Argentine-Venezuela: les coups d'Etat du XXI° siècle
par Stella Calloni / Resumen Latinoamericano /2 février 2016.-
traduction Françoise Lopez
Qu'arriverait-il si une majorité républicaine aux Etats-Unis disait qu'il serait "irresponsable" de laisser terminer son mandat au président du Parti Démocrate Barack Obama? Qu'arriverait-il si la majorité parlementaire argentine disait qu'il serait "irresponsable" de laisser continuer un gouvernement comme celui de Mauricio Macri qui fonctionne par Décrets de Nécessité et d'Urgence, détruisant la loi et les institution, réprimant un peuple auquel il a menti impunément pendant la campagne électorale?
Le 29 janvier dernier, le président de l'Assemblée Nationale du Venezuela Henry Ramos Allup a affirmé qu'il serait "irresponsable" de laisser terminer son mandat au président Nicolás Maduro et en plus, a averti que si le président continue à gouverner, son successeur héritera d'un "cimetière" devant lequel il a soutenu - sans aucune limite - qu'au mois de juin, l'opposition choisira une façon légale pour changer le Gouvernement.
Enhardi par la protection de l'empire, il a dit que "la vérité est que je ne veux pas que cela dure 3 ans de plus ainsi, de pire en pire parce que, que va-t-il se passer à la fin? Si tu peux donner un remède à une maladie avant que la mort n'arrive, alors, tu donnes le remède, ça paraît évident." Que diront les européens civilisés qui soutiennent tant leurs amis vénézuéliens "démocrates", putschistes?
Les questions initiales sont plus que bonnes face aux nouveautés de ces derniers temps, quand nous assistons à de nouveaux schémas de coups d'Etat plus que doux et secrets à visage découvert comme c'est arrivé en Argentine avec la constitution d'un véritable gouvernement de fait surgi des élections et au Venezuela où l'opposition majoritaire à l'Assemblée Nationale a un président qui "chante le coup d'Etat" avec la brutalité qui caractérise les "nouvelles droites".
Ramos Allup soutient qu'ils se proposent d'en finir avec le gouvernement de Maduro avant 6 mois sans que le secrétaire général de l'Organisation des Etats Américains, Luis Almagro, ne dise rien de ce putschisme ouvert et dépouillé.
Quelques jours plus tôt, le même Ramos Allup a assuré que devant la gravité de la crise économique, il ne voit pas Maduro finir son mandat. "Je le vois très mal, je ne sais pas si à la fin de l'année, parce qu'il n'est pas possible encore de donner un jour précis mais moi, à ce rythme, je ne le vois pas arriver à la fin de la période constitutionnelle".
C'est la confession publique du fait qu'ils ne sont venus à l'Assemblée Nationale que pour empêcher Maduro de gouverner en demandant de soutenir les nouvelles lois que présentera la majorité d'opposition pour tenter de porter un coup final à ce qui a été fait depuis le coup d'Etat de 2002.
Curieuse situation de putschisme permanent au Venezuela qui est passé par les rues endeuillées par la mort et les destructions après cette déclaration publique de Leopoldo López - qui n'est pas un prisonnier politique - au début d'une nouvelle tentative de coup d'Etat intitulé "La Sortie" avec des manifestations violentes soi-disant étudiantes (en cachant les paramilitaires colombiens qui y ont participé activement) au début de 2014 quand il adit qu'ils ne s'en iraient pas des rues "tant que Maduro n'est pas parti", une déclaration putschiste s'il en est.
43 morts, presque un millier de blessés, des millions de pesos de destructions d'édifices, d'universités et autres, ce fut le bilan criminel de "La Sortié". Les putschistes éternels qui ont désapprovisionné le pays, volé des millions de dollars d'essence, d'aliments, de médicaments et autres avec la complicité de paramilitaires colombiens qui, en plus de tuer dans leur pays, assassinent sans pité au Venezuela, comme c'est arrivé ces jours-ci avec l'assassinat du journaliste Ricardo Durán...
Le journaliste Durán travaillait pour la chaîne d'Etat Venezolana de Televisión (VTV), était chef du service de presse du gouvernement du District de la Capitale. Il a travaillé comme directeur de la Communication et de l'Information de l'Assemblée Nationale et a été lauréat du Prix National de Journalisme en 2009. Le journal d'opposition El Universal a soutenu qu'il fut un des journalistes clefs en faisant connaître "ce qui est arrivé pendant les journées d'avril 2002 depuis les installations même de la chaîne alors que régnait la confusion quand le président de l'époque, Hugo Chávez, fut destitué".
Quelle délicatesse de la part de l'Universal d'utiliser le mot "destitué" quand Chávez fut enlevé pendant un brutal coup d'Etat civique et militaire.
