Venezuela: Les raisons de l'exode colombien vers le Venezuela

Publié le par cubasifranceprovence

traduction Françoise Lopez

Caracas, 09 Sep. AVN.- Sur 5 personnes au Venezuela, 1 est née en Colombie. Seulement cette année, 121 000 Colombiens ont décidé - comme 5,6 millions de leurs compatriotes - de rester définitivement en territoire vénézuélien où ils jouissent des droits économiques, politiques et sociaux complets. Mais quelles sont les raisons de cet exode?

En 2013, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a placé la Colombie au second rang des pays qui ont le plus grand nombre de déplacés et de réfugiés à cause de conflits: 5," millions de victimes. En tête de la liste se trouve la Syrie avec 6,5 millions. A la troisième place, on trouve la République Démocratique du Congo avec 2,9 millions, suivie par le Soudan avec 1,8 millions.

Le conflit armé qui, pendant plus d'un demi-siècle, s'est abattu sur le pays voisin figure comme première cause du déplacement. En second lieu, les politiques néo-libérales dans le champ qui ont expulsé les paysans de leurs terres que ce soit à cause de la violence ou les conséquences du Traité de Libre Commerce (TLC) entre la Colombie et les Etats-Unis.

Une étude de la chercheuse Martha Bello, publiée en 2003 prévoyait déjà cette situation. Dans son rapport intitulé "Le déplacement forcé en Colombie: accumulation de capital et exclusion sociale", elle explique que le Traité de Libre Commerce a inondé le marché national de produits importés, une situation qui a créé "une crise sévère dans la paysannerie colombienne".

D'un autre côté, les grands producteurs, pour s'insérer dans le cadre global ont développé de grandes infrastructures dans les champs, commençant de cette manière "le processus d'appropriation avec l'expulsion consécutive de la population installée là ou l'élimination de tout obstacle humain ou légal".

La dévaluation du capital a condamné presque 11% dela population colombienne à errer en tant que déplacés sur leur propre territoire sans la moindre garantie de leurs droits. Au début de septembre, le président de la Fédération Syndicale Agraire (FENSUAGRO), Eberto Díaz, a dénoncé sur Telesur e fait que les politiques du gouvernement colombien ont expulsé de leurs terres plus de 7 millions de paysans.

Il y a une semaine, l'écrivain colombien Sergio Álvarez, dans un article dans El País, a reproché à la Maison de Nariño de se taire face aux politiques agraires "responsables du fait que des milliers de paysans errent sans terre sur la frontière et que beaucoup d'entre eux cherchent dans la délinquance un moyen de survivre".

"Qu'ils cherchent pourquoi la Colombie est un pays qui continue à expulser ses citoyens et pourquoi passent et passent les années et les autorités colombiennes ne sont pas capables de pratiquer des politiques sérieuses de développement et de convivialité sur cette même frontière. Il suffit de dire qu'à La Guajira, au nord de la frontière entre le Venezuela et la Colombie, les enfants meurent de faim et l'état colombien fait très peu pour l'éviter", a déclaré Álvarez.

Mais le panorama social n'est pas non plus encourageant. Entre 2008 et 2013, la Colombie a reculé de 2 places dans l'Indice de Développement Humain (IDH), se plaçant au 98° rang parmi les 168 pays compris dans ce classement. Le Venezuela se trouve en 67° position.

La Colombie occupe aussi la 12° rang dans le classement des pays qui présentent le plus d'inégalités dans les revenus alors que le Venezuela est le pays de toute l'Amérique Latine qui présente le moins d'inégalités grâce à l'investissement social de la Révolution Bolivarienne reconnu par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture pour son efficacité dans la réduction de la faim et dans le combat contre l'extrême pauvreté.

Violation des Droits de l'Homme

La Colombie a été condamnée 15 fois par la Cour Inter-américaine pour violation des Droits de l'Homme, elle a 50 procès ouverts pour disparitions forcées, déplacements, faux positifs et autres crimes d'Etat et - seulement jusqu'en 2011 - environ 234 plaintes en cours.

Ces dernières années, la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme a émis 3 sentences contre l'Etat colombien: une pour déplacement forcé des communautés afro-descendantes sur la côte du fleuve Cacarica, à Chocó après l'action de paramilitaires et de membres des Forces Armées en 1997, une autre pour le massacre de Santo Domingo, une zone rurale de l' Arauca lors duquel sont morts 11 adultes et 6 enfants en 1998 et une troisième pour la disparition forcée de personnes considérées comme suspectes d'avoir participer à la prise du Palais de Justice en 1985 ainsi qu'à l'exécution extra-judiciaire du magistrat Carlos Horacio Urán Rojas.

. La Cour enquête aussi sur une affaire qui implique directement le Chef de l'Etat colombien alors qu'il était ministre de la Défense de l'ex président Álvaro Uribe: les "faux positifs", un euphémisme par lequel on désigne les assassinats extra-judiciaires commis par des membres de l'Armée en échange de bénéfices et de meilleures places.

Actuellement, il y a 5 700 plaintes pour faux positifs, selon la Coordination Colombie-Europe-Etats Unis et la Justice a en cours 3 430 enquêtes pour ces faits. Mais depuis 2007, année pendant laquelle ce sanglant scandale parvint à l'opinion publique, à peine 6 colonels ont été condamnés et aucun général impliqué.

Le dossier s'aggrave avec la découverte de fosses communes comme La Macarena considérée comme la fosse commune la plus grande de la région avec quelques 2 500 ossements humains, produit des exécutions extra-judiciaires de l'armée colombienne et des organisations paramilitaires.

Expulsion forcée

Un rapport de l'ACNUR précise qu'entre 2007 et 2013, le taux d'expulsions dans le pays a augmenté.

Pendant les 9 dernières années, 800 000 citoyens du pays voisin ont émigré au Venezuela et en plus, 150 000 Colombiens passent quotidiennement dans ce pays à la recherche de meilleures conditions de vie.

Le Venezuela, avec ses subventions aux aliements depremière nécessité, ses soins de santé gratuits, ses programmes d'éducation et ses missions sociales en matière de logement offre aux citoyens colombiens la possibilité de s'installer dans le pays pour fuir la faim, la misère et l'exclusion auxquelles sont condamnés les populations les plus vulnérables.

A partir de 2004, un décret promulgué par le Commandant Hugo Chavez a accordé un nouveau droit aux citoyens colombiens qui avaient passé des années dans le pays: le droit à l'identité par l'expédition de cartes d'identité qui enfin, officialisaient leur résidence.

Pour ces raisons, le président Nicolas Maduro a déclaré: "Ici, au Venezuela, il y a du travail, la santé, l'éducation, l'amour et une véritable patrie. Au Venezuela, (les colombiens) ont obtenu une patrie, une raison de vivre et l'amour. Ici, nous n'encourageons pas la haine mais l'amour pour les Colombiens."

Source en espagnol:

http://www.avn.info.ve/contenido/razones-del-éxodo-colombiano-venezuela

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