ALBA-TCP:XII° SOMMET DES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT, 30 juillet 2013
Guayaquil, 30 juillet 2013.
En premier lieu, nous saluons l'entrée de Sainte Lucie dans l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique. Cela renforce ce projet d'intégration et de complémentarité.
Les forces progressistes ont avancé de façon conséquente dans la région tout au long de ces dernières années après l'échec des politiques néo-libérales et la volonté des pouvoirs factuels d'imposer des schémas de libre commerce à nos peuples, au point de vouloir les transformer en instruments pour la satisfaction des besoins du marché. Cette avancée s'est traduite par une prise de pouvoir des majorités à partir d'une augmentation du militantisme dans les mouvements sociaux et de l'arrivée au pouvoir de gouvernements révolutionnaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes, ce qui a sensiblement amélioré la qualité de la vie de nos populations.
Cependant, actuellement, nous assistons à l'apparition de nouvelles formes d'exploitation, par la voie de l'imposition d'outils comme les traités bilatéraux de protection d'investissements et du fonctionnement d'instances internationales d'arbitrage comme le CIADI, qui font passer les intérêts du capital avant les intérêts de la société, de la nature,et de la démocratie même, dans le contexte de la prolifération de Traités de Libre Commerce (TLCs). C'est à travers ces nouveaux mécanismes de domination que la stabilité de nos pays est mise en danger – y compris jusqu'à leur solvabilité économique - à partir de processus judiciaires clairement frappés de nullité par l'abus et la collusion d'intérêts. Sans doute, les cas d'Oxy et Chevron en Equateur constituent des exemples clairs de ces pratiques, c'est pourquoi nous exprimons notre soutien à ce pays frère lésé par ceux-ci. Mais ces pratiques s'étendent à d'autres pays à des degrés divers.
Tout ce qui précède n'implique pas le rejet catégorique de l'Investissement Etranger Direct mais bien une relation intelligente avec lui, de façon qu'il puisse profiter aux nations et n'optimise pas son coût. Pour cela, un mécanisme d'intégration comme l'ALBA est indispensable, en tant que bloc, nous pouvons imposer les conditions pour éviter que les intérêts du capital priment sur ceux de la population.
D'autre part, nous nous prononçons pour le droit et le besoin que nos pays ont de profiter , de manière responsable et soutenable, de leurs ressources naturelles non renouvelables, lesquelles peuvent être utilisées comme une source importante de financement du développement économique, de la justice sociale et en définitive, du bien-être de nos peuples, étant donné que le principal impératif social de notre temps – et de notre région – est de combattre la pauvreté et la misère. En ce sens, nous rejetons la position extrême de certains groupes qui, sous le mot d'ordre de l'anti-extractivisme, s'opposent systématiquement à l'exploitation de nos ressources naturelles en exigeant que celle-ci ne puisse se faire que sur la base du consentement préalable des personnes et des communautés qui vivent près de cette source de richesse. En pratique, cela supposerait l'impossibilité de profiter de cette alternative et, en dernière instance, compromettrait les succès obtenus en matière sociale et économique.
L'ALBA se propose de travailler ensemble pour que, toujours plus, l'éducation, la santé, les soins aux personnes handicapées, entre autres, soient garantis gratuitement comme des services publics de qualité. Nous devons ré-impulser les missions sociales dans tous les pays de l'ALBA. Pour cela, nous proposons de transformer nos pays, pas encore en zones de libre commerce mais en zones libres de faim, d'analphabétisme, de misère et de marginalisation.
Nous voulons étendre cet engagement à toute l'Amérique Latine, en plus de l'Afrique et d'autres régions du monde de façon que, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, nous puissions multiplier les bénéfices de ces programmes. Alors que certaines grandes entreprises transnationales se rapprochent de ces régions avec des intentions prédatrices, l'ALBA cherche à favoriser et à privilégier l'être humain là où il est possible de le faire.
De même, nous sommes d'accord pour constituer une commission de techniciens de très haut niveau et de représentants directs des chefs de gouvernement pour élaborer une proposition pour créer une Zone Economique Complémentaire entre les pays de l'ALBA, du Mercosur et de Petrocaribe, qui serait prise en considération par ces instances. En ce sens, nous devons privilégier la complémentarité et la solidarité comme lignes directrices de l'intégration économique avant la concurrence entre nos pays, comme unique voie pour renforcer les bases matérielles du projet alternatif que représente l'ALBA et, de cette façon, assurer la continuité et la ré-impulsion des programmes sociaux réussis qui caractérisent l'Alliance.
