Cuba: XX° CONGRES DE LA CTC: UN MOUVEMENT SYNDICAL PLUS COMBATIF

Publié le par cubasifranceprovence

A quelques heures des dernières séances du Xxème Congrès de la CTC (Centrale des Travailleurs Cubains), Ulises Guilarte de Nacimiento, président de sa commission organisatrice, met en valeur les résultats d'un an de débat dans le syndicat et les principales attentes de cet événement majeur.

Susana Lee

Le Congrès sera la conclusion de plus d'un an de débat syndical partout dans le pays, et s'il y a bien quelque chose à en attendre, c'est que ce qui en résultera interprète intégralement ce que les travailleurs ont établis au sein de leurs assemblées de base.

Ainsi nous l'explique Ulises Guilarte de Nacimiento, président de la commission organisatrice du XXème Congrès de la CTC, lors d'une interview à Granma, à quelques heures seulement des séances finales programmées entre jeudi et samedi de cette semaine.

Et nous devons aspirer à ce que cette interprétation, ajoute-t-il, se reflète en directives, en actions qui contribuent à la fortification du rôle majeur du mouvement syndical : avoir la capacité d'être à la pointe de la mobilisation des travailleurs pour la réalisation des décisions et des objectifs décidés par le 6ème Congres du Parti et sa première Conférence Nationale. Ainsi serons-nous reconnaissant à la plate-forme politique, économique et sociale qui nous trace la route du modèle économique que nous voulons construire.

De là nous attendons que surgisse un mouvement syndical plus combatif, qui donne continuité au caractère unitaire et au caractère de classe de l'histoire du mouvement syndical, qui fasse la promotion du combat contre les délits, la corruption et les actes illégaux. Nous attendons un Congrès qui ait la capacité de promouvoir, comme résultat d'un débat démocratique, le projet d'apporter au pays, à partir des réflexions des travailleurs, des solutions aux problèmes qui aujourd'hui freinent le développement, ajoute-t-il.

La pensées de nos bases syndicales.

Guilarte met en valeur les résultats du débat sur le document de base : un des trois processus politique les plus importants dans le chronogramme organique du XXème Congrès de la CTC, lequel constitue, de fait, la séance du Congrès pour les travailleurs ( les autres étant le bilan et le renouvellement/ ratification des mandats des organisations syndicales de base et la discussion de l'avant- projet de loi sur le Code du Travail). Selon lui, ce débat ne fut pas seulement participatif et démocratique, mais il nous a surtout légué les convictions syndicales des bases : créateur, innovateur, et surtout, qui a identifié avec beaucoup de clarté comment nos adhérents souhaitent que soit leur syndicat.

Il ajoute qu'il a sans doute démontré comment ces syndiqués croient, veulent et voient leur syndicat, parce que l'immense majorité des opinions formulées furent dirigées à la recherche d'un perfectionnement du travail syndical. Que ses voies, mécanismes et méthodes soient l'expression d'une organisation qui représente les droits des travailleurs, et qui tienne aussi un rôle conducteur et dirigeant, mobilisateur, dans son rôle de promouvoir l'efficacité, la productivité, la mise à profit de la journée de travail et la discipline au sein de la classe ouvrière.

Il fut aussi, assure-t-il, une vision critique de l'intérieur de l'organisation, en identifiant certaines questions qui étaient tombées en désuétude, comme la manière dont se déroulent les assemblées de syndiqués et de représentants.

De là ont abondé les contributions demandant un syndicat plus combatif, qui maintienne son lien permanent avec la base, et qui dans cet échange contribue par ses arguments, des opinions émises, à lui expliquer les principales transformations en cours dans le pays. En résumé, ce fut un enseignement de comment l'on veut que le syndicat participe, depuis la mobilisation syndicale des travailleurs, pour faire le plus possible afin d'éviter que l'avance ferme et continue vers les objectifs décidés par le Parti pour les travailleur ne s'engourdisse.

Le Congrès a sans doutes fortifié le mouvement syndical.

Le président de la Commission organisatrice du XXème Congrès assure que le bénéfice le plus important de tout ce débat fut le renforcement de notre mouvement syndical en projets, objectifs et en autorité, au sein des travailleurs.

