Cuba: VIVRE SANS LE CUC

Publié le par cubasifranceprovence

Cubahora – L'économiste Omar Everleny Perez analyse pour Cubahora le début du processus d'unification monétaire.

Taux de change d'un pays : Valeur de la monnaie nationale comparée à une unité monétaire extérieure (dollar, euro ou autre). Peut aussi se comprendre comme le pouvoir d'achat d'une monnaie par rapport au pouvoir d'achat d'une autre mesure en termes monétaires.

Régime de taux multiples : Système par lequel un pays décide d'appliquer des types de change différents selon la finalité pour laquelle les devises ont été demandées et selon les devises dont il s'agit.

Dans les Grandes Lignes de la politique économique et sociale (p.9), il est dit que « Les principaux problèmes qui limitent l'exercice de l'économie n'ont pas été résolus », parmi lesquels on mentionne :

« Renforcer les niveaux de coordination des politiques macro-économiques et terminer les études pour l'élimination de la dualité monétaire et le perfectionnement de la politique de change. »

A ce propos, il est dit :

« Affronter des problèmes aussi complexes demande d'avoir une vision stratégique, à moyen et long terme, ce pourquoi, depuis le milieu de 2009 jusqu'en mai 2010, une projection de l'économie jusqu'en 2015 a été réalisée par le Ministère de l'Economie et de la Planification avec la participation des organismes.

« La projection a démontré que la résolution des déséquilibres macro-économiques et des problèmes d'efficacité présents est indispensable au développement futur du pays et que, par conséquent, pour la période 2011-2015, la politique économique, basée sur la projection approuvée, doit apporter une réponse à ces problèmes. »

Raùl Menchaca Lopez – Cubahora – Au bout d'un temps plus ou moins long, le CUC, le fameux peso convertible ou « chavito » que tous recherchent disparaîtra de la vie des Cubains, comme résultat de l'unification monétaire en marche.

On sait déjà que le peso à présent mal en point, notre monnaie presque centenaire, redeviendra la monnaie légale dans la nation, c'est à dire récupérera sa capacité de paiement, de capitalisation et redeviendra unité de compte.

C'est le scénario prévisible dans un avenir proche bien que l'annonce du début de la fin de la dualité monétaire génère de l'incertitude et même de l'anxiété parmi la population.

Mais les économistes comme le chercheur Omar Everleny Lopez du Centre d'Etudes de l'Economie Cubaine pnt une vision plus objective de ce processus qui est considéré comme une impulsion donnée à l'actualisation du modèle économique national.

« C'est un pas en avant, une impulsion de plus à tous les changements nécessaires qui sont en train de se faire en ce moment et qui me semblent graduels et optimaux », a déclaré le spécialiste au cours d'un dialogue avec Cubahora.

Il ne faut pas oublier que le président Raùl Castro lui-même, dans son discours à l'Assemblée Nationale, a qualifié ce sujet comme « d'un des principaux obstacles au progrès du pays. »

Pérez a considéré que le début de l'unification monétaire a une grande importance pour Cuba, que cela pourra réellement valoriser sa gestion économique parce que « si on a une double monnaie, il est très difficile de connaître l'efficacité de l'économie nationale. »

« D'autre part, cela permettrait une plus grande compétitivité des exportations parce que pour qu'un produit soit compétitif, on ne peut pas avoir les fournitures dans une monnaie et les salaires dans une autre, ou, généralement, ce que je veux dire, c'est que c'est un élément de rentabilité très important », a-t-il souligné.

Bien qu'officiellement, on n'ait pas fixé de délai précis, le chercheur considère que « si nous suivons le programme d'actualisation du modèle, la majeure partie des Grandes Lignes doit être accomplie à la fin de 2015. »

Il a expliqué que dans la pratique, ce chronogramme a déjà commencé parce qu'il y a beaucoup d'entités qui travaillent avec un taux de change différent, comme des hôtels et des coopératives non agro-alimentaires « ou bien l'Etat contrôle comment ces distorsions sont corrigées ».

Le Docteur en Sciences Economiques, diplômé en 1998 à l'Université de La Havane qui a plus de 25 ans de travail de recherches et d'enseignement, a estimé que les entreprises étrangères présentes à Cuba ne doivent pas être affectées par la fin de la double monnaie. A son avis, « elles vont en bénéficier parce que quand Cuba montait une entreprise mixte, par exemple, la partie cubaine mettait 500 et la partie étrangères 500 autres. Mais le capital étranger était en dollars et le capital national en pesos alors que la taux officiel était de un pour un. »

Everleny a assuré que les citoyens seront aussi touchés par la mesure car ils continueront à recevoir leur salaire en pesos alors que les comptes que les Cubains ont dans d'autres monnaies resteront intacts comme l'indique une récente note officielle.

Perez ne s'est pas aventuré à spéculer sur le taux de change après le processus car « c'est très difficile à dire » mais « ce qui est clair, c'est qu'il ne peut pas y avoir deux taux de change et qu'il ne doit pas y avoir un régime de taux multiples. »

«Oui, nous allons avoir un taux de change fixe avec des oscillations autour d'un panel de monnaies ou d'un groupe d'indicateurs mais il ne peut pas y avoir un secteur qui travaille avec dix, un autre secteur qui travaille avec trois parce qu'à la fin, bien que ce soient des mesures meilleures, personne n'y comprendrait plus rien », a-t-il assuré.

L'économiste déclare au moment de son départ : « A la fin, c'est favorable à la population et à l'économie ». Et on imagine maintenant comment sera un pays où de nouveau, circule seulement le peso et où nous pourrons tous vivre sans l'ombre du CUC. »

(traduction Françoise Lopez)