ECONOMIE :LES LECONS DE L'EQUATEUR POUR LA GRECE
12 juin par Remi Vilain
Présent les 10 et 11 juin 2015 à Bruxelles à l’occasion du sommet entre l’Union européenne et la Communauté des États d’Amérique Latine (CELAC), le président équatorien Rafael Correa s’est exprimé au micro d’Eddy Caekelberghs au cours de l’émission Face à l’Info diffusée sur La Première.
Ce fut l’occasion pour lui d’affirmer une nouvelle fois sa position à propos de la capacité d’un État et de son gouvernement d’exercer sans entraves leur souveraineté en déclarant que « L’État doit occuper une juste place, pas ‘plus d’État’ mais ‘mieux d’État’ ».
Interrogé sur la crise européenne, il a également souligné le caractère odieux de la dette grecque.
Arrivé au pouvoir en janvier 2007, Rafael Correa n’avait d’ailleurs pas hésité à constituer dès le mois de juillet une Commission d’audit intégral de la dette de l’Équateur (CAIC) |1| . Composée de plusieurs experts dont le CADTM faisait partie, la CAIC avait permis d’une part d’économiser quelque 7 milliards de dollar |2| et d’autre part de consacrer une proportion beaucoup plus importante de son budget à l’éducation et à la santé plutôt qu’au remboursement de la dette |3|.
Le président de l’Équateur se dit inquiet à propos de la Grèce actuellement enlisée dans des négociations avec ses créanciers qui semblent inextricables. Une situation qui lui rappelle celle dans laquelle se trouvait son pays au début des années 2000 lorsqu’il était sous le joug des deux grandes Institutions financières internationales que sont la Banque mondiale et le FMI. Après les échecs répétés de ces dernières à redresser la situation économique du pays, Rafael Correa avait alors tout bonnement expulsé le représentant permanent de la Banque mondiale en 2007 |4|.
Si la Grèce et Alexis Tsipras n’ont pas évoqué une démarche similaire dans un avenir proche, Rafael Correa a néanmoins tenu à insister sur le caractère odieux de la dette grecque. En effet, depuis que la Grèce s’est vu imposer des politiques d’austérité par les représentants de la Troïka, son PIB a diminué de 25%, alors qu’en parallèle sa dette n’a fait qu’augmenter, constituant à l’heure actuelle plus de 175% de son PIB |5|. Au nom de la dette, d’énormes coupes dans les dépenses publiques ont mené à un taux de chômage record et à une pauvreté quasi généralisée, violant ainsi les droits fondamentaux de la population : la dette peut donc être considérée comme odieuse.
A ce titre, en avril 2015 la Présidente du Parlement grec Zoé Kostantopoulou a lancé une démarche similaire à celle de l’administration Correa en 2007, à savoir une Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque |6| à laquelle le CADTM apporte également son aide. Les premiers résultats de cette commission d’audit sont attendus pour le 18 juin prochain, date à partir de laquelle la Grèce pourrait modifier son rapport de force avec ses créanciers et définir un avenir porteur d’espoir pour le peuple grec et l’ensemble des pays subissant à l’heure actuelle des politiques d’austérité.
Pour écouter l’interview complète de Rafael Correa : http://www.rtbf.be/info/monde/detail_rafael-correa-president-de-l-equateur-le-capital-au-service-du-citoyen?id=9004482
http://cadtm.org/Les-lecons-de-l-Equateur-pour-la,11735