ALIGNER LE COMMERCE EXTERIEUR SUR L'ECONOMIE INTERNE

Publié le par cubasifranceprovence

Anneris Ivette Leyva

MÊME si l’actualisation du modèle économique cubain concerne en bonne partie l’économie interne, les politiques tracées dans le domaine des relations de notre économie avec l’étranger – consignées dans le Chapitre III des Orientations adoptées par le 6e Congrès du Parti, complétées par 313 directives – revêtent une importance stratégique.

Un an et demi après la tenue du Congrès, et au milieu de la progression graduelle et simultanée qui s’opère sur tous les fronts, Antonio Carricarte, vice-ministre du Commerce extérieur et des Investissements étrangers, nous a livré ses impressions sur la marche de ce processus et les pas franchis par cet organisme.

Parmi les principaux objectifs des Orientations de la politique économique et sociale figure, comme une nécessité de premier ordre, l’augmentation et la consolidation des revenus au titre des exportations, qui selon le vice-ministre, ont affiché une hausse de 20%. Les services médicaux et touristiques ont représenté une part importante, avec un accroissement de 27% et 13% par rapport à l’année précédente, ainsi que les exportations de produits comme le sucre (hausse de 14%), et les médicaments (11%).

Il a signalé qu’en général les biens ont augmenté en valeur, mais ont diminué en quantité, ce qui implique un recul attribué notamment aux problèmes d’organisation, de qualité, de manque d’agilité sur le marché, et d’absence de stratégie adéquate.

S’il est vrai qu’il nous faut absolument rattraper le terrain perdu dans ce domaine, il reste qu’il est urgent de diversifier les destinations des biens et des services d’exportation, car, d’après les statistiques fournies par le vice-ministre, le Venezuela, le Canada, la Chine, les Pays-Bas et l’Espagne accaparent environ 70% de nos biens et exportations.

Un accent particulier est également mis sur la diversification de la structure des exportations, où l’on observe encore une concentration : les services médicaux et touristiques représentent les quatre cinquièmes de nos exportations. En ce qui concerne les biens, le nickel, les médicaments, le sucre, le tabac et le rhum représente plus de 60% des ventes à l’étranger.

Il est bon de relever ici le poids de plus en plus important que revêtent les médicaments (16%). À cet égard, le vice-ministre a tenu à préciser que cette progression a lieu dans des conditions de blocus, « sans accès à des prêts à taux bonifiés et en concurrence avec des transnationales qui dominent ce marché dans le monde ».

À cet égard, nous sommes parvenus à faire enregistrer certains de nos produits dans plus de 70 pays. C’est le cas de médicaments pour le traitement du cancer (anticorps monoclonaux), des ulcères du pied diabétique (Heberprot) et de plusieurs vaccins, de contrôleurs de vecteurs de maladies comme la dengue et la malaria (Bactivec, Griselef, Biorat), d’engrais biologiques et d’insecticides d’origine biologique.

EXPORTATIONS

Malgré l’actuelle structure des revenus au titre des exportations, nos principales réserves portent sur la commercialisation des services. C’est pourquoi le pays s’est doté d’une stratégie intégrale axée sur la promotion, la qualité, la formation et l’organisation. Mais les biens offrent aussi un potentiel intéressant.

« Afin d’exploiter ce potentiel, en plus d’accorder une attention particulière aux médicaments – ils figurent parmi les produits à forte valeur ajoutée et à haut contenu technologique dont il est fait mention dans l’Orientation 78 –, nous souhaitons augmenter nos exportations de produits traditionnels comme le sucre, le nickel et d’autres, et à en relancer d’autres qui ont connu une baisse, comme le café et les agrumes.

Avancer dans ce sens implique de surmonter les insuffisances identifiées par le ministère du Commerce extérieur (MINCEX). Parmi les principaux problèmes, le vice-ministre Antonio Carricarte a mentionné le manque de professionnalisme et le non respect des contrats dans la chaîne d’exportations.

Il a également parlé du fait que certaines entreprises disposent d’une technologie obsolète, ce qui affaiblit la compétitivité de nos produits. À ceci s’ajoute le manque de culture et les difficultés dans la perception de la notion de qualité, ce qui nous fait perdre des marchés ou accepter des prix inférieurs à ceux des marchés.

Le vice-ministre a également déploré le nombre insuffisant de tests de laboratoires certifiés et homologués à l’échelle internationale réalisés dans notre pays, ce qui nous contraint souvent à nous procurer de tels services à l’étranger. « C’est un domaine où il nous faut avancer, comme il est souligné dans l’Orientation 83. Nous devons travailler pour faire en sorte que la totalité des biens et des services destinés aux marchés internationaux répondent aux standards de qualité les plus élevés », a-t-il dit.

Les insuffisances concernant la fréquence, le nombre et l’efficacité des études de marché est une autre question soulevée par le vice-ministre. Cet aspect est abordé par l’Orientation 91 comme l’un des objectifs à caractère prioritaire pour améliorer l’efficience des entreprises liées au commerce extérieure.

Le dirigeant a également insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les entreprises locales et celles de l’import-export au niveau national.

« Souvent, les opportunités d’exportation ou les plans de diminution des importations ne sont pas définis au niveau local, et certaines entreprises formulent leur proposition sans avoir réalisé d’étude de faisabilité. Le MINCEX, en tant qu’institution rectrice, se doit de communiquer davantage avec la base », a souligné le vice-ministre.

Il a signalé que même si le potentiel de l’offre exportable est défini, plusieurs difficultés et insuffisances observées sur le terrain nuisent à l’efficience : mauvaise formation du personnel, obstacles administratifs et bureaucratiques, etc.

Un autre aspect à régler de toute urgence concerne l’instauration d’un mécanisme national de normalisation et de métrologie qui permette de déterminer la qualité de l’offre conformément aux standards internationaux.

Le fonctionnaire a mentionné plusieurs difficultés et insuffisances qui nuisent au bon déroulement du commerce extérieur.

« Les exécutants doivent donner la priorité à plusieurs aspects liés à l’exportation de biens et de services. Ces personnes ne sont pas toujours bien préparées. Nous manquons de personnels bien formés pour ce type de ce travail dans le secteur de l'exportation de produits de haute demande internationale.

« Par ailleurs, nous devons améliorer notre capacité de réponse, afin de pouvoir tirer un maximum de profit des conjonctures favorables du marché et garantir la protection des prix de nos principales exportations. Les organismes producteurs manquent d’une stratégie intégrale et souple par rapport aux marchés, ce qui s’ajoute aux difficultés pour disposer de biens et de services ayant la qualité requise au moment de la négociation ».

Ainsi, pour assurer une mise en œuvre correcte et efficace des Orientations du 6e Congrès du Parti en matière de commerce extérieur, rien de mieux que, à partir de plans à moyen et long terme, de disposer d’un diagnostic précis des difficultés susceptibles de ralentir leur progression. Le MINCEX vient de franchir un pas incontestable dans ce domaine. Il lui reste à orienter la boussole vers trois mots clés : « revenus, diversification, connaissances ».