Cuba: Tania Bruguera, UNE VICTOIRE POUR Cuba

Publié le par cubasifranceprovence

par Ramón Bernal Godoy

traduction Françoise Lopez

D'importants médias de presse et d'autres pas aussi importants ont donné une couverture - pas au niveau que désiraient les "intéressés" - à une artiste cubaine nommée Tania Bruguera et à un "spectacle artistique" raté prévu juste sur la Place de la Révolution, à quelques mètres des édifices dans lesquels sont situés plusieurs organismes de l'administration centrale de l'état cubain.

Ce "spectacle" prétendait donner le micro à autant de cubains qui voudraient parler pendant une minute - j'avoue être très inculte parce que pour moi, cela n'a rien de l'art - pour écouter ainsi ce que les Cubains - ceux à qui elle a donné rendez-vous - désireraient exposer sur la Cuba qu'ils souhaitent. Le jour "attendu" arriva et seuls se trouvaient, sur ce lieu symbolique de l'histoire de Cuba les cameramen et leur matériel.

Mais comme nous vivons dans un monde de fous et que Cuba est regardée avec une optique différente que celle avec laquelle on regarde le reste du monde, les médias - dans leur majorité dont les correspondants sont restés ce jour-là en plein soleil - ont manifesté leur "préoccupation" et d'autres, ouvertement engagés dans le schéma subversif contre Cuba ont propagé des messages qui parlaient d'une "grande victoire" d'une "héroïque" femme qui "a mis en lumière" les peurs de la "Dictature", incroyable!

Revoyons ce qui est arrivé et nous verrons largement qui est le véritable gagnant de ce nouvel épisode:

Une artiste d'origine cubaine, formée gratuitement dans nos écoles d'art sort légalement à la fin des années 90 d'une île qui soi-disant était - et ils médisent que c'est encore - une "prison", des années après et après avoir transformé une Biennale de La Havane en provocation politique de la déjà connue Yoani Sánchez, essaie d'échapper à l'anonymat que lui a imposé l'exigeante vie new-yorkaise - lieu où elle réside - et dans un désir désespéré de se mettre en avant - elle et une soeur nommée Deborah - annonce de l'étranger qu'elle viendra à Cuba pour matérialiser son "spectacle" le 30/12, deux jours après que la "prison" lui ait à nouveau ouvert ses portes et l'ait accueillie gentiment.

Les autorités culturelles du "régime" discutent avec elle et bien qu'elles ne partagent pas son projet lui proposent de le réaliser dans un autre endroit (le Musée des Beaux Arts) avec entrée libre pour les individus et la presse, où serait seulement interdite l'entrée de personnes ayant des liens avec des organisations ou des institutions responsables d'actes de violence contre Cuba ou d'actions de déstabilisation (par exemple la FNCA, l'USAID, entre autres), ce qui concordait avec le soi-disant caractère "spontané", "neutre" et "apolitique" de son projet.

Bruguera n'a pas accepté et elle était à Cuba et ne pouvait faire marche arrière avec un projet qui avait été assumé comme sien par une contre-révolution qui, juste ces jours-là, affrontait son pire chagrin: l'annonce de la normalisation des relations Cuba-Etats-Unis. Les intérêts et les pressions étaient déjà trop forts.

Bruguera recourut à ses "amis", à ceux qui -sans le dire publiquement - elle prétendait donner le micro dans sa retentissante "oeuvre d'art", à ceux qui reçoivent un juteux salaire et d'autres prébendes pour dire tous les jours la même chose dans n'importe quel parc de Cuba ou même dans des forums, des réunions privées et des manifestations à l'étranger sans que l'"appareil répressif du régime" les arrête à leur retour. (Tania a contacté Rodiles, futur président de Cuba - selon ses déclarations -, Yoani Sanchez, rivale de Rodiles dans la future détermination de cela et Eliecer Avila - un apatride - ).

La "police politique" de la "Dictature" ne l'a pas arrêtée bien qu'elle sache que ses plus "proches amis" et même elle-même avaient un but plus large que le but artistique, elle ne l'a pas non plus neutralisée en utilisant le large pouvoir de convocation qu'elle possède pour placer dans cette tribune des centaines de jeunes qui s'identifient à l'Histoire, à la Révolution et à l'effort de tout un pays pour améliorer leurs conditions de vie sans renoncer au Socialisme, elle aurait pu transformer cela en un cirque en faveur du Gouvernement lui-même, elle aurait pu ne pas assurer la protection de la manifestation possible et laisser les masses elles-mêmes répondre spontanément à toute provocation, elle aurait pu faire tout cela mais elle ne l'a pas fait...

Tania Bruguera et sa tentative de provocation consciente et amplifiée par des tiers fut une grande victoire. La victoire d'un Gouvernement qui a démontré sa maturité et son respect des lois, qui ne s'est pas laissé provoquer, qui a simplement fait fonctionner les canaux et les niveaux adéquats, qui s'est attaché à ce qui est établi dans son système juridique comme cela arrive tous les jours dans le monde car à aucun endroit, une activité, un spectacle ou n'importe comment qu'on veuille l'appeler, n'est permis sans les démarches adéquates et l'autorisation adéquate, faire le contraire est commettre un délit que ce soit à La Habana ou à Washington, la seule différence est qu'à La Havane, il n'y a pas unepolice qui affronte un mouvement d'"indignés", il n'y a pas de policiers armés jusqu'aux dents frappant ceux qui protestent, il n'y a pas de balles de part et d'autre et beaucoup moins de personnes disparues, il n'y en a pas, au moins à Cuba.

Manipulation, infantilisme et stupidité. C'est de l'immaturité et de la manipulation que de croire que le Gouvernement de La Havane pourrait craindre le fait de poser un micro ouvert, c'est totalement infantile de penser de cette façon quand nous sommes en plein XXI° siècle et quand vous, dans les rues de Cuba, vous entendez des commentaires et des opinions de toute sorte, quand il s'agit d'une société ouverte où précisément en ce moment, il y a une résurgence du sentiment patriotique avec le retour des cinq révolutionnaires cubains et quand le peuple en majorité a applaudi l'effort fait pour normaliser les relations avec le voisin du nord.

Les espaces pour débattre sont largement suffisants, dans nos Universités, nos centres d'études, nos centres de travail, nos rues, nos parcs, où on veut, nous sommes ouvert à cela, que ce soit antre Cubains ou avec les Etasuniens ou les étrangers de n'importe où, rien à cacher beaucoup à dire mais ne nous dissimulons pas les choses, ils ne viennent pas "danser à la maison de la toupie".

Je termine en félicitant Tania Brugueras et #YoTambiénExijo pour la victoire qu'elle nous a permis d'avoir (sans perdant, il n'y a pas de gagnant, non?) mais je leur conseille de ranger leur tente et de changer leur cirque parce que Cuba est Déjà Libre et nous, les Cubains, il y a longtemps que nous disons ce que nous souhaitons et nous avons les rênes de notre destin politique dans nos propres mains.

Je le vois comme ça.

Source en espagnol:

http://miradasencontradas.wordpress.com/2015/01/05/tania-bruguera-una-victoria-para-cuba/#more-16046

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