Cuba: La clef de l'Exécutif dans le blocus

Publié le par cubasifranceprovence

par Sergio Alejandro Gómez (Granma, 2 février 2016)

traduction Françoise Lopez

Un jour comme aujourd'hui, il y a 54 ans, la signature du président John F. Kenne­dy dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche a suffi pour décréter un blocus total contre Cuba qui est entré en vigueur 4 jours plus tard.

L'Ordre Exécutif 3447 s'appuyait sur la Loi sur l'Aide Extérieure et sur la Loi sur le Commerce avec l'Ennemi de 1917 pour couper toutes les relations avec Cuba où se déroulait un processus révolutionnaire imparable qui avait alors déjà vaincu les troupes mercenaires envoyées par Washington à Playa Girón.

Kennedy a autorisé le Secrétaire au Trésor à prendre toutes les mesures et les régulations pour rendre effective l'interdiction des importations des Etats-Unis de tout produit d'origine cubaine et a ordonné au Secrétaire au Commerce de continuer et d'élargie les mesures pour restreindre toutes les exportations des Etats-Unis vers Cuba, même des aliments et des médicaments.

Les agressions de Washington con­tre la Révolution avaient commencé bien avant, presque dès le 1° janvier 1959. Depusi la suppression des quotas de sucre jusqu'à la rupture des relations diplomatiques en janvier 1961, les manoeuvres légales ont ouvert la voie à des opérations militaires directes comme l'invasion de Playa Girón et d'autres opérations secrètes dans le cadre de l'Opération Mangouste.

Quelques jours avant la signature de l'Ordre Exécutif, avait débuté dans la station balnéaire de Punta del Este, Uru­guay, la VIII Reunion de Consultation des Chanceliers de l'OEA où la pression de Washington obtint que soit approuvée une résolution qui exclue la participation de Cuba du système inter-américain.

Cela mit en évidence la stratégie états-unienne de tenter d'isoler Cuba sur la scène internationale d'un côté et de l'autre, de provoquer la faim et le désespoir sur le plan intérieur.

Un demi-siècle plus tard, le président de ce pays lui-même a reconnu que ce plan fut un échec.

De plus, les pions s'alignent d'une façon très différente dans la région. La fin du blocus de Cuba est une demande unanime de la région, ratifiée au dernier sommet de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens célébré à Quito.

De même, le monde entier et en particulier les peuples et les gouvernements latino-américains et des Caraïbes ont célébré comme leur triomphe propre les annonces du 17 décembre 2014 quand les présidents Ba­rack Obama et Raúl Cas­tro ont révélé leur volonté de rétablir les relations diplomatiques et d'avancer dans la normalisation des relations.

Après la réouverture des sièges diplomatiques à La Havane et à Was­hington, l'attention globale se fixe sur la fin du blocus économique, financier et commercial qui a été condamné l'année dernière par 190 pays et soutenu seulement par 2, les Etats-Unis et Israël.

Bien que le tissu légal et pseudo-légal qui compose le blocus ait été embrouillé tout au long de ces dernières décennies, en particulier après sa codification dans la Loi Helms-Burton, le président nord-américain conserve de larges possibilités exécutives pour agir sur son application pratique. Bien qu'il soit certain que c'est le Congrès qui a le dernier mot.

De la même façon que le président républicain George W. Bush a utilisé ses prérogatives pour redoubler les agressions économiques contre Cuba pendant son mandat, Oba­ma a fait le contraire depuis le 17 décembre.

Après les paquets annoncés en janvier et en septembre de l'année dernière, il y a quelques jours, une nouvelle série de mesures qui changent certains aspects de l'application du blocus a été rendue publique, en particulier ce qui concerne l'accord de crédits pour certains achats de produits autorisés non agricoles (puisqu'une loi de l'an 2000 l'interdit expressément) et la possibilité d'établir certaines relations commerciales avec des entreprises d'Etat cubaines.

Ces dernières annonces des départements du Trésor et du Commerce qui font partie de la branche de l'Exécutif, confirment les larges possibilités que conserve Obama pour aller plus loin dans le démantèlement du blocus.

Cependant, les limitations des transactions internationales en dollar par Cuba, des possibilités pour les entreprises cubaines d'exporter d'exporter vers les Etats-Unis et des investissements états-uniens dans des secteurs autres que les télécommunications sont laissées intactes parmi beaucoup d'autres aspects qui font partie du noyau dur du blocus et qui restent pleinement en vigueur.

Le président est limité par la loi sur 4 points très particuliers seulement qui sont de permettre les voyages touristiques, l'interdiction faite aux filiales des entreprises états-uniennes dans des pays tiers de faire du commerce avec Cuba, l'interdiction de réaliser des transactions avec des propriétés nord-américaines nationalisées et l'obligation de payer en liquide et d'avance les achats de produits agricoles.

Au-delà de ces aspects, il a une pleine liberté d'action

Si Kennedy a utilisé en 1962 la clef de l'Exécutif pour fermer uneporte qui resterait fermée pendant plus d'un demi-siècle, l'actuel président peut l'employer pour rendre irréversible les avancées obtenues jusqu'à présent, en particulier lors d'une année d'élections et renforcer un nouveau chapitre des relations avec Cuba qui sera unhéritage de son passage à la Maison Blanche.

Source en espagnol:

http://www.granma.cu/mundo/2016-02-02/la-llave-ejecutiva-del-bloqueo-estadounidense-contra-cuba-02-02-2016-22-02-06

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