Il explique qu'il s'est fortifié, en plus, parce qu'il a permis un large processus de renouvellement des représentants, parmi lesquels 17 % sont des jeunes, 30 % des universitaires et 45 % ont reçu un enseignement moyen- supérieur. De plus, il y a toujours de nombreux camarades femmes à des postes à responsabilités et chargés de direction, ce qui, dans l'ensemble, forme un mouvement syndical plus engagé, avec une meilleure compréhension de son rôle qui continue à être majeur dans les actions de mobilisation des travailleurs, pas à partir des ordres et des consignes donnés, mais résultant d'une conscience et d'un sens des responsabilités fertiles des travailleurs en tant que principaux créateurs de richesses du pays.

Et ceci est une garantie que nous allons continuer à avancer, ajoute-t-il, parce que le mouvement syndical est ce qui dirige les travailleurs, qui sont ceux qui créent les biens et services qui répondent directement aux nécessités de notre peuple. Nécessités qui sont le principal problème de nature économique du pays aujourd'hui, et il faut le prendre en compte dans nos méthodes de travail, pour transformer nos actions en apports directs, concrets, dont nous avons besoin pour développer le pays.

Avec les idées de Raùl lors du XIXème Congrès

A la clôture du XIXème Congrès de la CTC, en septembre 2006, Raùl a émis deux idées particulièrement importantes : « le travail syndical doit se matérialiser sur le lieu de travail » et « se concentrer sur le lieu de travail signifie, parler avec les gens, en toute franchise, pour savoir ce qu'ils pensent. Il ne faut pas se contenter de parler sans écouter, même si ce qu'ils nous disent ne nous plaît pas, reconnaître quand nous nous trompons, et si c'est le cas, dire à l'autre qu'il n'a pas raison et critiquer toujours, les unes après les autres, les attitudes incorrectes. Et il est évident que ces concepts ne sont pas valables que pour le mouvement syndical ».

Ce furent les prémisses qui marquèrent le déroulement des débats. En premier, écouter, insiste-t-il. Nous sommes en train de construire une société d'hommes qui réfléchissent, où l'unité n'est pas l'expression d'unanimité, mais l'expression qu'il y a de nombreux avis, du débat, que nous sachions écouter nos camarades, étayer nos points de vue, mais aussi reconnaître quand ils ont raison, et quand ils ont tort leur expliquer pourquoi. Ceci fut une pratique que nous avons réussi à mettre en place dans les processus préalables au Congrès.

Et il rappelle, ainsi que l'a défini aussi Lazaro Peña, l'importance du travail syndical sur le lieu de travail.

Le syndicat réalise ses tâches, sa vie syndicale, fonctionne au sein des travailleurs, parce que c'est là que l'on retrouve les syndiqués, c'est là qu'on les appelle, que se réalise l'activité productrice, ou l'on fait le travail idéologique, ou l'on développe la reconnaissance de ceux qui s'engagent le plus.


La vie du syndicat est sur le lieu de travail, là ou il y a l'assemblée des travailleurs, où l'on tente de leur expliquer tout ce qu'ils ne comprennent pas, où l'on doit écouter leur revendications, leurs réclamations, et savoir argumenter, leur donner des réponse. Tout cela donne une crédibilité au mouvement syndical et nous apporte chaque jour plus d'autorité quand nous nous convertissons en un syndicat qui, en plus d'échanger à propos des demandes et des préoccupations, ait la capacité de proposer des alternatives en vue de résoudre les problèmes, parce que ce sont les syndiqués qui exécutent, qui maîtrisent le mieux où se trouvent la solution, la productivité et l'efficacité.


Pour tout cela ces deux prémisses, malgré des insuffisances qui peuvent persister et la nécessité de continuer à perfectionner le style de travail du mouvement syndical, ont validé dans ce processus les méthodes exprimées par le camarade Raùl.

Le Xxème Congrès nous laisse, conclut-il la reconnaissance d'un rôle leader du mouvement syndical comme représentant des travailleurs, défenseur de leurs droits mais aussi garant de l'unité indestructible de la classe ouvrière cubaine avec la Révolution, le Parti, Fidel et Raùl.


(« Granma », 17 février 2014

traduction Geoffrey Gautier)