CRISE DES MISSILES 16: UN BLOCUS,MAIS APRES L'ATTAQUE AERIENNE
Ruben G. Jimenez Gomez
Jeudi 18 octobre.
L'analyse préliminaire des photos obtenues la veille par les U-2 montrait une avancée rapide des travaux de préparation des positions de lancement des missiles à Cuba , ce qui renforçait la position des partisans de l'attaque aérienne.
Lors des discussions de ce jour-là, au Comité Exécutif, une partie de ses membres plaidait, en première instance, pour une attaque aérienne limitée qu'ils appelaient « chirurgicale », dirigée seulement vers la destruction des emplacements de missiles . Cependant, quand le président posa des questions sur l'efficacité de cette action militaire, le général Taylor assura que seuls 90% des emplacements connus seraient détruits , c'est pourquoi l'option du blocus commença à se renforcer dans les débats.
Serait-il vrai que les membres du Comité croyaient aux attaques aériennes « chirurgicales » , dans lesquelles on détruirait proprement les missiles ? De quelle chirurgie pouvait-on parler à ce moment-là , quand les bombes obéissaient seulement aux lois aveugles de l'aérodynamique et de la balistique, qui dépendaient elles-mêmes d'une masse d'impondérables qui influençaient de façon notoire la précision du bombardement ? Quand il n'y avait aucune possibilité d'exercer une quelconque influence sur les bombes après le lancement car les fameuses armes intelligentes n'étaient pas encore sorties des cartons à dessin les plus avant-gardistes? Comme le démontrera l'expérience de la guerre du Vietnam plus tard, pour détruire des cibles terrestres avec des bombes aériennes, il fallait encore bombarder de multiples fois, et ainsi on n'obtenait pas souvent leur anéantissement bien qu'il n'existe pas de forte défense antiaérienne. Il est certain que ces évaluations pour détruire les missiles en attaquant avec des groupes de 6 à 8 avions , comme on le soulignait, et obtenir 90% d'efficacité, restaient peu crédibles. De même que celle de détruire les groupes de missiles antiaériens facilement et pratiquement sans pertes en pénétrant sous la limite inférieure de la zone de destruction de ceux-ci car les groupes étaient des cibles peu denses et formées par une série d 'éléments répartis sur une zone relativement vaste.
Pendant la discussion, Robert Kennedy, en répondant aux arguments de l'ex secrétaire d'Etat Dean Acheson, qui plaidait pour l'attaque aérienne large, déclara que pour très puissants que puissent être les arguments politiques et militaires en faveur de l'attaque, avec une préférence pour le blocus, quelles que fussent les raisons invoquées, ce pour quoi ils prêchaient, dans le fond, était une attaque par surprise d'une grande puissance contre une très petite nation. Et cela, les Etats-Unis ne pouvaient pas le faire s'ils voulaient garder leur éthique dans le pays et dans le monde entier.
Le blocus naval était considéré comme une action moins provocatrice que l'attaque aérienne qui obligerait les Soviétiques à une riposte immédiate. C'est pourquoi à travers le blocus, on évitait un choc militaire direct d'entrée. De plus, le Président aimait l'idée de laisser une porte de sortie à Khroutchëv, de commencer à un bas niveau pour aller en augmentant la pression en fonction des circonstances . Il fallait aussi tenir compte que commencer par un blocus resterait plus acceptable pour les autres pays que l'attaque aérienne et permettrait d'obtenir plus facilement le soutien des alliés au moment où il serait nécessaire d'exécuter une action plus drastique.
Le blocus commencerait seulement par les armes « offensives » et plus tard, pourrait être étendu aux combustibles, ce qui contribuerait à la paralysie de l'économie cubaine.
A partir de là, les experts des Départements d'Etat, de la Justice et de la Défense travaillèrent à l'élaboration de la proclamation officielle du blocus. Profitant de l'occasion, Abram Chayes, directeur du Département Juridique du Département d'Etat, fut consulté sur la légalité de l'installation des missiles nucléaires à Cuba et maintint toujours que c'était quelque chose de légal. « En réalité, déclara-t-il ultérieurement, notre problème juridique était que l'action des Soviétiques n'était pas illégale. » De plus, dans les réunions du Comité Exécutif , la base juridique qu'on invoqua , si on les qualifiait d'offensifs, fut que leur présence dans l'Ile pouvait être interprétée comme une attaque armée, tirant profit de ce qui était stipulé dans l'article 51 de la Charte de l'ONU, argument que les juristes ne partageaient pas, car il était évident qu'on n'avait pas effectué de semblable action de guerre. Ceci est un exemple de la façon dont s'entortillaient et se frelataient les concepts juridiques et les dispositions des organismes internationaux pour servir des fins agressives.