Cela exige une vision intégrale et alternative du développement qui ne se limite pas à chercher uniquement des accords commerciaux pour nous soumettre à la dictature du marché, de la privatisation des services de base ou la précarisation de la force de travail pour gagner en compétitivité. Au contraire, nous devons garantir un développement de la production dans ces deux limites dans lesquelles nous pouvons construire des synergies en comptant sur des forces sensibles dans nos pays. En particulier, dans des domaines comme celui de l'énergie, du commerce inter-régional, de la production d'aliments, des industries intermédiaires, des investissements et du financement. De même, on doit chercher de nouvelles relations entre aux au niveau international , pour cela, on se présentera comme une proposition au groupe de pays qui font partie du dénommé BRICS.
En plus, nous sommes d'accord sur la constitution d'un groupe consultatif permanent et multidisciplinaire de l'ALBA pour qu'il alerte sur les risques et soit attentif aux demandes des pays – ou des groupes de pays – qui demandent un haut niveau d'analyse dû à la complexité des problèmes socio-économiques qui pourraient être rencontrés.
D'autre part, des instances comme l'Organisation des Etats Américains ainsi que certains mécanismes attribués à celle-ci comme le Système Inter-américain des Droits de l'Homme ont besoin de profonds changements pour les mettre effectivement au service de nos peuples, de leurs droits de l'homme, et non des intérêts de certains groupes de pouvoir comme les empires médiatiques et ceux cachés sous le manteau d'ONG. C'est pour cela que nous soulignons la nécessité que le siège de la Commission Inter-américaine des Droits de l'Homme vienne se situer dans un Etat Membre de la Convention Américaine des Droits de l'Homme. Attentifs au principe d'indivisibilité des Droits de l'Homme, nous considérons comme intolérable que certains droits de l'homme priment sur d'autres. D'autre part, doit être dépassée l'idée intempestive que seuls les Etats-Unis peuvent violer les droits de l'homme. Sans doute, il existe d'autres pouvoirs – comme ceux des corporations – qui peuvent aussi violer ces droits.
L'ALBA organise une rencontre contre le fascisme, à Caracas, le 11 septembre prochain, en hommage au camarade Président Salvador Allende, pour le 40° anniversaire de son assassinat.
L'ALBA décide de constituer une équipe technico-juridique qui étudie la préparation d'une requête contre le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique pour l'implantation d'un système d'espionnage de masse au niveau mondial, en violation de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ainsi que d'autres normes internationales, à la prochaine session de l'Assemblée Générale.
Prenant en compte les importants résultats atteints en Haïti en matière de coopération, les pays de l'ALBA ont décidé de renforcer ce pays dans le domaine de la santé, de l'éducation et des programmes sociaux. De la même façon, on a décidé une évaluation immédiate du plan spécial concernant Haïti pour le ré-impulser et étudier des alternatives de financement pour rendre soutenables les programmes sociaux contenus dans ce plan.
On s'est mis d'accord pour réviser les méthodes pour réaliser les rencontres multilatérales de l'ALBA, y compris les sommets. De cette façon, on doit toujours partir d'une consultation avec les plus hautes autorités concernant le contenu qu'auront les débats et les déclarations qui seront faites lors de cet événement, et non l'inverse.
On a décidé de rendre plus visible les résultats obtenus par les projets de l'ALBA par des campagnes de communication qui permettront de rendre visibles les succès des programmes de l'ALBA.
On a souligné la nécessité d'évaluer les projets économiques et sociaux que l'ALBA a impulsés pour établir ainsi des priorités en fonction des antécédents, des ajustements et et définir de nouveaux objectifs.
Enfin, nous saluons la Rencontre Internationale pour la Défense des Droits de l'Homme et la Souveraineté de Nos Peuples qui aura lieu dans la ville de Cochabamba, en Bolivie, du 31 juillet au 2 août 2013.
(source Mémoire des Luttes
traduction Françoise Lopez)