sur la population.

La crise de gouvernabilité engendrée par le mécontentement croissant fit régner dans tout le pays un climat de répression et de violence.

Excédé par cette situation, le peuple finit par envahir la rue pour exprimer sa révolte et son ras-le-bol. Les protestations commencèrent à Guarenas, ville située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Caracas, avant de s’étendre à tout le pays. La réponse du gouvernement fut brutale. La répression dégénéra en un massacre qui coûta la vie à des centaines de Vénézuéliens.

« Le vase a débordé à Guarenas. Cette ville-poudrière a fini par exploser. Même si ces événements sont connus comme le Caracazo, Guarenas est considérée comme le berceau de la Révolution, car c’est de là-bas qu’a jailli l’étincelle », se souvient Aristobulo Isturiz, l’actuel Premier vice-président de l’Assemblée nationale.

Des milliers de jeunes militaires conduits par le jeune lieutenant-colonel Hugo Chavez se soulevèrent contre le modèle obsolète imposé par la vieille démocratie bourgeoise. À partir du 4 février 1992, la lutte serait une lutte pour une transformation en profondeur de la société vénézuélienne.

Dans Dos siglos de mitos mal curados (Deux siècles de mythes mal soignés), le journaliste cubain Félix Lopez signale : « Les premières heures d’incertitude passées, Carlos Andrés Pérez réussit à s’enfuir dans le coffre de la voiture du jardinier du Palais présidentiel. Il se rendit directement dans les bureaux de la chaîne Venevision pour tenter de récupérer le contrôle du gouvernement ».

Le soulèvement échoua. Mais un esprit révolutionnaire soufflait déjà sur l’ensemble du pays.

Reconnaissant sa responsabilité dans le soulèvement, Hugo Chavez signalait :

« Camarades : (…) Je vous suis reconnaissant de votre loyauté et de votre courage. Moi et moi seul, devant le pays et devant vous tous, j’assume la responsabilité de ce mouvement militaire bolivarien ».

Tous les participants au mouvement furent jetés en prison. Deux ans plus tard, sous la présidence de Rafael Caldera, ils furent remis en liberté.

« Le mouvement du 4 février 1992 était un projet bien pensé et qui avait été planifié pendant des années (…) Nous ne serions pas ici aujourd’hui s’il n’y avait pas eu le 4 février ». Ainsi l’actuel commandant de le Révolution bolivarienne résumait-il le début de la lutte pour la souveraineté du Venezuela.

Vingt ans plus tard, Caracas ratifie l’actualité du rêve d’une Patrie unie de Simon Bolivar.