LE CONTEXTE INTERNATIONAL DE L'AGRESSION CONTRE Evo Morales

Publié le par cubasifranceprovence

par Sergio Rodriguez Guelfenstein

Caracas, 4 juillet – La récente action agressive et criminelle des gouvernements européens contre le président Evo Morales sont l'expression d'une série de phénomènes négatifs sur la scène internationale qu'il vaut la peine d'étudier dans leur contexte pour répondre de façon adéquate à la trame impériale qui s'est construite depuis 2001. Voyons :

  1. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont permis au gouvernement de George Bush d'implanter un système unipolaire dans la politique internationale qui a fait du terrorisme l'ennemi. Dire qui est ou n'est pas terroriste, c'est la puissance nord-américaine qui le fait à partir de sa doctrine et de ses intérêts.

  2. Le gouvernement de Barack Obama a approfondi cette doctrine sans que jusqu'à aujourd'hui, on puisse observer des changements qui établissent des fissures dans l'application de la politique extérieure d'état que développe le système bi-partiste des Etats-Unis.

  3. Le président Rafaël Correa a dit plusieurs fois que nous ne vivions pas une époque de changement mais un changement d'époque. Cependant, nous n'avons pas été capables de systématiser de façon théorique ni d'exécuter de façon pratique des actions régulières qui soient l'expression du changement d'époque que nous vivons.

  4. Une des manifestations claires du changement dont parle le président Corréa est l'incapacité du système juridique international de soutenir le modèle surgi à la fin de la Seconde Guerre Mondiale chaque fois que sont intervenues des transformations importantes dans la structure du pouvoir mondial.

  5. En ce sens, les piliers fondamentaux qui sont à l'origine des documents dirigeant le droit international ont commencé à être de façon continue et permanente piétinés par les puissances dès que ces documents se sont transformés en obstacles pour les violences qui se commettent tous les jours dans le monde.

  6. Récemment, les Etats-Unis alliés de l'Europe et de l'OTAN ont créé des prisons secrètes, des écoutes illégales, des vols clandestins transférant des prisonniers, des opérations cachées même dans les pays qu'ils qualifient d'alliés, des violations d'accords du Conseil de Sécurité de l'ONU, des invasions et des violations de la souveraineté d'autres pays, des appuis financiers, militaires et diplomatiques à des pays où se produisent de flagrantes violations des droits de l'homme, des appuis au terrorisme (immunité accordée à des terroristes sur leur territoire, financement et organisation d'actions terroristes) et maintenant, ils ont essayé de s'en prendre à l'immunité d'un chef d'Etat élu démocratiquement. Toutes ces actions contreviennent à la Charte de l'ONU et aux normes les plus élémentaires qui règlent le Droit International.

  7. En ce qui concerne l'Amérique Latine, ils ont essayé de renverser le président Chavez au Venezuela en 2002, ils ont enlevé et expulsé de son pays le président Aristide en Haïti en 2004, ils ont essayé de couper la Bolivie en deux en 2008, ils ont fait un coup d'Etat, enlevé et expulsé de son pays le président Manuel Zelaya au Honduras en 2009, ils ont tenté un coup d'Etat contre le président Correa en Equateur en 2010, ils ont violé la Constitution et renversé le président Lugo au Paraguay en 2012 et maintenant, ils essaient d'assassiner le président Evo Morales de Bolivie, inventant un subterfuge absurde qui n'a aucun fondement légal.

  8. L'argument pour essayer d'assassiner et ensuite d'enlever le président Morales est que celui-ci transportait dans l'avion présidentiel l'ex-agent de l'Agence Nationale de Sécurité des Etats-Unis, Edward Snowden. Les Etats-Unis et l'Europe ont eu recours, une fois de plus, à un mensonge et ont mis en péril la vie du président bolivien et de sa suite.

  9. Le cas de Snowden est digne du livre d'Edouardo Galleano « Les pieds en haut, le monde à l'envers ». L'agent étasunien a révélé que tous les pays du monde sont espionnés et l'objet d'écoutes illégales de la part des agences de renseignement de son pays et pour ce « crime », il est poursuivi par la justice. Il va à Hong-Kong, territoire autonome sous souveraineté chinoise et ceux-ci, courtoisement, lui disent qu'il doit quitter leur territoire. Il va en Russie et le président Poutine lui dit qu'il peut rester s'il se tait et ne fait plus rien contre ses « compatriotes ». Ce sont les nouveaux temps dans lesquels les puissances ont des dissensions mais sont toujours d'accord au détriment des peuples du Sud. Maintenant, celui qui a découvert le crime est transformé en criminel et pour le poursuivre, on attente même à la vie d'un président.

  10. Les gouvernements européens qui se disent alliés des Etats-Unis – ce qui n'empêche pas qu'ils soient espionnés par ceux-ci – pour respecter les formes, essaient une timide exigence d' « éclaircissement » alors qu'ils agissent comme des moutons, en obéissant à la « puissance mère » et font cadeau de leur complicité dans la tentative d'assassinat du président Morales. En ceci, il n'y a pas de différence entre le « socialiste » Hollande et l'homme de droite Rajoy. Tous deux sortent du même cloaque colonial. Les gouvernements européens ont perdu toute dignité et agissent aujourd'hui comme des chefs provinciaux de l'empire qui a son siège à Washington. Les peuples du vieux continent ont la parole.

  11. Toutes ces actions sont l'expression de l'agressivité impérialiste d'un système en crise qui se voit contraint d'enfreindre la loi pour maintenir son pouvoir et ses prérogatives. Pour l'Amérique Latine et les Caraïbes, il ne reste que l'unité si nous ne voulons pas périr dans notre lutte pour l'indépendance et la souveraineté.

  12. Aujourd'hui, ceci doit s'exprimer dans la solidarité sans restrictions et l'appui au président Evo Morales et au peuple bolivien. Comme l'a dit le président Corréa, « ...Ou nous sommes des colonies ou nous revendiquons notre indépendance, notre souveraineté et notre dignité. »

AVN 04/07/13

(traduction Gaston Lopez)