Cuba: Les Cubains au Costa Rica dans l'attente d'une solution

Publié le par cubasifranceprovence

par Jorge Legañoa Alonso

traduction Françoise Lopez

La Habana, 23 nov (ACN) - Un climat tranquille, c'est ainsi que le journal La Prensa Libre, du Costa Rica décrit l'ambiance dans laquelle les cubains qui restent dans le sparages du passage frontalier de Peñas Blancas avec le Nicaragua attendent une solution à la situation migratoire complexe créée dans ce pays d'Amérique Centrale.

Ce témoignage coïncide avec les déclarations faites à ce reporter à Cuba par certains membres des familles des migrants bien qu'ils aient préféré garder l'anonymat. ils ont signalé que le groupe de plus de 2 500 personnes est hébergé dans des lieux créés par le gouvernement, la Croix Rouge du Costa Rica et les églises de cette zone qui garantissent les besoins en eau, en aliments et en soins médicaux.

Ils sont en bonne santé, a assuré le journal La Nación de ce pays et il a souligné qu'ils attendent des nouvelles de la réunion de ce mardi des chanceliers d'Amérique Centrale au Salvador à laquelle sont invités le Mexique, Cuba, l'Equateur et la Colombie pour chercher des solutions à ce problème.

Les médias locaux ont rapporté des images de calme, même de certains jouant aux cartes, aux dominos, discutant ou faisant de petits achats.

Cependant, la situation se tend chaque jour car selon les autorités frontalières du Costa Rica, le rythme des arrivées était de 40personnes par jour jusqu'à la semaine dernière mais mardi 17 novembre, on a enregistré 62 personnes, mercredi 136 et jeudi et vendredi plus de 200 personnes.

Les Cubains sont sortis légalement de l'île par la voie aérienne vers différents pays sud-américains comme l'Equateur où on n'exige pas de visa et de là, ils ont voyagé de façon illégale en passant par la Colombie et le Panama jusqu'au Costa Rica en transit pour les Etats-Unis où ils viennent, attirés par la Loi d'ajustement Cubain et la politique des pieds secs-pieds mouillés.

Consulté par internet, José Pertierra, un avocat spécialisé dans les affaires migratoires a souligné à l'Agence Cubaine d'Informations (ACN) depuis la capitale états-unienne que le désir d'émigrer aux Etats-Unis est très courant parmi les latino-américains "parce que le niveau de vie dans ce pays est beaucoup plus élevé que dans le reste du continent: l'aimant qui les attire est économique".

Cependant, dit-il, beaucoup arrivent dans ce pays mais peu arrivent à obtenir des papiers, ils vivent en marge de la Loi et sont poursuivis, au point que le Département de la Sécurité a engagé plusieurs prisons privées pour emprisonner les sans-papiers, même des femmes et des enfants.

Mais les règles du jeu sont différentes pour les Cuabins car depuis 1966, les Etats-Unis ont essayé de stimuler l'émigration illégale de l'Ile dans le but de déstabiliser la Révolution. Le résultat est une anomalie: alors que la patrouille de la frontière poursuit, emprisonne, commet des abus et essaie de déporter les sans-papiers latino-américains, ils récompensent les Cubains, note Pertierra.

Selon l'avocat, la Loi d'Ajustement Cubain et l'application de ce qu'on appelle la politique des pieds secs-pieds mouillés constitue un traitement différencié et unique au monde qui permet que les Cubains, sans tenir compte de la voie qu'ils ont empruntée pour arriver en territoire nord-américain voient leur cas immédiatement traité et deviennent éligibles aux aides pour le logement et les aliments, la sécurité sociale du gouvernement et après un an et un jour, on leur accorde la fameuse "carte verte", la résidence permanente.

Dans ce contexte, Laura Dogu, ambassadrice de Washington au Nicaragua, a signalé récemment à la presse de ce pays: "Les États-Unis vont leur donner le droit de vivre - aux Cubains - s'ils arrivent aux États-Unis, maintenant, ils sont dans d'autres pays et ceux-ci ont la responsabilité de prendre soin de ces émigrants qui passent par leur territoire".

Selon des données d'un récent rapport du Pew Research Center - un think tank qui a son siège à Washington DC - entre le 1° octobre 2014 et la fin juin de cette année, 27 296 Cubains sont entrés aux Etats-Unis dont les 2 tiers par les passages frontaliers du Mexique avec l'état nord-américain du Texas après s'être rendus au Mexique, en Amérique Centrale, en Colombie, en Equateur et dans d'autres pays de façon illégale, 66% de plus que pendant la même période de l'année précédente.

Après les événements du 17 décembre et dans le contexte d'un cheminement vers la normalisation des relations entre Cuba et les Etats Unis, on a spéculé sur l'élimination de la Loi d'Ajustement Cubain, de la politique des pieds secs-pieds mouillés et du programme de visas sur parole pour les professionnels de la médecine de l'Ile qui abandonnent leur mission à l'étranger et se rendent dans ce pays.

Des questions que John Kerry le Secrétaire d'Etat nord-américain lui-même s'est chargé d'éclaircir à La Havane le 14 août dernier: "Nous n'avons aucun plan pour modifier les politiques de migration envers Cuba", une position qu'ont réaffirmée de nombreux fonctionnaires du gouvernement de Barack Obama ces derniers jours.

Ironiquement, a commenté Pertierra, la Loi d'Ajustement est un obstacle à ce que les Cubains puissent recevoir des visas de visite - visa B-2 - dans le pays nord-américain car un élément essentiel est de pouvoir établir que le touriste a un domicile dans son pays où il compte retourner.

"Le consul sait que s'il accorde le B-2, beaucoup de touristes invoquent la Loi d'Ajustement et ne rentrent pas à Cuba. en conséquence, on leur refuse le visa pour qu'ils puissent aller légalement aux Etats-Unis mais s'ils se risquent à essayer d'y aller illégalement, s'ils s'exposent aux requins dans les Caraïbes ou aux coyotes dans le désert, alors, ils reçoivent des papiers et une assistance économique", a-t-il noté.

Sans l'existence de la Loi d'Ajustement, il serait plus facile d'avoir un visa pour se rendre aux Etats-Unis et aussi moins dangereux, a conclu Pertierra.

Au bouclage de cette information, la direction des Affaires consulaires et des Cubains Résidant à l'Etranger de la Chancellerie antillaise a réaffirmé à ACN que son ambassade à San José, Costa Rica, continue à attendre des nouvelles des Cubains qui sont là depuis plus d'une semaine et a informé que la légation a facilité aux autorités migratoires costariciennes l'octroi de papiers aux Cubains qui n'en ont pas.

Les autorités de La Havane sont aussi restées en contact permanent avec les Gouvernements des pays impliqués pour trouver une solution rapide et adéquate qui prenne en considération le bien-être des citoyens et ont mis en évidence l'engagement de l'Ile envers une migration légale, sûre et dans l'ordre.

Une preuve en fut la récent voyage du chancelier de Cuba, Bruno Rodríguez Parrilla, en Equateur et au Nicaragua, où il a été reçu par leurs présidents respectifs, les camarades Rafael Correa et Daniel Ortega avec lesquels il a traité des sujets de l'ordre du jour bilatéral et régional, y compris les sujets migratoires.

Source en espagnol:

http://www.yohandry.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3140:cubanos-en-costa-rica-a-la-espera-de-una-solucion&catid=52:cuba

ou

http://www.acn.cu/cuba/14437-cubanos-en-costa-rica-a-la-espera-de-una-solucion

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