Il faut rappeler ce qui est arrivé (octobre 2014) avec l'assassinat, les tortures préalables, du jeune député du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) Robert Serra et de María Herrera sa compagne, en plus d'autres crimes brutaux de "l'opposition démocratique" et les sabotages contre le pays qui avait bien avancé dans la récupération sociale de sa population comme l'ont admis les organismes internationaux.
Ces crimes font partie du putschisme et de l'ingérence des Etats-Unis qui depuis longtemps menace d'envahir ce pays, finance, conseille et dirige une opposition mercenaire et le para-militarisme médiatique qui les sert. Des millions de dollars ont été répartis au Venezuela et en Argentine pour "orienter" les campagnes électorales. C'est de l'ingérence et de la corruption et c'est la pire fraude contre nos gouvernements et contre nos peuples. L'offensive avance vers le Brésil, la Bolivie, l'Equateur.
Macri ou l'invention d'un président
En Argentine, le "modèle démocratique" de Mauricio Macri a entrepris une démolition brutale de tout ce qu ele pays avait rebâti , en particulier l'Etat qui, en 2001, s'est effondré dans la crise économique et politique la plus dure de l'histoire du pays.
Gouvernant depuis le 10 décembre dernier par Décrets de Nécessité et d'Urgence (DNU), violant les lois et la Constitution, conduisant le pays sur une voie qui signifie non seulement la destruction de ce qui a coûté des années à construire avec des morts et des sacrifices, Macri commence à gouverner en remettant l'Argentine au pouvoir hégémonique mondial, aux organismes sinistres comme le Fonds Monétaire International, ce dont s'enorgueillit le ministre des Finances Alfonso Prat Gay, un employé de banques et d'institutions étrangères reconnaissant.
Macri non seulement soutient le putschisme contre le Venezuela mais s'est transformé hypocritement en "défenseur des droits de l'homme dans ce pays". C'est le même président qui détruit tous les droits du peuple argentin en violant les droits de l'homme, les droits sociaux et politiques, en tenant de revenir dur tout ce qui a été fait contre les responsables des crimes contre l'humanité pendant la dernière dictature, une chose tellement appréciée dans le monde.
"Rapidement et furieusement", il attaque tout vestige de défense et de droit obtenu par le peuple après la campagne médiatique terroriste dirigée par le groupe de monopole Clarín, maître de tous les espaces de communication les plus importants au niveau national et le plus favorisé par le gouvernement de Macri.
La persécution du groupe de Clarín contre l'ex présidente Cristina Fernández de Kirchner n'a pas de comparaison dans l'histoire.
Le putschisme actuel en Argentine a commencé le jour même de l'ascension de Macri, un chef d'entreprise d'extrême droite qui, depuis 2007 (selon Wikileaks) a offert ses services à l'ambassade des Etats-Unis ici. L'offensive putschiste a commencé avec des décrets qui ont déterminé l'intervention, de moyens totalement illégaux comme la nomination par décret de 2 de "ses" juges à la Cour Suprême. Toutes les mesures économiques favorisent les puissants et marquent une voie d'exclusion du peuple.
Les licenciements massifs avec des méthodes brutales - ce qui est une façon de "disparaître" en tant qu'être humain - en méprisant le Congrès, la persécution politique et idéologique, ouvertement, avec l'impunité que lui donne le pouvoir médiatique depuis qu'il a été maire de la Ville de Buenos Aires.
Il a pris la présidence ouvertement pour réprimer les pauvres et espionner les travailleurs, les hommes politiques et même leur propre famille...
Tandis que les Etats-Unis et leur réseau d'associés "et d'employés locaux" soutiennent les décrets anticonstitutionnels de Macri applaudis par le pouvoir hégémonique, au Venezuela, le décret "d'urgence économique" signé parle président Nicolás Maduro a été rejeté par l'opposition législative à la satisfaction de ce même pouvoir.
Maduro a une raison patriotique, une raison de défense nationale pour demander l'approbation de ce décret d'urgence dans un pays pétrolier, dans le cadre de la plus forte chute des prix de ce produit jusqu'à des chiffres qu'on n'aurait jamais imaginés.
Ramos Allup et les siens qui soutiennent le gouvernement de fait de Macri portent un coup au coeur du Venezuela en faisant obstacle à n'importe quelle mesure du gouvernement de Maduro qui a l'obligation d'agir dans l'urgence face à un problème national et économique. Le refus de l'opposition au Congrès fait partie du putschisme perpétuel que les Etats-Unis et ses pantins locaux organisent contre le Venezuela.
L'offensive de l'empire
Nous assistons à une charge, à une offensive de véritable "démolition" des gouvernements populaires d' Amérique Latine à laquelle on a consacré des millions de dollars en interférant dans les processus électoraux, en discréditant pour finir par lui porter un coup, l'unité régionale qui est la seule possibilité pour résister au projet d'expansion globale et de recolonisation du continent par l'empire.
