Venezuela: L'opposition a un plan pour privatiser les services publics
traduction Françoise Lopez
Caracas, 13 Nov. AVN.- La proposition de l'opposition à l'Assemblée Nationale en vue des élections du 6 décembre prochain est de légiférer pour promouvoir la privatisation des services publics. Dans cette proposition, il y a des euphémismes mais pas de demi-teintes: le "changement" signifie le retour au néo-libéralisme.
Un coup d'oeil sur ce qui s'intitule Offre législative pour le changement, publiée sur internet, montre que la remise du pays entre des mains privées en est l'axe transversal. Dans le point 6 du plan, la droite parle de "supprimer" le contrôle de l'Etat dans la prestation des services publics - actuellement subventionnés - et de leur substituer, par contre, des "associations stratégiques avec des entreprises privées ou mixtes par l'octroi de concessions".
L'excuse pour privatiser les services est le soi-disant "préjudice de ceux-ci" dans des mains publiques, c'est pourquoi ils proposent, de plus, d'accorder des "travaux commela viabilité, les aqueducs, le ramassage des ordures, les ports et les aéroports" à des associations avec le secteur privé par une loi d'alliances.
"Par cette loi, on permettrait et on encouragerait des entreprises privées associées à l'Etat à développer des travaux de grande envergure avec un financement multilatéral qui serait surpayé par l'exploitation de concessions", selon le texte signé par les députés de l'opposition. Pour la droite, le retour à un modèle qui réduit l'investissement publique au profit des entreprises privées est le "changement" parce que, allèguent-ils, "en Amérique Latine, il n'y a pas assez de ressources pour financer ces travaux chers".
Derrière cet argument, il y a non seulement une méconnaissance des investissements pour le développement réalisées par le gouvernement Bolivarien mais l'intention de réduire les ressources destinées par l'Etat à des travaux d'intérêt public, considérés par les secteurs conservateurs comme une "dépense" inutile.
Logement précaire`Ùn exemple de cet investissement de grande envergure est la Grande Mission Logement Venezuela, un programme créé par le Gouvernement Bolivarien qui prévoit de remettre 1 million de logements fin 2015, en particulier aux plus vulnérables et de solder en 2019 la dette historique en logement qu'accumule le apys depuis les années 60 avec l'attribution de 3 millions de maisons.
Mais sur ce programme en particulier, la vision de la droite est prévisible: le retour à ce qu'on appelle les "solutions pour le logement" de la Quatrième République au lieu de garantir la remise de logements dignes comme ceux construits par la Révolution Bolivarienne.
Selon ce document, une majorité d'opposition à l'Assemblée Nationale créerait une loi qui "inclurait l'idée des foyers semences" qui consiste seulement à contribuer à l'édification d'une "structure minimum" d'habitation "avec la co-participation de l'entreprise privée par des crédits à la construction" qui dans l'avenir ne pourraient qu'être agrandies de façon modulée". C'est à dire passer du logement digne à la ferme mal planifiée et dans des conditions d'entassement.
A nouveau, l'argument d el'opposition pour mutiler le programme de logements et donner le monopole des crédits à la banque privée est que les ressources "ne fisnissent pas dans les mains inefficaces de l'Etat", une raison qu'ils invoquent aussi pour voter contre l’assignation pré-budgétaire qui a besoin d'un plan chaque fois qu'on la demande au Parlement.
Retour en arrière dans le domaine du travail
Dans cette ligne de retour en arrière s'inscrit aussi ce qu'on appelle la Loi pour l'augmentation de la productivité. Par cet instrument juridique, l'opposition propose de précariser le travail et de donner une meilleure "sécurité juridique" aux employeurs pour qu'ils "investissent facilement et rapidement leurs capitaux", une règlementation qui aurait comme couronnement les baisses d'impôts pour les riches.