Theodore Sorensen , conseiller du Président, déclara aussi que « Les Soviétiques avaient parfaitement le droit de faire ce qu'ils faisaient à condition que le Gouvernement cubain soit d'accord . Kennedy était clairement préoccupé par le fait que les Soviétique en appelleraient à l'opinion publique mondiale, invoquant la loi internationale. Pour cela, je trouvais urgent qu'il (…) mettre l'accent sur la soudaineté et le mensonge du déploiement (dans le discours qu'il était en train de préparer) ».
Ce jour-là, les membres de l'Assemblée des Chefs d'Etat Major furent invités à participer en partie à une réunion du Comité Exécutif . Là, ils soutinrent l'action militaire immédiate et s'opposèrent à un blocus, car ils doutaient de son efficacité. Lors de la réunion, se produisit un vif échange entre le Président et le général Curtis LeMay, chef de l'Etat Major des Forces Aériennes, qui défendit ardemment la nécessité d'une attaque militaire. Lorsque le Président lui demanda quelle serait la riposte des Russes à l'attaque aérienne et à l'invasion de Cuba par les Etats-Unis, le général lui assura qu'il n'y aurait aucune réaction. Le président Kennedy se montra sceptique et déclara qu'ils réagiraient quelque part , d'une façon ou d'une autre, car après toutes leurs déclarations, ils ne pouvaient pas laisser détruire leurs missiles et tuer un grand nombre de Russes sans rien faire. S'ils n'agissaient pas à Cuba, ils le feraient sans doute à Berlin. Kennedy parla du danger qu'ils installent encore et encore des missiles à Cuba, et que si on continuait à laisser passer le temps, tous ceux qui étaient là seraient opérationnels.
Après la réunion, le Président était en colère à propos des commentaires de LeMay et dit à son assistant que « ces hauts gradés ont un grand avantage en leur faveur, car si nous faisons ce qu'ils veulent que nous fassions, aucun d'entre nous ne sera vivant après pour leur dire qu'ils s'étaient trompés. »
A la fin de la journée, les partisans du blocus commençaient à être majoritaires et le Président demanda que les membres du Comité se divisent en deux groupes, un pour étudier les avantages d'actions à déroulement lent, avec le blocus et ce qu'il serait nécessaire de faire ensuite, suivant le déroulement des événements, et l'autre continuerait à étudier l'action rapide, au moyen d'une attaque de substantielles proportions avec ou sans avis antérieur.
Malgré les divergences avec le Président, les chefs continuèrent à travailler pour déterminer quand les actions militaires contre Cuba pourraient être exécutées et à la fin de la soirée de ce jeudi, ils avaient décidé que le dimanche 21 était la date possible la plus proche pour l'attaque aérienne à grande échelle mais que la meilleure date était le mardi 23. La date potentielle la plus proche pour l'invasion était le dimanche 28 mais le 30 octobre serait une meilleure date.
A 5 heures du soir, le président Kennedy reçut à a Maison Blanche Andreï Gromiko, ministre des Relations Extérieures d'URSS qui participait à l'Assemblée Générale de l'ONU. Aucun des deux n'évoqua pendant la réunion les missiles stationnés à Cuba. Gromiko mit en avant que l'assistance soviétique à l'Ile se faisait dans l'unique but d'augmenter les capacités défensives du pays et de contribuer à son développement car les Cubains avaient eu auparavant le dilemme de continuer sans se préparer à résister à une attaque extérieure ou de faire quelque chose pour se défendre, que les spécialistes soviétiques entraînaient les Cubains au maniement d'armes défensives et souligna le mot « défensives » , c'est pourquoi l'entrée de ces armes et l'entraînement ne pouvaient constituer une menace pour les Etats-Unis.
Kennedy, de son côté, déclara qu'au printemps, l'URSS avait commis une grosse erreur et sans en avoir parlé, avait commencé une politique de livraison d'armes à Cuba à une échelle sans précédant , ce qui avait créé un grave danger. Cependant, pour éviter toute confusion, il lut à haute voix sa déclaration du 4 septembre, dans laquelle il signalait les graves conséquences qu'aurait un stationnement de missiles ou d' armes offensives à Cuba pour les Soviétiques.
Pendant que ces événements se déroulaient à Washington, à Cuba , 4 autres rampes de lancement du régiment de missiles stratégiques de la région centrale étaient prêtes, ce qui avait pour conséquence que ce régiment était tout à fait prêt pour le combat. A cette date, le Groupement des Forces Soviétiques comptait déjà environ 40 000 hommes.
ENFIN : ILS LE SAVAIENT OU PAS ?