C'est aussi la seule possibilité pour affronter les stratégies de la contre-insurrection que suppose cette Guerre de Basse Intensité (GBI) qui est appliquée dans toute la région contre les gouvernements qui ont réussi à change le modèle de soumission coloniale.
En effet, nous sommes envahis par les Fondations comme la National Endowment Foundation (soi-disant Fondation pour le Développement de la Démocratie) que nous connaissons comme NED. Egalement la vieille Agence Internationale pour le Développement (USAID), les Instituts Internationaux aussi bien Républicains que Démocrates et leur énorme réseau d'Organisations Non gouvernementales, ce qui permet l'occupation anticipée du territoire et facilite le terrorisme médiatique qu'on nous applique. Et n'oublions pas le réseau de bases militaires, les troupes à déploiement rapide, la IV° Flotte et autres.
Sur le plan de la guerre psychologique, nous assistons à la dé-culturisation absolue de nos sociétés par le divertissement et les offres qui ont privé de conscience des millions de ceux que le pouvoir hégémonique considère comme des "esclaves médiatiques".
Il est indispensable de comparer la double morale des soi-disant démocrates de l'opposition vénézuélienne et argentine et les droites - dans tous les cas, la plus médiocre de l'histoire d' Amérique Latine - que sont le bélier avec lequel le gouvernement des Etats-Unis cherche à revenir dans son "arrière-cour" pour son projet de recolonisation.
Pour cela, on envisage - et il faut suivre les événements en Argentine et au Venezuela - de démolir tout ce qu'il y a de résistance futurepossible et d'avancer dans le contrôle absolu de la population comme le fait le "modèle argentin" actuel et le bloc putschiste d'opposition au Venezuela.
En Argentine, le gouvernement a été occupé par des personnalités imposées par Washington puisque ce pays d'une part et son associé Israël ont placé "leurs" fous dans les ministères stratégiques, ouvertement.
Ces ministres et ces secrétaires appartiennent depuis longtemps aux Fondations des Etats-Unis comme Pensar, Crecer, Libertad , UnoAmérica, et à une liste d'autres qui se sont installées au plus haut niveau du pouvoir en seulement 40 jours. Ils ont pris les médias - très peu en fait - qu'ils ne contrôlent pas puisque le monopole du Grupe Clarín a imposé l'abrogation de la Loi sur la Communication Audiovisuelle votée en 2009, reconnue dans le onde comme un énorme effort de démocratisation de l'information et de redressement culturel. Comme on le sait, il ne pet y avoir de monopole médiatique qui, comme Clarín, contrôle tout le pays, la presse papier et maintenant, grâce aux décrets de Macri, la position de monopole s'est étendue actuellement jusqu'au ocntrôle des télécommunications et plus.
Pour le faire en seulement 40 jours, ils ont licencié des milliers de travailleurs, des centaines de journalistes et ont élargi leurs puissantes manipulations de la justice qui ont permis à ce groupe de monopole de se moquer - par des juges amis - de la Loi sur les Médias pendant 6 ans. Maintenant, ces juges "sont le pouvoir judiciaire", une véritable corporation du pouvoir économique, putschiste. Cela viole toutes les lois, les droits des peuples et les droits de l'homme. Ils ont pris l'un des pays les plus importants pour l'unité régionale, comme un coup sévère donné à l'intégration. C'est un coup d'Etat "rapide et furieux", un choc dont les conséquences sont inévitablement graves pour la région.
Et pour l'assurer, face à la résistance évidente en Argentine qui, à mesure qu'ils continueront à prendre des mesures de plus en plus impopulaires et rétrogrades continuera à augmenter, ils introduisent 2 sujets qui sont les chevaux de bataille de l'empire: le terrorisme et le trafic de drogues, installant la peur dans la population et sans doute comme nous le voyons ici - ils demanderont uen "aide" militaire aux Etats-Unis pour combattre ces "maux".
Personne ne devrait s'étonner des attentats de faux drapeau comme ils font dans le monde entier, installant une peur irrationnelle qui signifie la domination des émotions d'une population terrorisée, qui accepte tout. Pour cela, il sont les médias, le para-militarisme très bien payé - comme on paie les mercenaires - et le travail de sape de la perte de la conscience sociale "pour nous dominer mieux". Seule la résistance intelligente, l'unité et la solidarité installée par l'augmentation du pouvoir des peuples et de leurs droits nous fera affronter le retour colonial et récupérer la liberté et l'indépendance définitive. Nous avons la force de la raison, la dignité et l'avenir...
Source en espagnol:
http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/02/02/argentina-venezuela-el-golpismo-del-siglo-xxi/
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