Venezuela: Une Colombie qui viole les Droits de l'Homme prétend juger le Venezuela!

Publié le par cubasifranceprovence

par Nazareth Balbás (AVN)

traduction Françoise Lopez

Caracas, 03 Sep. AVN.- La nouvelle est tombée mercredi dans la soirée. Dans une allocution, le président colombien, Juan Manuel Santos, annonçait que la Justice de son pays "étudiait sérieusement la possibilité" de dénoncer le Venezuela devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour de soi-disant "crimes contre l'humanité" face à la situation actuelle sur la frontière commune des deux pays.

Le 19 août dernier, 3 membres des Forces Armées Nationales Bolivariennes (FANB) ont été gravement blessés par un groupe de paramilitaires alors qu'ils accomplissaient des actions contre la contrebande d'extraction. Face à cette attaque contre la souveraineté et la sécurité du Venezuela, le chef de l'Etat vénézuélien, Nicolás Maduro, a ordonné de fermer la frontière dans l'état de Tachira, une mesure qui a été étendue jusqu'à nouvel ordre le 21 août.

Pour Santos, cette action souveraine lèse les Colombiens, c'est pourquoi il a menacé de dénoncer le Venezuela "pour la dignité" de ses ressortissants "dans tous les cas possibles".

Les déclarations sont éloquentes. La Colombie, avec plus de 15 condamnations de la Cour Inter)américaine pour violation des Droits de l'Homme, 50 procès ouverts pour disparitions forcées, déplacements, faux positifs et autres crimes d'Etat et - seulement jusqu'en 2011 - autour de 134 plaintes en cours, considère que le gouvernement de Maduro a commis des "actes qui violent le droit international" en fermant la frontière et en exigeant des actions conjointes pour le rétablissement de la normalité dans la zone limitrophe, à peine surveillée par un poste de police du côté colombien.

Sous le gouvernement de Santos, la Cour des Droits de l'Homme a émis au moins 3 sentences contre l'Etat colombien: une pour le déplacement forcé des communautés afro-descendantes sur la côte du fleuve Cariaca, à Chocó après l'action de paramilitaires et de membres des Forces Armées en 1997, une autre pour le massacre de Santo Domingo, une zone rurale de l'Arauca lors duquel sont morts 11 adultes et 6 enfants en 1998 et une troisième pour la disparition forcée de personnes considérées comme suspectes d'avoir participer à la prise du Palais de Justice en 1985 ainsi qu'à l'exécution extra-judiciaire du magistrat Carlos Horacio Urán Rojas.

Mais l'histoire des condamnations ne s'arrête pas là. La Cour enquête aussi sur une affaire qui implique directement le Chef de l'Etat colombien alors qu'il était ministre de la Défense de l'ex président Álvaro Uribe: les "faux positifs", un euphémisme par lequel on désigne les assassinats extra-judiciaires commis par des membres de l'Armée en échange de bénéfices et de meilleures places.

actuellement, il y a 5 700 plaintes pour faux positifs, selon la Coordination Colombie-Europe-Etats Unis et la Justice a en cours 3 430 enquêtes pour ces faits. Mais depuis 2007, année pendant laquelle ce sanglant scandale parvint à l'opinion publique, à peine 6 colonels ont été condamnés et aucun général impliqué.

Le dossier s'aggrave si on tient compte qu'alors que Santos faisait partie du cabinet d'Uribe, on a découvert La Macarena, la fosse commune la plus grande de la région avec quelques 2 500 ossements humains, produit des exécutions extra-judiciaires de l'armée colombienne et des organisations paramilitaires.

L'utilisation de fours crématoires en tant que politique s'est également institutionnalisé, ainsi que l'a avoué l'ex chef paramilitaire Salvatore Mancuso lui-même, selon le sentence de Justice et Paix dans laquelle sont relatées les horreurs des blocs de ce qu'on appelle "l'autodéfense" de Córdoba, Catatumbo, Norte et Héroes de los Montes de María ont commis dans 8 départements. Le bilan mortel, rapporté par le journal El Tiempo à la fin de l'année dernière, fut de 94 massacres, 975 victimes de disparitions forcées, 7 048 personnes qui ont quitté leur logement, 140 homicides et 150 enfants recrutés.

Sur les presque 1 000 corps que les paramilitaires de Mancuso ont fait diparaître, selon la sentence, il est au moins "improbable que 560 en soient récupérés". Alors que 25% des victimes ont été enterrées dans des fosses clandestines, 6% ont été incinérées.

La violence en Colombie, monnaie courante depuis plus d'un demi-siècle de conflit armé, a aussi provoqué le déplacement de plus de 5 000 000 de Colombiens sur leur propre territoire, généralement pour renforcer l'appropriation illégitime de terres des paysans.

Un rapport de l'ACNUR précise, de plus, qu'entre 2007 et 2013 - une période qui comprend une bonne partie des gouvernements de Santos - le taux d'expulsions a augmenté dans le pays.

Parallèlement, beaucoup de Colombiens ont émigré hors de leur pays d'origine. Au Venezuela vivent plus de 5 600 000 citoyens colombiens qui ont été inclus dans le système de protection sociale de l'Etat vénézuélien. Seulement pendant les 9 dernières années, 800 000 citoyens du pays voisin ont émigré au Venezuela et en plus, 150 000 Colombiens passent quotidiennement dans ce pays à la recherche de meilleures conditions de vie.

Face à ce panorama, Maduro a demandé le soutien du secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Ban Ki-Moon pour arrêter l'exode humanitaire massif de citoyens colombiens vers le Venezuela et a réitéré son appel à son homologue colombien pour une réunion bilatérale.

La demande de Maduro avait été iignorée jusqu'à ce jeudi , quand Santos a assuré qu'il verrait le Chef de l'Etat vénézuélien face à face seulement si celui-ci "remplissait" ses conditions. La position belliqueuse de Bogotá contre Caracas est allée en augmentant depuis la défaite diplomatique qu'a essyuée la délégation colombienne au sein de l'Organisation des Etats Américains (OEA) om la motion d'une réunion des chancleiers pour aborder la situation à la frontière a été rejetée.

Pour Santos, la décision de l'OEA a obéi "plus à l'idéologie et aux intérêts monétaires qu'aux raisons humanitaires".

Après ce revers, à la Maison de Nariño on a même refusé d'assister à un sommet de l'Union des Nations Sud-américaines (UNASUR). Face à cela, le secrétaire de cet organisme, le Colombien Ernesto Samper, a renouvelé son appel à résoudre ce différend de manière bilaérale.

Source en espagnol:

http://www.avn.info.ve/contenido/una-reprobada-colombia-ddhh-pretende-juzgar-venezuela

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