Cuba: LES RESERVES MORALES

Publié le par cubasifranceprovence

par Enrique Ubieta Gómez

traduction Françoise Lopez

Un excellent joueur de base-ball abandonne son équipe gagnante en pleine saison de base-ball et file vers un pays inconnu. Sa raison: vendre comme agent libre sa force de travail sportive aux Grandes Ligues. Par les sommes récentes payées à d'autres compatriotes et ex camarades de l'équipe nationale - qui "se sont échappés" auparavant, comme lui - on peut attendre comme raison d'encaisser plus de quarante millions de dollars. Le joueur de base-ball ne peut accéder à un contrat identique dans son pays parce que le gouvernement étasunien interdit qu'il soit engagé si auparavant, il ne met pas en scène le show médiatique d'une "fuite" et ne politise pas sa décision. Il interdit mêle que les fédérations latino-américianes, subordonnées aux Grandes Ligues, l'engagent, s'il ne déserte pas avant.

Devant cette alternative, il choisit la "fuite", c'est à dire qu'il assume le fait que le combat n'est pas le sien, mais entre les gouvernements de Cuba et des Etats-Unis. Il le fait en sachant ou en méconnaissant le fait (peu importe, pour les adultes, l'innocence n'a pas de valeur) que les Grandes Ligues paient sa qualité et, en même temps, le démantèlement progressif su sport alternatif à Cuba et que le gouvernement ennemi le reçoit et l'exhibe comme "réfugié politique". La parole n'est pas à la mode mais se trahit. Certains connus disent, en haussant les épaules: c'est inévitable, nousne pourrons jamais rien faire face à la fête des millions. L'argent commande. Et c'est oublier que Cuba ne pourrait jamais et ne voudrait jamais payer cette somme (si elle la paierait, elle aurait elle-même démantelé le sport alternatif). Et quelle importance a son existence pour les uns et les autres? Alors que c'est une des expressions les plus réussies des nouvelles relations anti-capitalistes créées par la Révolution.

Les médailles que Cuba a obtenu pendant des décennies aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde sont vraies, bien que la propagande ennemie essaie d'en atténuer l'importance. Les records de nos athlètes allaient avec ces médailles. Et la décision de ceux-ci d ene pas trahir l'esprit anti-mercantile du mal nommé sport amateur. Combien de millions ont refusé Teofilo Stevenson ou Omar Linares, ou plus récemment Alfredo Despaigne, pour siter seulement quelques exemples? Aujourd'hui, les joueurs de base-ball et les sportifs cubains sont reconnus comme professionnels, c'est bien, ce qui ne signifie pas qu'ils soient assujettis aux lois du professionnalisme, c'est à dire, du marché, ce qui est mieux. Si c'est une façon consciente d' idéologiser le base-ball, de le préserver comme un jeu sain, parce que si nous ne l'idéologisons pas, le marché l'idéologise: il transforme un jeu sain en marchandise. "Oui, je suis révolutionnaire", déclare fermement et clairement Antonio Muñoz, le Géant de l'Escambray, à Miami, aux supporters intéressés. "Avec ce que je gagne à Cuba, je vis", ajoute-t-il.

Aujourd'hui, nos joueurs de base-ball gagnent un salaire qui augmente selon le rendement, et ils reçoivent d'autres avantages matériels, ils peuvent signer des contrats dans le circuit professionnel japonais et - cela arrive avec certains - gagner en à peine une saison jusqu'à un million de dollars. Mais cela ne suffit pas, disent-ils. Quarante millions, c'est plus qu'un million. La guerre est inégale, parce que le défi se place sur le terrain des intérêts matériels, qui est le leur. Replaçons-le sur le nôtre: celui de la conscience. Ou se construit une muraille de principes, de raisons, de sentiments ou la culture de l'avoir, l'autre " tout est important" capitaliste, triomphera. Est-ce inévitable?

