Cuba: AUTRES DEFIS DES NEGOCIATIONS AVEC LES Etats-Unis
par Esteban Morales
traduction Françoise Lopez
La plus grande réussite de Cuba, jusqu'à présent, est d'avoir réussi à amener les Etats-Unis à la table de négociations. Mais il n'est pas possible d'éluder le fait que ceux -ci ont accepté parce que cela lui permettra d'atteindre, par une voie plus efficace, les mêmes objectifs stratégiques envers Cuba.
Pour cela, Obama a dit qu'il négociera avec Cuba pour que celle-ci adapte son système politique aux lois internationales. Pour que la société civile rompe ses liens avec l'état, pour amener Cuba vers un régime politique qui convienne aux Etats-Unis.
Si nous oublions cela, nous nous faisons des illusions, nous pensons que tout sera maintenant plus facile alors qu'en réalité, tout va être plus difficile.
A quoi Obama fait-il allusion quand il dit cela? Il faut examiner en détails cette affirmation pour comprendre ce que voulait dire Obama.
Peut-être:
1- Cela veut-il dire qu'Obama peut exiger que Cuba adapte son système politique aux paramètres internationaux?
2- Les Etats-Unis sont-ils un modèle de respect des relations internationales?
3- Les Etats-Unis sont-ils un modèle de respect de la démocratie et des droits de l'homme?
4- Les Etats-Unis ont-ils l'autorité morale pour maintenir Cuba sur la liste des pays terroristes?
Il n'est pas difficile de sa rendre compte que les Etats-Unis considèrent comme universelles les valeurs de leur système politique et fait de gros efforts, souvent fort peu pacifiques, pour les appliquer ces valeurs aux autres.
Le "choc" avec Cuba sera sans doute grand. Parce que les Etats-Unis ne sont le modèle de rien et, en plus, ses alliés ont souvent été les pires dictatures du monde, comme en Amérique Latine, créées presque toujours par les Etats-Unis eux-mêmes. De plus, les Etats-Unis conservent des relations étroites avec des régimes qui, comme celui d'arabie Saoudite, n'est pas une démocratie, n'a pas de société civile, ne respecte pas les droits de l'homme.
Cuba ne considère pas son système politique comme parfait. Elle sait qu'il y a beaucoup de points à améliorer dans l'exercice de sa démocratie, qu'elle peut l'améliorer en ce qui concerne les droits de l'homme et le respect des libertés individuelles.
Mais tout cela fait partie de sa souveraineté et ce qui fait partie de ce cadre ne dépend pas de négociations avec les Etats-Unis mais d'un processus interne, souverain, dans lequel les Etats-Unis ne peuvent s'immiscer.
L'autre difficulté des négociations dans ce domaine serait que les Etats-Unis soient disposés à mettre sur la table de négociations les questions de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés individuelles si le but des négociations pourrait être de discuter fraternellement et de travailler pour nous améliorer mutuellement. Ce qui, je pense, pourrait être acceptable pour les deux parties si c'est mis en oeuvre avec sincérité et sans arrogance ni messianisme.
Mais si les Etats-Unis en viennent à imposer des règles à Cuba en termes de démocratie, de droits de l'homme et de libertés individuelles, ils peuvent prendre le chemin du retour.
Je crois qu'il s'agit d'une "subtilité politique" qui, bien gérée dans ces négociations, pourrait avoir des résultats positifs.
Mais il s'agit d'un domaine potentiel des négociations dans lequel les Etats-Unis semblent déjà être parce que madame Jacobson va rencontrer ce qu'on appelle la dissidence. Voyons quel sera son point de vue et jusqu'où le gouvernement cubain est disposé à accepter ce "travail". Pour le moment, madame Jacobson doit avoir été autorisée par le gouvernement cubain à avoir cette réunion à Cuba.
Il s'agit sans doute de l'aspect le plus complexe des négociations entre les deux pays. Où Cuba doit être la plus attentive aux limites qu'elle devra exiger qu'elles soient respecter pour ne pas affecter sa souveraineté. Un domaine qui pourrait compromettre le reste des négociations. Parce qu'il est prouvé que faire certaines concessions aux Etats-Unis dans ce domaine, est extrêmement dangereux pour notre sécurité nationale. Et nous ne pouvons pas oublier que notre sécurité nationale est la proue d'un petit bateau de pêche, alors que celle des Etats-Unis vient sur la prie d'un porte-avions.
De toutes façons, il n'y a pas de négociations sans concessions et les deux pays doivent être disposés à en faire. Il s'agit d'un "donnant donnant" où chacun doit trouver comment satisfaire ses intérêts en portant préjudice le moins possible aux intérêts de l'adversaire.
Et quant aux autres aspects de l'agenda, les deux pays peuvent arriver à des accords relativement plus facilement. Jusqu'à arriver aux aspects de collaboration mutuelle, dans les domaines de l'économie, des finances, des investissements, du commerce, des technologies, de l'éducation, des sciences, des régimes de propriété, de compensation, de l'environnement, de l'interdiction du trafic de drogues, de l'immigration, du régime géographique, de la pêche, du transport, du tourisme, des échanges de Peuple à Peuple, des réglementations diplomatiques, de la collaboration entre les gouvernements, etc... qui peuvent être moins difficiles s'ils sont négociés bilatéralement sans qu'on impose quoi que ce soit et sous les principes du bénéfice mutuel.
Cependant, la volonté politique des deux parties, pour arriver à des accords, joue un rôle essentiel, surtout si prime toujours le principe de tout faire pour rechercher la paix, la compréhension mutuelle et sincère pour obtenir le meilleur pour les deux peuples, avec la ferme vision de ce qui serait perdu pour tous si les deux pays ne sont pas capables de comprendre ce qui ne pourrait être obtenu en revenant en arrière.
Il faut prendre en considération le fait que bien que les pas faits par les deux pays soient de plus en plus populaires et acceptés, l'ennemi des changements est à l'affut pour, à tout moment, faire échouer le processus de plus en plus attendu par beaucoup, pendant plus de 50 ans.
Il y a trop de méfiance accumulée, de préjudices, et même de haine, d'inimitié, de peur, de revanchisme, de vies perdues, blessées, de douleur, qui devraient se transformer en forces pour aplanir le chemin de la compréhension mutuelle et non le rendre plus difficile.
Source en espagnol:
https://miradasencontradas.wordpress.com/2015/01/20/otros-retos-de-la-negociacion-entre-cuba-y-estados-unidos/#more-16139
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