Cuba: LES Etats-Unis SUBISSENT UNE NOUVELLE DEFAITE FACE A Cuba ET A LA CELAC

Publié le par cubasifranceprovence

Les Etats-Unis ont misé sur l'affaiblissement de la CELAC avant et après le Sommet qui a eu lieu au Chili en 2013. Mais leur plan a échoué. Le II° Sommet non seulement est une réalité mais se tient à Cuba. Un vrai cauchemar pour le bourgeoisie impériale et une victoire de plus pour Fidel Castro et Hugo Chavez, et une avancée dans la résurgence du profond sentiment latino-américaniste.

Les actions cachées que la diplomatie et les services secrets étasuniens ont développées ces derniers mois pour boycotter le II° Sommet de la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens (CELAC), ont échoué. Cuba est le siège de cet important rendez-vous international au cours duquel seront prises des mesures concrètes pour combattre la faim et la pauvreté, aller plus loin dans la marche vers l'indépendance financière, donner des cadres à l'intégration émancipatrice et avancer pour convertir la région en zone de paix.

La seule lecture de chacun des thèmes qu'abordera le sommet de la CELAC – un organisme d'articulation latino-américain qui combine sa condition d'espace d'intégration et une plate-forme de concertation politique – représente une préoccupation pour la bourgeoisie impériale qui est à la tête des Etats-Unis dont l'hégémonie dans la région, considérée selon les principes du XIX° siècle comme son arrière-garde stratégique est non seulement à la baisse mais affronte une Amérique Latine qui souhaite participer activement à la re-configuration de l'ordre global. Bien plus, cette région a tenu un rôle fondamental dans l'accélération de la crise du monde unipolaire avec primauté de l'Asie-Pacifique.

A cela, qui n'est pas rien, il faut ajouter l'extrême gêne de l'extrême-droite étasunienne pour le seul fait que le sommet latino-américain a pour siège Cuba, la plus grande des Antilles qui a échappé à leur contrôle (des Etats-Unis) le 1° janvier 1959 avec le triomphe de la Révolution conduite par Fidel Castro et qu'ils n'ont pas pu vaincre malgré la dureté de l'embargo commercial, économique et financier que l'immense majorité du monde a condamné 21 fois consécutives aux Nations Unies.

C'est dire que deux groupes de raisons expliquent l'aveugle persistance des Etats-Unis à faire échouer la réunion des 33 pays d'Amérique Latine et des Caraïbes dont le point culminant sera atteint les 28 et 29 janvier avec la présence des présidents et chefs d'Etat.

Un premier groupe de raisons est en étroite relation avec le présent et l'avenir de Cuba, le premier état socialiste d'Amérique Latine qui est resté fort malgré les différentes formes de guerre qu'il a subi de la part des Etats-Unis en 55 ans de révolution. Les secteurs les plus conservateurs se savent vaincus dans l'application d'une politique extérieure qui, par diverses méthodes, prétend isoler Cuba de tout le monde et en particulier de la région. « La tentative d'isoler Cuba qui a commencé à la naissance de la révolution a totalement échoué et, en ce moment, la seule qui souffre d'un profond isolement, c'est la politique nord-américaine envers Cuba », a déclaré le chancelier cubain Bruno Rodriguez Parrilla à la presse internationale concentrée à La Havane.

Et le chancelier cubain a raison. La présence de tous les pays latino-américains et caribéens à La Havane est considérée par la droite internationale comme un soutien au gouvernement et au peuple cubains qui, depuis près de trois ans, avec le leadership historique de Fidel et la présidence de Raùl Castro, se trouvent « sans hâte mais sans pause », en plein processus d'actualisation du socialisme.

Le second groupe de raisons a à voir avec l'Amérique Latine et les Caraïbes. Les Etats-Unis ne peuvent rester indifférents devant le renforcement de la CELAC comme espace de résurgence du projet latino-américain suscité par Simon Bolivar et encore moins devant des mesures qui augmentent encore plus sa perte d'hégémonie notoire et des initiatives qui conduisent à un déblaiement progressif de leur présence militaire.