II.Je ne peuxpas dire ce que pense ou sen tun médecin cubain, réanimateur, qui a accompli plusieurs missions (Guatemal, Venezuela, Haïti) quand quelqu'un arrive chez lui, pendant son jour de repos, et lui demande sans ménagements: Est-ce que tu partirais demain pour le Libéria, ou pour la Guinée conakry ou pour la sierra Leone, combattre l'ébola, l'épidémie la plus mortelle qu'affronte aujourd'hui l'Humanité? Mettrais-tu ta vie en danger pour cette cause? Mais je peux raconter ce qu'il arrive parfois: le médecin accepte et en trois heures, fait ses paquets, dit adieu à sa famille, sa femme, ses enfants. Il rejoint à La Havane des centaines d'autres qui ont aussi accepté. La presse de la contre-révolution - pas la presse globale, celle qui reproduit tous les jours les valeurs de l'absence de solidarité mais la presse subalterne, la presse médiocre qui s'emploie à démanteler la Solidarité cubaine et fait l'éloge de l'attitude des joueurs de base-ball qui pour 40 millions ou plus, croient qu'il est licite de faire quelque chose - tente de faire peur à sa famille ou insinue sans pudeur que ces médecins er infirmiers partent forcés par "la faim", en échange d'un salaire légèrement supérieur. Pour les cyniques, c'est une réponse qui les tranquillise. Ceux qui haussent les épaules devant chaque désertion parce que, disent-ils, "il faut s'adapter au monde que nous vivions", soupirent, satisfaits.

Comme je ne peux pas dire ce quepense ou sent un médecin cubain qui décide de risquer sa vie, je reproduis la réponse du docteur Ivan Rodriguez Terreno - la sienne pas celle d'une autre personne intéressée - dans une interview accordée à la journaliste Yuliat Acosta pour La Calle del Medio:

"Je suis conscient que c'est une mission à laquelle nous savons que nous allons mais de laquelle nous ne pouvons pas garantir le retour (...) Tes fils ont de la peine mais ils osnt fiers. Ta femme est triste parce que tu t'en vas et souvent, les missions affrontent des milliers de difficultés, mais en même temps, elle est fière. Et que les fils disent: mon papa est allé accomplir une mission dangereuse, cela vaut la peine d'y aller!, sert de stimulant aussi à ta famille.

(...) Quand nous, nous avons parlé de l'ébola, personne n'a demandé: on va nous payer? Jamais cela ne m'a préoccupé. FRegarde, si je m'étais intéressé à l'argent, jaurais dit: non, attends, jen'y vais pas. J'ai déjà eu quelques missions à risque, j'ai le droit d'accomplir une mission compensée par de meilleurs-es conditions. Je te dis plus, j'étais en arrêt maladie, j'ai un doigt de pied fracture, personne ne le sait ici et je me suis dit: j'y vais!

III. Ces médecins et ces joueurs de base-ball, ceux qui refusent les offres qui foulent aux pieds les principes et ceux qui les acceptent vivent dans la même société. Le problème n'est pas que certains veulent gagner plus d'argent, c'est ce qu'ils seraient disposés à faire pour le gagner, ce qui serait remis en échange. Il faudrait arriver à un consensus pour la cuba socialiste que nous voulons et refuser ceux qui construisent la globalisation capitaliste. Les consensus ne sont pas véritables. Fidel est unique mais cela ne signifie pas que nous devions dompter nos rêves. Ceux qui croient que les choses ne pourraient pas exister encore sans lui n'ont pas confiance dans le peuple, dans son histoire héroïque ( et n'ont pas compris Fidel). C'est ce que croit l'impérialisme et à cause de cela, nous pouvons le vaincre. Les centaines de médecins et d'infirmiers qui sont partis en Afrique en sont une preuve irréfutable: dans le peuple, il y a des réserves morales qui attendent, qui ont besoin qu'on fasse appel à elles.

Source en espagnol:

http://www.resumenlatinoamericano.org/?p=6493

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