Cuba: LA FUITE DES CERVEAUX A Cuba

Publié le par cubasifranceprovence

Editorial du New York Times

traduction Françoise Lopez

Le Secrétaire d'Etat John Kerry et l'ambassadrice étasunienne devant les Nations Unies, Samatha Power, ont fiat l'éloge de la contribution des médecins cubains qui soignent les malades de l'ébola en Afrique de l'Ouest. Les Centres de contrôle et de Prévention des Maladies, une agence fédérale nord-américaine a envoyé récemment un fonctionnaire à une réunion régionale organisée par le Gouvernement cubain à La Havane pour coordonner la lutte contre l'épidémie. En Afrique, les médecins cubains travaillent dans des installations construites par les Etats-Unis. Le virus a eu la conséquence inattendue d'injecter un sentiment commun dans une relation inutilement toxique.

Cependant, les médecins qui travaillent en Afrique de l'Ouest pourraient facilement abandonner leurs obligations aujourd'hui en prenant un taxi pour l'ambassade étasunienne la plus proche et demander le statut de migrant, à travers un programme qui a permis des milliers de désertions. acceptés, ils peuvent entrer aux Etats-Unis en quelques semaines, et en quelques années, devenir citoyens étasuniens.

Il y a de nombreux aspects condamnables dans les politiques manquées des Etats-Unis envers Cuba et l'embargo qu'ils imposent à l'île depuis des décennies. Mais le programme qui encourage la migration du personnel médical pendant des missions officielles à l'étranger est particulièrement difficile à justifier. Pendant la dernière année fiscale, 1,278 médecins, un chiffre record, ont obtenu l'autorisation d'émigrer.

Il est incongru que les Etats-Unis valorisent les contributions des médecins cubains envoyés par le gouvernement pour soigner lors de crises mondiales comme celle du tremblement de terre en Haïti en 2010 alors qu'ils essaient de déstabiliser l'état en encourageant les désertions.

Le système migratoire étasunien doit donner la priorité aux réfugiés et aux personnes poursuivies les plus vulnérables du monde. Mais il ne doit pas être utilisé pour aggraver la fuite de cerveaux d'une nation adversaire, surtout, quand améliorer les relations entre les pays est un objectif viable et sensé.

Ce programme, mis au point par la branche exécutive, a débuté en août 2006, quand Emilio Gonzalez, un exilé cubain, fermement opposé au gouvernement de l'île, était au commandement du Service de la Nationalité et de l'Immigration des Etats-Unis. Gonzalez a décrit les conditions de travail des médecins comme "un trafic de personnes organisé par l'Etat". A cette époque, l'administration Bush essayait de saboter le Gouvernement cubain. Faciliter la défection des médecins qui participaient à des missions à l'étranger représente une opportunité de porter atteinte au principal outil diplomatique de l'île et d'humilier le régime des Castro.

Pendant plusieurs années, Cuba a utilisé se brigades médicales comme principale source de rentrées d'argent et de persuasion. L'île a un des indices les plus élevés de médecins par personnes dans le monde et offre des bourses pour étudier la médecine à des centaines d'étudiants étrangers chaque année. Parmi ceux-ci, il y a eu quelques Etasuniens. Selon les chiffres du Gouvernement cubain, plus de 440 000 personnes, sur les 11 millions d'habitants de l'île, travaillent dans le secteur de la santé.

La Havane obtient du pétrole subventionné du Venezuela et de l'argent de différents pays comme rémunération pour les soins médicaux qu'elle apporte. Cette année, selon le journal d'Etat Granma, le gouvernement espère recevoir 8,200 millions de dollars en échange du travail médical de son personnel à l'étranger. La grande majorité de ceux qui sont actuellement en déplacement, quelques 46 000, travaillent en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Quelques 4 000 se trouvent dans 32 nations africaines.

Les médecins, comme la majorité des Cubains, gagnent des salaires bas. Cette année, le gouvernement a augmenté le salaire des professionnels de la santé. Maintenant, les médecins gagnent environ 60 dollars par mois et les infirmiers gagnent quelques 40 dollars par mois. Les missions à l'étranger représentent une occasion de gagner plus de façon substantielle. Les docteurs qui travaillent actuellement au Brésil, par exemple, reçoivent environ 1 200 dollars par mois.

Les 256 médecins qui soignent les malades de l'ébola en Afrique de l'Ouest reçoivent environ 240 dollars par jour de l'Organisation Mondiale de la Santé. José Luis Di Fabio, le chef de mission de l'OMS à La Havane, a dit que les médecins et les infirmiers en Afrique ont été volontaires. "Ils sont volontaires", a-t-il déclaré dans une interview. "Il y en a eu certains qui se sont ravisés et il n'y a pas eu de problème".

Certains lédecins qui ont déserté disent que les missions à l'étranger ont été un élément implicite de coercition et se sont plaints parce que le Gouvernement cubain empochait la majeure partie d el'argent que leurs services produisaient. Cependant, le Département d'Etat dit dans son plus récent rapport sur le trafic de personnes que la soi-disant coercition envers les médecins cubains "ne semble pas refléter une politique uniforme du gouvernement". Là encore, La Havane pourrait payer plus généreusement son personnel à l'étranger si les brigades médicales contiuaient à représenter une importante source de rentrées d'argent.

L'année dernière, le gouvernement cubain a flexibilisé les restrictions migratoires en autorisant la majorité de ses citoyens, y compris les dissidents, à sortir et à rentrer au pays librement. Les médecins, qui dans le passé étaient sujets à des restrictions plus strictes, peuvent aussi voyager sans grands problèmes actuellement. Les Etats-Unis réservent 20 000 visas d'immigration aux Cubains de l'île chaque année. En plus, ceux qui veulent l'obtenir par les voies légales acquièrent automatiquement l'autorisation de résidence.

Le gouvernement cubain considère le programme de défection des médecins comme un symbole de duplicité de la part des Etats-Unis. Il réduit la capacité de contribution de Cuba dans es crises internationales et n'aide pas, pour le moins, à créer une société plus ouverte et démocratique. Tant que cette politique incohérente continue, établir une relation plus saine entre les deux nations va continuer à être difficile.

Comme un nombre croissant de Cubains, beaucoup de médecins continueront certainement à être intéressés par la possibilité d'émigrer aux Etats-Unis pour trouver de meilleures opportunités et c'est leur droit de le faire. Mais les inviter à déserter pendant des missions à l'étranger est excessif.

(Extrait du New York Times)

Source en espagnol:

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