Venezuela: L'EXTREME DROITE RECOIT UN SOUTIEN PERMANENT DES Etats-Unis

Publié le par cubasifranceprovence

27 Février 2015

par Hector Michel Mujica, ambassadeur du Vénézuela en France

L’Amérique latine, malheureusement, depuis le fleuve du Rio Grande jusqu’à la Patagonie, a toujours été pensée par les États-Unis, même par ses Pères fondateurs, comme son arrière-cour. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, après la victoire des alliés contre le nazisme et le fascisme, Union soviétique comprise, la tâche principale des États-Unis a été de recréer les conditions internationales visant à garantir le développement du capitalisme à l’échelle mondiale sous son hégémonie. Dans cette perspective, les organismes multilatéraux ont été des vecteurs très importants. L’Amérique latine a ainsi été sous l’emprise des États-Unis pendant les années 1950, 60, 70 et 80. Cette emprise s’est manifestée par des coups d’État, des interventions directes comme à Grenade, en République dominicaine, en Amérique centrale, etc. Avec la révolution cubaine, on a commencé à voir se développer quelques mouvements pour que l’Amérique latine puisse se doter d’un modèle de développement et d’un système politique différent. Mais Cuba a été isolé. Avec la victoire de Chavez, les choses ont commencé à changer radicalement. Radicalement sur le plan de la politique internationale notamment. L’unité régionale qui a été réalisée sous Chavez avec Lula au Brésil, Nestor Kirchner en Argentine, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur a fait barrage au projet libéral d’accord de libre-échange nord-américain. L’Unasur (Union des nations de l’Amérique du Sud), l’Alba, (Alliance bolivarienne pour les Amériques) ont été mises en place. La Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac) aussi. Le Venezuela a également changé la donne sur les orientations économiques du Mercosur. Ces alliances régionales étaient impensables il y a vingt ans. Cette lutte contre l’emprise néolibérale en Amérique latine a touché fortement l’économie et les populations. Chavez a ouvert le chemin avec ce qu’on appelle au Venezuela aujourd’hui le « modèle ». Un modèle inclusif de développement durable avec la participation des citoyens et des classes populaires. Le contrôle de l’industrie pétrolière par l’État vénézuélien a été et reste la redistribution la plus radicale au monde de la rente pétrolière. Nous avons des faiblesses bien sûr. Il nous faut redémarrer l’industrie. Atteindre la souveraineté agroalimentaire. C’est l’effort que nous sommes en train de soutenir.

Après la mort de Chavez, nous avons dû faire face à des problèmes difficiles. Au sein de notre mouvement la tâche politique a été de garantir l’union des forces bolivariennes face au processus de déstabilisation permanente organisé par l’opposition. Nous n’étions pas préparés à la maladie et à la disparition physique de Chavez. Le coup d’État récent a été manqué, mais Joe Biden, le vice-président américain, a encore reçu récemment à la Maison-Blanche Lilian Tintori, l’épouse de Leopoldo Lopez. Leopoldo Lopez, Antonio Ledezma et Maria Corina Machado font partie de l’extrême droite vénézuélienne. Ils reçoivent un soutien permanent des États-Unis. Leopoldo Lopez, par exemple, a souvent été visité par les missionnaires diplomatiques des ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, etc. Ils reçoivent aussi un appui énorme de la part de ce que l’on appelle au Venezuela l’uribismo, du nom d’Alvaro Uribe, l’ancien président de la Colombie. Je crois que c’est un mouvement de fond qui va continuer. Un autre effort pour nous, c’est de continuer à garantir notre modèle dans les conditions difficiles de la chute des prix pétroliers. Les morts et les dégâts causés par les manifestations « étudiantes » ont aussi été importants.

Nous sommes très favorables au processus actuel entre Cuba et les États-Unis. C’est très bon pour l’Amérique latine et c’est très bon pour le peuple cubain. De même la libération des cinq héros de la révolution cubaine. Mais nous partageons absolument la déclaration faite récemment par le ministre des Affaires étrangères équatorien, M. Ricardo Patino : il ne faudrait pas utiliser ce qui se passe entre La Havane et Washington pour « cibler » un autre pays d’Amérique latine. En fait, il a souligné la nécessité de protéger le Venezuela et les nations de la région de l’ingérence étrangère. « Il est essentiel de protéger le Venezuela non seulement à cause de la gestion souveraine qu’ils doivent avoir du pétrole et de leurs ressources naturelles mais aussi pour éviter une situation qui pourrait affecter la paix de notre région », a dit le ministre des Affaires étrangères équatorien.

Le Venezuela est le cinquième exportateur mondial de pétrole et possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole du monde. Le Venezuela est plus riche en pétrole que l’Arabie saoudite. C’est le rapport annuel de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) qui l’affirme. Le Venezuela disposait en 2011 de 296,5 milliards de barils d’or noir pouvant être exploité. Il dépasse ainsi le royaume saoudien, dont les réserves prouvées sont restées stables à 264,5 milliards.

Or, si je prends un exemple illustratif de ce qui se passe, le Venezuela n’est pas une île, cela le rend vulnérable. Par ailleurs, nous avons beaucoup de pétrole. Cela suscite de violentes convoitises. Transporter le pétrole depuis le Venezuela jusqu’aux côtes des États-Unis met quatre ou cinq jours. Transporter le pétrole depuis les pays du Golfe jusqu’aux États-Unis met trente, voire quarante jours. Pour les États-Unis, le contrôle de l’énergie vénézuélienne a toujours été un problème de premier ordre. C’est le fond de la question. L’autre, c’est qu’au sein des pays sud-américains se développent une politique internationale indépendante et une tentative de trouver des voies de développement inclusives et participatives respectant la souveraineté de chaque État latino-américain, ce qui s’oppose au modèle de la libre entreprise et de la concurrence promu par les États-Unis, particulièrement dans le contexte actuel où ils cherchent à mettre en place des accords de libre-échange transpacifique et transatlantique.

Source:

http://www.humanite.fr/la-strategie-etats-unienne-de-destabilisation-directe-est-elle-de-retour-en-amerique-latine-566810

http://vivavenezuela.over-blog.com/2015/02/l-extreme-droite-venezuelienne-recoit-un-soutien-permanent-des-etats-unis-michel-mujica-ambassadeur-du-venezuela.html