Voyons. La CELAC, fondée en décembre 2011 à Caracas après un sommet antérieur qui a eu lieu à Rivera Maya (Mexique) en 2010, a joué un rôle peu à peu et bien que l'un de ses principaux architectes – le Commandant Hugo Chavez – ne soit plus là physiquement, l'impulsion donnée au moment de sa naissance l'a conduite, après que Cuba en ait assumé la présidence tournante après le Chili, à être le principal interlocuteur d'Amérique Latine et des Caraïbes. L'organisme latino-américain réunit des gouvernements de gauche, progressistes et de droite de la région, ce qui est un grand triomphe,surtout si on considère le rôle tenu par le Système Inter-américain de domination construit par les Etats-Unis à partir des années 50 du XX° siècle avec l'OEA.

L'artillerie silencieuse déployée contre la CELAC est une question prioritaire pour la classe dominante impériale. Cela rend inacceptable pour celle-ci que cet organisme se transforme, au fil du temps, en une espèce de plate-forme plus importante ou de grand parapluie autour duquel se rejoignent ou sont protégés d'autres efforts sub-régionaux d'intégration et de concertation politique comme l'ALBA – le moteur de tout cela - et l'Union des Nations du Sud (UNASUR) ainsi que la CAN, le MERCOSUR et le CARICOM.

Alors, le mal-être ne peut être moindre. L'Amérique Latine et les Caraïbes représentent, pour les Etats-Unis, une zone stratégique qui doit être sous leur contrôle. L'annonce du secrétaire d'Etat, John Kerry, que la région n'était plus « l'arrière cour » des Etats-Unis n'a pas réussi à diminuer la perte d'hégémonie de ce pays ni encore moins à désactiver l'engagement de la majeure partie des pays latino-américains dans la relation Sud-Sud. C'est plus, l'affirmation que la « Doctrine Monroe » est arrivée à son terme n'a pas obtenu l'effet escompté et bien plus, ont été découvertes la participation impériale à l' attentat contre Evo Morales le 2 juillet 2013, quand on a refusé à son avion présidentiel l'autorisation de traverser l'espace aérien européen, et la participation active des services secrets étasuniens dans les plans de déstabilisation qui sont déployés contre la révolution bolivarienne et le président Nicolas Maduro.

Le boycott raté des Etats-Unis contre le sommet latino-américain explique aussi l'énorme préoccupation de la bourgeoisie impériale à propos de l'influence croissante dans la région de la Chine et, dans une moindre mesure, de la Russie, en particulier dans le commerce et les investissements. Miner le champ pour que ne s'articulent pas les BRICS avec l'Amérique Latine et ses différents projets sub-régionaux et la CELAC est une priorité stratégique pour les Etats-Unis. Evidemment, comme la politique est l'économie concentrée, selon les Etats-Unis, c'est leur véritable intérêt d'« avoir en mains » les réserves de pétrole et de gaz, l'eau douce, la bio-diversité et les minéraux qui se trouvent dans la région. Un des instruments que les Etats-Unis impulsent pour rétablir leur contrôle de la région et s'approprier de nouveau les ressources naturelles est l'Alliance du Pacifique, un projet pour faire revenir l'ALCA.

Une autre des raisons pour que l'empire se soit braqué contre le II° Sommet de la CELAC est que le consensus augmente, comme l'annoncera Cuba, pour déclarer la région zone de paix. Cela implique de remettre en question la présence de plus d'une centaine de bases militaires étasuniennes et la dénommée IV° Flotte, créée initialement durant la II° Guerre Mondiale et rétablie en juillet 2008 pour parcourir toute l'Amérique Latine.

La proposition de « zone de paix » interpelle aussi ouvertement sur la présence britannique aux Malouines argentines, la base militaire étasunienne de Guantanamo (à l'extrême sud-est de Cuba) et l'occupation virtuelle du territoire de Porto Rico, dont la cause indépendantiste a été soulevée par le président Nicolas Maduro qui a soutenu que ce pays doit faire partie de la CELAC. C'est aussi, implicitement mais ce n'est pas moins fort pour cela, le soutien des dialogues de paix qui sont menés à bien à La Havane entre le gouvernement colombien et les FARC-EP.

L'Amérique Latine, cet « espace vital » pour les Etats-Unis est en train de parcourir un chemin de plus grande autonomie et c'est cela que l'empire ne peut tolérer.

Cubadebate, 25 janvier 2014

(traduction Françoise Lopez)