Venezuela: DISCOURS DU PRESIDENT Nicolas Maduro AU SOMMET CLIMATIQUE DE L'ONU
traduction Françoise Lopez
Aujourd'hui, nous sommes ici, à New York, cinq ans après la plus grande réunion des dirigeants du monde organisée par les Nations Unies pour discuter de la principale menace pour la survie humaine pour ce siècle, qu'est le changement climatique. C'était à Copenhague, Danemark, où étaient présents 119 chefs d'Etat et de gouvernement et je m'en souviens très bien car j'y assistai en qualité de chancelier accompagnant notre leader éternel Hugo Chavez qui, avec d'autres leaders du continent parmi lesquels le président Evo Morales, prit des positions claires et fermes en faisant entendre la voix de nos peuples.
Aujourd'hui, le changement climatique continue avec des conséquences de plus en plus dévastatrices, menaçant de détruire totalement la vie sur la planète et malheureusement, nous ne voyons pas encore le bout du tunnel. La crise de l'environnement dont nous souffrons est définie par une réalité alarmante, tandis que tous les facteurs qui influent sur la destruction de la planète avancent de plus en plus vite et que les mesures nécessaires de contrôle de l'environnement qui ne peuvent être différées continuent à ne pas être prises. La nature vient nous donner des signes clairs de la gravité des choses mais les puissants du monde ne font rien d'autre que l'agresser systématiquement.
Cette crise environnementale, conséquence des actions de l'être humain, fait surtout partie de la crise d'un modèle de civilisation capitaliste basé sur des schémas de production et de consommation insoutenables qui provoque inégalités, injustice, pauvreté et destruction de la planète. Le capitalisme a ignoré pendant des décennies la capacité de charge et de renouvellement de la nature, les lois de la thermodynamique et de l'entropie. Dans la logique capitaliste, la croissance économique est incompatible avec la survie de la planète, la logique d'exploitation du capital est simplement insoutenable.
Aujourd'hui, 20% des pays les plus riches du capitalisme consomment 84% de l'énergie du monde, polluant la planète et détruisant son équilibre. Ce sont ces puissances pollueuses qui maintenant veulent brandir les drapeaux de l'écologie pour gagner de l'argent avec la pollution, donner un prix aux émissions et échanger comme ils savent le faire contre de l'argent le droit de polluer ce monde. Nous voyons avec stupeur comment les principaux responsables du changement climatique et de ses terribles conséquences manquent de la plus petite volonté politique pour arrêter et renverser un mal de dimension planétaire provoqué par les grandes corporations économiques et financières mondialisées. Il faut que nous ayons de la mémoire. Il y a déjà 22 ans, George Bush père à l'apogée de la l'arrogance impériale du monde unipolaire, nous dit à Rio de Janeiro - je cite - "Notre style de vie n'est pas négociable" et il le dit en réponse à ceux qui réclamaient des actions concrètes contre le changement climatique déjà pour cette année 1992. Mais il y a aussi exactement 22 ans, le 12 juin 1992, depuis Rio de Janeiro, le commandant cubain et Latino-américain Fidel Castro nous indiquait - je cite - "Une importante espèce biologique risque de disparaître à cause de la rapide et progressive disparition de ses conditions naturelles de vie, l'homme". Maintenant, nous devons prendre conscience que ce problème, 22 ans après, s'est aggravé. Si hier, il était tard, bientôt, il sera trop tard même si certains sont gênés qu'on rappelle ce que disent les diagnostics scientifiques les plus conservateurs, il faut le dire ici clairement, nous ne pouvons pas continuer à nous abriter derrière un modèle de développement qui porte atteinte de façon drastique aux conditions de vie de l'homme et met en danger l'existence des futures générations. David Orr, professeur de l'Université Oberlin College et conseiller du président Barack Obama a déclaré au début de cette année ce qui suit - je cite - "Bien avant que la crise climatique soit le plus grand échec de marché qu'on ait vu, le monde a été un énorme échec politique et gouvernemental" en faisant allusion aux logiques qui se sont imposées à partir des années 80 du siècle dernier selon lesquelles nous devrions réduire à rien les responsabilités des états et élargir à l'infini le cours des capitaux et des marchés.
