Cuba: Peu de fronts froids, moins de langoustes
« Faire contre mauvaise fortune, bon cœur… », un proverbe qui va comme un gant à l’industrie de la pêche
Auteur: Katheryn Felipe González | informacion@granma.cu
8 janvier 2016 18:01:51
L’Entreprise de pêche industrielle La Coloma est la plus importante société de pêche à la langouste et à la bonite à Cuba. Photo: Alberto Borrego
« Faire contre mauvaise fortune, bon cœur… », un proverbe qui va comme un gant à l’industrie de la pêche. Alors que 2015 n'a pas attiré la quantité attendue de langoustes sur les côtes cubaines, en ce début d’année, la plus grande entreprise de pêche à la langouste cherche des solutions alternatives pour satisfaire les demandes de ce crustacé sur le marché intérieur.
Ainsi, l’entreprise de pêche industrielle La Coloma (Epicol), située dans le sud de Pinar del Rio, a enregistré une baisse dans sa production de l’ordre de 300 tonnes dans la pêche à la langouste, dont elle exporte normalement entre 90 et 95%, le reste étant destiné au secteur du tourisme.
Selon la directrice de la production, de la technologie et de la qualité, Midalys Naranjo, le déficit est dû au manque de fronts froids, qui a empêché la langouste de venir vers la surface dans les mois de pêche. En 2016, a-t-elle expliqué, les 2 123 tonnes prévues devraient être atteintes.
S’il est vrai que la langouste est le principal produit d'exportation de La Coloma, à partir de la hausse du tourisme à Cuba en 2015, « la priorité a été donnée au marché interne, qui a été la principale destination de la langouste », a-t-elle indiqué.
À cet égard, même si Cuba est une île, ses côtes ne sont pas très poissonneuses. « Aujourd'hui, la priorité de la pêche est le marché intérieur, car le touriste qui vient à Cuba demande du poisson », affirme-t-elle à Granma international.
C’est pourquoi, a ajouté la spécialiste, les meilleures prises de n’importe qu’elle espèce sont envoyées vers le tourisme sous différentes formes: poissons éviscérés, écaillés, panés ou en filet ou dans une moindre mesure, haché.
Selon Naranjo, la plupart de la flotte de La Coloma (63 bateaux) est mise à disposition de la pêche à la langouste, un produit exporté principalement vers la Chine, le Japon et le Canada. Pour ce qui est de la vente au public, ajoute-t-elle, seule la chair de la tête sont distribuées, et en faibles quantités.
La flotte d’Epicol est complétée par 16 thoniers, 25 bateaux pour les poissons à écailles, 3 pour les huîtres et un bateau de pêche à l’holothurie. Par ailleurs, de par sa position géographique privilégiée dans le triangle de pêche de l'île, la Coloma assure également les plus grandes productions de bonite.
Cependant, la principale ressource d’Epicol ayant subi des dommages, toute la production industrielle en a été affectée, ainsi que le chiffre d'affaires de l’entreprise, qui emploie environ 2 000 travailleurs.
LA BONITE EN HAUSSE
En ce qui concerne les thonidés, comme la bonite, les 720 tonnes de capture prévues par le plan ont été dépassées. Les captures ont été en partie destinées au marché en devises et avec une représentation assez forte sur le marché intérieur.
L'amélioration de ces résultats spécifiques est due à des investissements pour l'achat de quatre thoniers, dont deux sont déjà en service et deux autres qui seront opérationnels en 2016.
Pour ce qui est des poissons à écailles – qui concernent le reste des espèces de poissons –, 1 273 tonnes avaient été prévues pour 2015, objectif qui a été atteint grâce à une main-d’oeuvre hautement qualifiée, dont 96% en provenance de la communauté de pêcheurs La Coloma.
Appartenant au groupe d'affaires de l'industrie alimentaire, l'entreprise créée en 2011, classe les poissons selon une échelle de sept groupes, en fonction de la qualité des écailles.
Dans le premier, par exemple, se trouvent le pagre, le thazard et le mérou, puis, le vivaneau ou la biajaiba – qui sont savoureux, mais petits. On pourrait continuer ainsi jusqu'à sept groupes où se trouvent la sardine et le hareng, entre autres.
Ces derniers sont vendus à la population. Midalys Naranjo ajoute que d’importantes captures ont été effectuées en 2015, mais dans les groupes cinq, six et sept, qui sont meilleurs pour le conditionnement.
FACE À LA PRODUCTION INDUSTRIELLE
Naranjo a souligné qu’au départ la société ne se consacrait qu’à la pêche à la langouste et à la bonite. Mais, avec la hausse de la production, les investissements ont été augmentés, notamment pour le traitement du poisson et la production de croquettes, de hamburgers ou quenelles.
Avec de nouvelles productions incorporés à son objet social, le versant industriel d’Epicol affiche des niveaux élevés de production et poursuit la diversification de ses offres, tout en suivant une stratégie visant à mieux utiliser les espèces de moindre qualité dans des produits hachés ou conditionnés.
En ce qui concerne les difficultés technologiques, la priorité est accordée aux conditions industrielles de l’entreprise à travers l’achat d’équipements chinois, notamment de réfrigération.
« La Coloma produisait auparavant de la bonite en conserve pour l’ensemble du pays, cependant l'emballage utilisé ne peut pas être fabriqué actuellement à Cuba et son importation augmenterait le coût du produit, si bien qu’en 2016 une expérience sera menée pour la fabrication de conserves », a affirmé Naranjo.
Et de souligner qu'une nouvelle ligne de conserves en sachets découpables sera mise en service dans les prochains mois, avec des darnes de bonites et des sardines.
Grâce aux machines sous vide déjà achetées, cette technologie sera également utilisée pour donner une meilleure finition à d'autres produits tels que les hamburgers.
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