Cuba/Etats-Unis: entre le quoi et le comment

Publié le par cubasifranceprovence

par Iroel Sánchez

traduction Françoise Lopez

Quelques heures avant l'annonce par les gouvernements de Cuba et des Etats-Unis sur la réouverture des ambassades dans leurs capitales respectives, 3 sujets résonnaient dans l'ordre du jour des informations internationales: la diabolisation du gouvernement grec à cause de la soumission à référendum de l'acceptation des propositions de l'Union Européenne sur son économie, les protestations en Espagne contre la Loi Mordaza qui punit fortement l'expression dans la rue et sur internet et la reconnaissance de Cuba en tant que premier pays du monde à avoir éliminé la transmission du VIH de la mère à l'enfant.

Tout cela fut rejeté au second plan par les lettres échangées par les présidents des Etats-Unis et de Cuba, les interventions du président Barack Obama et de son Secrétaire d'Etat John Kerry et la "Déclaration du gouvernement révolutionnaire" faite de La Havane sur l'ouverture des ambassades dans les capitales respectives.

Parmi les choses qu'a dites Barack Obama dans le jardin de la Maison Blanche, il y avait:

"L'avenir de Cuba ne peut pas continuer à être arrêté par ce qui s'est produit dans le passé". Et il s'agit de cela: un choix entre l'avenir et le passé. Les Etats-uniens et les Cubains sont également prêts à avancer."1

"Oui, ce sont ceux qui veulent faire marcher les réveils à l'envers et recommencer une politique d'isolement. Mais il est plus que temps que nous nous rendions compte que ce point de vue ne fonctionne pas. Il n'a pas fonctionné pendant 50 ans. Il ferme les portes de l'avenir de Cuba aux Etats-Unis et ne fait que rendre plus difficile la vie du peuple cubain."

"L'avenir de Cuba ne peut pas continuer à être arrêté par ce qui s'est produit dans le passé. Les Etats-uniens et les Cubains sont également prêts à avancer. Je considère qu'il est temps que le Congrès fasse de même2."

"Il y a des Etats-uniens qui veulent se rendre à Cuba et des entreprises qui veulent investir à Cuba."

"Avec ce changement, nous pouvons augmenter considérablement nos contacts avec le peuple cubain. Nous aurons plus de personnel à notre ambassade et nos diplomates pourront participer de manière plus large dans toute l'île. Cela comprendra le gouvernement cubain, la société civile et les citoyens cubains qui cherchent une vie meilleure."

" Avec ce changement, nous pouvons augmenter considérablement nos contacts avec le peuple cubain. Nous aurons plus de personnel à notre ambassade et nos diplomates pourront se déployer de manière plus large dans toute l'île."

"J'ai dit clairement que nous continuerons à avoir des différents très sérieux qui incluent le soutien durable des Etats-Unis aux valeurs universelles comme la liberté d'expression et d'association et l'accès à l'information. Et nous n'hésiterons pas à protester quand nous verrons qu'on agit contrairement à ces valeurs."

les 2 dernières citations affirment ce que le chercheur Tracey Eaton a déclaré et largement expliqué à La pupila insomne la semaine dernière sur l'augmentation des fonds pour les "programmes de promotion de la démocratie": "Les Etats-Unis vont profiter de l'opportunité d'établir des relations avec Cuba pour continuer ces programmes" et qui apparaît dans des rapports récents du Congrès et du Département d'Etat dont l'évaluation du 25 juin 2015 des Droits de l'Homme pays par pays qui commence en disant: "Cuba est un état autoritaire dirigé par Raùl Castro" et définit comme la principale limitation des Droits de l'Homme dans ce pays "l'incapacité des citoyens à changer de gouvernement". Il semblerait que Washington aspire à ce que le peuple cubain fasse le travail que des milliers de millions de dollars états-uniens investis dans ce harcèlement, la subversion et le terrorisme n'ont pas pu faire.

Malgré cela, les congressistes de Miami n'ont pas tardé à déchaîner leur colère. Ileana Ros-Lehtinen a accusé Obama d'"acheter un héritage". Pour Carlos Curbelo, c'est "un élément de plus dans la liste personnelle du Président Obama pour construire un héritage mais cela ne va pas promouvoir nos intérêts nationaux et témérairement, confère de la légitimité à une dictature militaire absolument illégitime". Et pour Marco Rubio, il s'agit de "concessions unilatérales à ce régime odieux".

Jeb Bush, frère de George W. et qui, comme Rubio, est candidat à la candidature républicaine à la Maison Blanche, a déclaré que "la véritable preuve" de l'efficacité de la politique d'Obama n'est pas "les réussites diplomatiques douteuses mais si l'amélioration des relations entre La Havane et Washington fait avancer la cause des droits de l'homme et la liberté du peuple cubain". La candidate démocrate Hillary Clinton a dit que "la nouvelle ambassade à La Havane nous aide à entrer en contact avec les Cubains et à augmenter nos efforts pour contribuer à des changements positifs. Un bon pas pour les Etats-Unis et pour le peuple cubain."

Le débat sur Cuba entre les élites états-uniennes revient à être sur le comment non sur le quoi et bien sûr, ils déterminent quels changement est positif ou négatif pour nous. Peu importe que la politicaillerie essaie de faire griller les sardines, il est évident que Cuba obtiendra à nouveau une autre victoire: après plus d'un demi-siècle de tentatives de changement par la force du chemin choisi pour les Cubains, les échanges de toutes sortes avec la société cubaine seraient à présent la voie pour rétablir la domination. Nous verrons qui change qui. Ce n'est pas de l'orgueil, c'est de l'histoire : encore assiégée, la Révolution Cubaine a changé l'Amérique Latine et une bonne partie de l'Afrique, contre les politiques de Washington, ou est-ce que les Etats-Unis n'ont pas besoin de changer et que le contact des Nord-américains avec Cuba se fera dans une seule direction?

Pendant ce temps, il n'y a pas d'argent aux Etats-Unis pour faire abroger la Loi Mordaza en Espagne ou pour soutenir le référendum des Grecs. Les programmes qui permettent que les enfants cubains naissent plus sains que les enfants états-uniens continueront de compter seulement sur les subsides accordés par l'Assemblée Nationale de Cuba, un budget qui aura certainement plus de ressources sans le blocus et avec le tourisme nord-américain sur l'île comme Obama a demandé au Congrès de l'autoriser. Publié dans CubAhora)

NOTES:

1La citation exacte est celle-ci: autre (de Cubano-américain) a dit simplement: "l'avenir de Cuba ne peut pas continuer à être arrêté par ce qui s'est produit dans le passé". Et il s'agit de cela: un choix entre l'avenir et le passé.

Les Etats-uniens et les Cubains sont également prêts à avancer. (là, c'est à nouveau Obama qui parle)

2La citation exacte est celle-ci: "Un autre (de Cubano-américain) a dit simplement: "l'avenir de Cuba ne peut pas continuer à être arrêté par ce qui s'est produit dans le passé". Et il s'agit de cela: un choix entre l'avenir et le passé.

Les Etats-uniens et les Cubains sont également prêts à avancer. Je considère qu'il est temps que le Congrès fasse de même." cf la traduction de la déclaration d'Obama par Françoise Lopez sur http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/07/cuba-usa-declaration-de-barack-obama-sur-le-retablissement-des-relations-diplomatiques-avec-cuba.html

Source en espagnol:

https://lapupilainsomne.wordpress.com/2015/07/02/cuba-y-ee-uu-entre-el-que-y-el-como/#more-50090

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