Face à ce sombre scénario dans lequel se mélangent l'apathie et l'impuissance, la préoccupation et l'indolence, il est plus opportun que jamais de rappeler ce que nous dit la sagesse Amérindienne de notre Amérique du Sud - je cite - "Tu ne te rendras compte que tu ne peux pas manger l'argent que quand le dernier arbre sera mort, le dernier ruisseau empoisonné et le dernier poisson attrapé."
Dans ce contexte, dans l'optique de ce qu'on appelle le monde industrialisé que nous propose-t-on maintenant que nous, les pays du Sud, passons à l'économie verte? Les pays industrialisés, avec ces propositions, non seulement portent atteinte au droit au développement de nos pays mais veulent déguiser les mêmes formules capitalistes en brandissant les drapeaux des mouvements écologistes et environnementaux.
La République Bolivarienne du Venezuela réaffirme son engagement à avancer dans une planification complète qui prend en considération les trois piliers fondamentaux du développement écologique soutenable avec une conception de l'économie sociale et écologique. Le Venezuela aujourd'hui soutient 70% de sa demande d'énergie avec l'hydro-électricité et possède 60% de son territoire sous protection administrative. Plus de 222 zones protégées préservant 58 millions d'hectares de forêt comprenant des parcs nationaux, des réserves de biosphère et des réserves pour la faune. La conservation des forêts vénézuéliennes se traduit par une économie d'émissions de 12 221 millions de tonnes de CO2 qui permet de diminuer la perte de la couverture boisée, jour après jour, de plus de 50%.
Le Venezuela, monsieur le Président, a eu la joie de recevoir dans notre Patrie les délégations du PreCop-Social, plus de 300 délégués de 135 organisations et mouvements sociaux de 71 pays qui ont approuvé la déclaration de Margarita. Monsieur le Président, il est impossible d'éviter le danger imminent et nous le disons depuis le Venezuela, d'un effondrement climatique qui est déjà en marche. Un de ses signes les plus évidents est le terrible phénomène du changement climatique, le grand défenseur et penseur allemand Walter Benjamin le découvrira au sujet de la domination du capital dans les années 30 du XX° siècle. Jusqu'à quand va-t-on nous proposer des solutions capitalistes avec le vieux modèle destructeur pour donner des réponses aux très graves problèmes qui se sont créés ces 100 dernières années? Qui peut croire - pour prendre un exemple éloquent - que les corporations transnationales peuvent se transformer d'un jour à l'autre en acteurs du sauvetage de la planète? Ceux qui mercantilisent la vie humaine et la nature vont accepter des engagements pour changer la logique pour sauver la planète? Depuis notre Amérique, monsieur le Président, nous, nous élevons notre protestation et notre indignation devant ces modèles qui maintenant essaient de s'appeler "économie verte".
Monsieur le Président, nous sommes les fils de la Pacha mama, depuis l'Amérique du Sud, nous disons: Nous regardons avec une voix respectueuse, avec un regard respectueux, les changements qui ont besoin d'un modèle qui doit être assumé de façon urgente par toute l'humanité. Nous saluons l'invitation à cette réunion sur le changement climatique et nous disons à nouveau, comme l'a dit notre commandant Chavez à Copenhague, nous écoutons la voix de la rue, les cris des peuples de Copenhague il y a cinq ans quand ils disaient: "Si nous voulons changer le climat, changeons le système" retentissent encore. Nous écoutons la voix des peuples qui ont marché dimanche dernier à New York et disaient: "Des actions maintenant! Plus de mots!".
Nous, depuis la République Bolivarienne du Venezuela, nous nous engageons à continuer à défendre les droits des peuples à ce que le système change pour pouvoir préserver la vie sur la planète. Merci beaucoup, chers camarades.
Source en espagnol:
http://prensapcv.wordpress.com/2014/09/24/discurso-del-presidente-nicolas-maduro-en-la-cumbre-climatico-de-las-naciones-unidas/
URL de cet article:
http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2014/09/venezuela-discours-du-president-nicolas-maduro-au-sommet-climatique-de-l-onu.html