Argentine: COMMUNIQUE DE LA CHANCELLERIE ADRESSE AUX Etats-Unis ET A Israël
Buenos Aires, 17 févier 2014.
Au nom du peuple de la Nation Argentine je vous fait parvenir les considérations suivantes. L’Argentine exprime son inquiétude face aux divergences de votre gouvernement et de celui de l’Etat d’Israël au sujet des négociations pour trouver un accord qui apaise les tensions sur les questions nucléaires entre les membres permanents du Conseil de Sécurité, plus l’Allemagne et la République Islamique d’Iran.
A ce sujet, je peux seulement réitérer la position de mon gouvernement d’appuyer les négociations en vue d’une issue pacifique des conflits entre les parties concernées. L’Argentine, il faut le rappeler, regrette le refus de votre gouvernement à notre demande d’entamer les discussions avec la République Islamique d’Iran, concernant l’affaire de l’attentat terroriste au siège social de la Mutuelle Juive (AMIA), comme nous l’avions sollicité par écrit le jour même où les négociations sont devenues publiques, alors que précédemment elles étaient maintenues secrètes.
Aujourd’hui je vous sollicite encore une fois pour que les négociations avec la République Islamique d’Iran reprennent. Concernant l’attentat de l’AMIA survenu il y a presque 21 ans et qui a coûté la vie à 85 personnes, dont la plupart étaient des citoyens argentins, nous continuons à croire que le Pouvoir Judiciaire argentin, responsable de ses investigations compte tenu de la séparation des pouvoirs, fera appliquer la loi sur les auteurs de cet acte criminel, cependant, le Pouvoir Judiciaire n’a pas réussi jusqu’à maintenant à arrêter, ni à juger ou condamner les auteurs de cette terrible affaire.
Il est aussi important de rappeler le premier attentat du terrorisme international perpétré dans la République Argentine contre l’Ambassade d’Israël, qui a couté la vie à 29 personnes. Dans ce cas précis, la responsabilité des investigations, selon les lois diplomatiques en cours, revient à la Haute Cour de Justice, laquelle depuis plusieurs années ne donne aucune information, quant aux avancées des investigations.
A des multiples reprises, nous avons fait savoir que l’Argentine n’a aucun intérêt, ni stratégique, ni militaire, ni de renseignements et moins encore d’espionnage au Moyen Orient. Nous sommes opposés par nos valeurs politiques et morales à toute manœuvre visant à générer la violence ou la violation de la souveraineté, de manière ouverte ou cachée. L’Argentine se voit dans l’obligation de réitérer que notre territoire ne sera pas utilisé à des fins géopolitiques et militaire par des pays tiers.
A Monsieur le Secrétaire d’Etat des Etas Unis d’Amérique,
D. Jhon Forbes Kerry
A Monsieur le Ministre des Affaires étrangères de l'Etat d'Israël,
M. Avigdor Lieberman
Le peuple argentin a souffert du terrorisme d'État entre 1976 et 1983 , où des milliers d'Argentins ont été persécutés , torturés, assassinés et ont disparu . Même à ce jour nous ne connaissons pas le sort de 400 enfants nés en captivité et volés par les dictateurs et leurs hommes de main. Cependant, il n'y a pas eu un seul cas de vengeance. Le gouvernement avec le Pouvoir Législatif ont permis l’action du Pouvoir Judiciaire, par ses juges et les lois de notre Constitution, avec les pleins pouvoir et garanties que celle-ci permet, en particulier, le devoir d'un procès équitable et le droit à la légitime défense.
Aucun oppresseur n'est mort en Argentine ou dans un autre pays parce qu'on a fait exploser une bombe sous sa voiture ou un missile visant son domicile ou l’intervention militaire par l'action de l' Etat. L’Etat argentin n'enlève personne, ne transfère pas des êtres humains vers des prisons clandestines ou des camps de rétention. Nous avons simplement à respecter les lois de notre pays et celles du droit international en matière des droits de l’homme.
L’Argentine porte un regard inquiet quant à la forte recrudescence et à la fréquence avec laquelle beaucoup de pays sont utilisés comme un théâtre où les autres Etats mettent en place des conflits pour y intervenir, en fonction de leurs propres intérêts géopolitiques. Nous sommes aussi inquiets de voir comment se mettent en place des mécanismes de propagande ouverte ou cachée pour les mêmes fins. Mon pays refuse de tels actes et souhaite que ne se produisent pas dans son territoire.
L’Argentine a été et restera une terre de rédemption pour des millions de personnes qui ont été persécutés dans leur pays d'origine. Tous ceux qui ont arrivés dans notre Patrie pendant des gouvernements démocratiques ont eu la possibilité de s’intégrer et de progresser. Et plus important encore, ils ont eu la possibilité de vivre libres de toute persécution pour leurs origines, leur ethnie ou leur religion. Lors de mes rencontres avec les dirigeants de ces communautés, il a été rappelé la ferme intention de mon gouvernement d’empêcher que les conflits historiques dans leurs pays d’origine soient réglés en Argentine. Le peuple argentin n’a pas à tolérer, encore moins à souffrir que leur pays soit un théâtre d'opérations politiques, d’intelligence, ou pire, de faits et d' actions plus graves, pour des conflits qui sont complètement étrangers à son histoire, sa culture et ses coutumes.
De même, le Chancelier de la République Argentine sollicite que le personnel diplomatique accrédité dans notre pays respecte les règles et la conduite prescrits par la Convention de Vienne ou la loi locale, dans les cas non régis par cet accord international, en particulier à propos de la non-ingérence dans les affaires intérieures dans les territoires où ils servent.
Monsieur le Ministre,
Je souhaite que nous continuions les échanges sur ces sujets à chacune de nos rencontres et profiter de chaque occasion pour confirmer la volonté de l'Argentine de continuer à renforcer les liens d'amitié entre nos deux pays.
Cordialement.
M. Hector Timerman
Ministre des Affaires étrangères et du Culte
http://argentinosparalavictoria-paris.blogspot.fr/2015/02/communique-de-la-chancellerie-argentine.html