Cette règlementation conduirait au démantèlement de la Loi Organique du Travail des Travailleurs et des Travailleuses (LOTTT) approuvée en 2011 par le Commandant Hugo Chávez pour récupérer les bénéfices volés dans les années 90 à la classe ouvrière par le gouvernement conservateur de Rafael Caldera, qui la promut aves les directions syndicales et des entreprises avec l'argument d'"améliorer le productivité". Les résultats de cette politique à la find u siècle dernier furent un taux de chômage supérieur à 20%, le gel des salaires, une décroissance économique de 4,8% en 1998 et 85% de pauvreté atroce et misérable.
Bien que Caldera ait eu confiance dans le fait que les chefs d'entreprises allaient "répondre à leur engagement sacré d'ouvrir de nouvelles voies de te nouveaux moyens de rémunération aux travailleurs vénézuéliens", les salaires restèrent identiques, bas et insuffisants pour couvrir les besoins minimaux de la population.
En 1998, la salaire minimum de 100 000 bolivars couvrait à peine 45,89% du panier de la ménagère et l'année d'avant, l'alerte avait été lancée: le volume de vente des aliments avait diminué de 35% et 1 million et demi d'enfants de moins de 6 ans souffraient de malnutrition.
Tout pour l'entreprise
Dans le remake parlementaire des années 90, l'alliance de droite envisage aujourd'hui d'éliminer les lois qui pénalisent les chefs d'entreprises qui pratiquent des délits comme l'usure, la spéculation ou l'accaparement, des mécanismes utilisés en ce moment par les secteurs les plus puissants du pays dans la guerre éconoqiue contre le peuple pour affaiblir le président Nicolás Maduro.
L'élimination de la Loi de Sécurité Alimentaire et de la Loi sur les Prix Justes figure aussi dans les prévisions législatives de l'opposition car ils considèrent qu'elles "rendent difficile la circulation des biens". Ces instruments, mis en oeuvre par la Révolution, ont pour but deprotéger la bourse du Vénézuélien face à la menace inflationniste développée par le secteur des entreprises.
"Enfin, elle rendrait sans effet la déclaration d'utilité publique", note le document dans lequel on demande de "revenir sur les procédures d'expropriation" avec des "stimulants fiscaux et des accords d'indemnisation" du capital et on défend la suppression des lois qui permettent à l'Etat d'intervenir dans les entreprises dans l'intérêt du peuple.
Si ces outils juridiques n'avaient pas existé, il aurait été impossible, par exemple, de récupérer le centre de Caracas après l'expropriation des édifices historiques qui étaient devenus des commerces, de nationaliser la Banque du Venezuela, ou de récupérer la Bande de l'Orénoque, l'Electricité de Caracas (auparavant gérée par la capitale états-unienne), de contrôler le secteur du transport de combustible de Petróleos de Venezuela ou d'acquérir les complexes urbains par lesquels ont été gérés l'escroquerie immobilière en 2010 et qui ensuite a permis, avec l'action de l'Etat, la remise de ces biens à plus de 200 000 familles dans le besoin.
Dans le cas particulier des escroqueries immobilières, on a démontré en 2010 que des députés de l'opposition étaient étroitement liés à la fraude des familles. Parmi ceux-ci, il y avait le parlementaire de droite Eduardo Gómez Sigala qui postule aux prochaines élections du 6 décembre en marge de l'alliance d'opposition après que la Table de l'Unité Démocratique lui ait refusé l'investiture au profit d'Alfredo Marquina, d'Un Nuevo Tiempo (UNT).
En plus dans ce document, aussi peu promu que les candidats de droite, on expose sans ménagements les "énoncés et les contenus généraux des principales lois et des principales actions législatives que peut exécuter une Assemblée Nationale avec une majorité d'opposition" qui dit être porteuse du "changement" dans une campagne électorale qui commence officiellement ce vendredi.
Source en espagnol:
http://www.avn.info.ve/node/329529
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