LES Etats-Unis CHERCHENT A SE DEFAIRE DES GOUVERNEMENTS DE GAUCHE

Publié le par cubasifranceprovence

Par Mark Weisbrot

Caracas, 23 avril AVN – Les événements récents indiquent que le Gouvernement d'Obama a intensifié sa stratégie de « changement de régime » à l'encontre des Gouvernements latino-américains qui se situent du centre à la gauche du spectre politique, encourageant le conflit d'une façon cachée depuis le coup d'Etat militaire que Washington a soutenu au Venezuela en 2002. L'exemple le plus caractéristique de cela est celui du même Venezuela, la semaine dernière. Pendant que nous mettons sous presse, Washington se voit chaque fois plus isolé dans ses efforts pour déstabiliser le Gouvernement élu de Nicolas Maduro.

Mais le Venezuela n'est pas le seul pays à être en butte aux efforts de Washington pour renverser les résultats électoraux pendant ces 15 dernières années en Amérique Latine. Il est clair maintenant que la destitution du président Fernando Lugo du Paraguay, l'année dernière, fut également mise en œuvre avec l'aide du gouvernement des Etats-Unis et à son instigation. Dans une excellente enquête pour Agencia Publica, la journaliste Natalia Viana montre que le Gouvernement d'Obama a financé les principales figures impliquées dans 'le coup d'Etat parlementaire » contre Lugo. Ensuite, Washington a aidé à organiser la reconnaissance internationale du coup d'Etat.

Le rôle des Etats-Unis au Paraguay est identique à celui qu'ils ont tenu lors du renversement militaire du président démocratiquement élu Manuel Zelaya au Honduras en 2009 où Washington prit en otage l'Organisation des Etats américains (OEA) et l'utilisa pour combattre les efforts des gouvernements d'Amérique du Sud qui voulaient rétablir la démocratie. Zelaya déclara plus tard que Washington était aussi impliqué dans le coup d'Etat lui-même.

La semaine dernière au Venezuela, Washington n'a pas pu s'approprier l'OEA, même si son secrétaire général José Miguel Insulza soutient la Maison Blanche (et l'opposition vénézuélienne) dans sa demande de « recompte de 100% des bulletins ». Mais Insulza a dû faire marche arrière, ainsi que l'Espagne – unique allié important des Etats-Unis dans cette entreprise néfaste – parce qu'il n'était pas soutenu.

Le demande d'un « recompte » au Venezuela est absurde, alors qu'il y a déjà eu un recompte des bulletins de vote par un contrôle aléatoire de 54% des machines à voter. Les totaux de la machine ont été comparés avec un décompte manuel des bulletins de vote en présence de témoins de tous bords. Statistiquement, il n'y a aucune différence pratique entre cet énorme contrôle qui a déjà eu lieu et le contrôle de 100% que l'opposition exige. Jimmy Carter a qualifié le système électoral du Venezuela de « meilleur du monde » et il n'y a aucun doute sur l'exactitude du décompte des votes, y compris par de nombreux membres de l'opposition vénézuélienne.

Il est bon de voir Lula dénoncer les Etats-Unis pour leur ingérence et Dilma s'unir avec le reste de l'Amérique du Sud pour défendre le droit du Venezuela à des élections libres Mais ce ne sont pas que le Venezuela et les démocraties faibles qui se voient menacés par les Etats-Unis. Comme on en a informé dans les pages de ce journal, en 2005, le Gouvernement des Etats-Unis a financé et organisé des efforts pour changer les lois au Brésil afin d'affaiblir le Parti des Travailleurs. Cette information a été révélée dans des documents du Gouvernement étasunien obtenus sous la Loi de Liberté et d' Information des Etats-Unis. Le plus probable est que Washington ait fait beaucoup plus au Brésil et que cela reste secret.

Il est clair que Washington ne voit pas le réformiste doux Fernando Lugo, comme une menace ou un radical. C'est juste qu'il était trop amical avec d'autres Gouvernements de gauche. Le Gouvernement d'Obama, comme celui de Bush, n'accepte pas le fait que la région ait changé. Son but est de se défaire de tous les gouvernements qui se situent du centre à la gauche du spectre politique, ceci étant dû en partie au fait qu'ils veulent être plus indépendants de Washington. Le Brésil aussi doit être en alerte face à cette menace pour la région.

Mark Weisbrot est codirecteur du Center for Economic and Policy Research (CEPR), à Washington D.C. Il a obtenu un doctorat en économie à l'Université du Michigan. Il est aussi président de l'organisation.

(traduction Françoise Lopez)