Ce jour-là arriva à la Havane le groupe d'aide et d'inspection du Ministère de la Défense avec à sa tête le général Gribkov. Le général Pliev l'informa sur les aspects positifs que les Cubains offraient l'aide nécessaire à l'installation des troupes et qu'au niveau supérieur, l'Etat Major Général de Cuba et les officiers supérieurs soviétiques coopéraient de façon satisfaisante dans la planification de la défense coordonnée de l'Ile. Parmi les points négatifs, il signala que le déploiement des missiles de moyenne portée était en retard à cause de la pénurie de matériels de construction , c'est pourquoi les officiers et les soldats des régiments devaient faire une grande partie du travail à la main. De plus, il indiqua qu'il était possible que les Nord-américains aient découvert les emplacements des missiles de moyenne portée qui se construisaient dans la zone de San Cristobal car ils avaient fait voler un U-2 le 14, deux le 15 et 6 le 17. Les appareils photos des U-2 devaient aussi avoir capté l'aérodrome de San Julian , où se trouvait la majorité des Il-28 et leurs emballages, ainsi que l'aérodrome de la région centrale de l'Ile où se trouvaient les MIG-21.
Si comme le dit le général Gribkov, ces vols de U-2 avaient été détectés, et le commandement de l'ATS soupçonnait que les Nord-américains avaient découvert les missiles de moyenne portée, ne pas commencer immédiatement à prendre des mesures pour se préparer en vue de leur pire réaction serait quelque chose d'impardonnable. Et de plus, il semble qu'ils n'avaient pas parlé au commandement cubain pour que les FAR et le pays se préparent aussi.
Le Commandant en Chef Fidel Castro a dit à ce sujet : « Ces erreurs politiques et militaires nous apportèrent un grand danger, un danger très sérieux, car après que les Nord-américains aient appris ce qui se passait, ils pouvaient prendre l'initiative ; l'initiative était entre leurs mains, l'initiative diplomatique, politique et militaire. »
Il était presque évident que les Nord-américains avaient découvert les emplacements. Les avions U-2 ne volaient pas depuis le 29 août, quand ils photographièrent les emplacements des missiles antiaériens et tout à coup, ils font un vol sud-nord précisément au-dessus de San Cristobal , dans les environs de la région où étaient concentrés deux régiments de missiles de moyenne portée, 16 rampes de lancement, et si ce n'était pas suffisant, le lendemain, ils firent 2 autres vols , eux qui étaient restés 45 jours sans voler entre le 29 août et le 14 octobre. Mais 2 jours plus tard, le 17, ils font 6 vols , ce qui est sûr, c'est que jamais cela n'était arrivé à Cuba ou ailleurs. Qu'il y ait 6 vols de U-2 au-dessus d'un si petit territoire en un seul jour !
Etant donné ses caractéristiques d'être un avion très secret , destiné à l'espionnage sur l'URSS et d'autres endroits d'importance particulière et prenant en compte le peu d'exemplaires existant de cet avion (il semblerait qu'à ce moment-là, il y en avait un peu plus d'une dizaine) , je suis pratiquement certain que jamais six n'ont volé le même jour dans le monde entier et encore moins sur une petite partie de celui-ci.
Maintenant, bien, si les groupes de missiles antiaériens et leurs radars interdisaient d'émettre, comment les Soviétiques avaient-ils détecté ces vols des avions U-
2 ? Le question doit être la suivante : avec les troupes en provenance d'URSS étaient arrivés deux bataillons radiotechniques équipés de radars de différentes sortes, 40 avions de
chasse MIG-21 F13 , ceux qui volaient depuis le 18 septembre , si bien que ces bataillons devaient offrir la sécurité de leurs radars aux vols, c'est pourquoi leurs positions de toutes sortes
devaient être connues par la reconnaissance radiotechnique nord-américaine. Le commandement soviétique devait avoir organisé un schéma de garde avec les radars de ces bataillons qui garantirait
la surveillance minimale de l'espace aérien de Cuba et de ses environs 24 heures sur 24. C'était le minimum indispensable et s'ils ne l'avaient pas fait, ce serait une chose incompréhensible de
plus parmi toutes celles qui se sont déroulées pendant ces mois. De sorte qu'avec les radars de ces bataillons, ils localisèrent les vols des U-2.
Pendant ce temps, les services de renseignements des FAR restaient en alerte devant les mouvements inhabituels de troupes nord-américaines qui avaient commencé à se produire depuis le 16 octobre.
Vendredi 19 octobre.
Le résultat de l'analyse des photos prises par les U-2 le 17 démontra l'existence de deux autres emplacements de missiles de moyenne portée avec 4 rampes chacun, dans la zone de Sagua la Grande, dans le centre de l'Ile, celles qui semblaient prêtes et avoir la capacité d'être tirées 18 heures après que la décision ait été prise. On détecta aussi dans cette zone un emplacement avec 4 rampes pour des missiles de portée intermédiaire qui serait opérationnel en décembre. De plus, on détecta 3 emplacements de missiles aériens de défense côtière, 22 emplacements de missiles antiaériens et 35 à 40 avions MIG-21. On considérait qu'il n'y avait pas moins de 8 000 à 9 000 spécialistes militaires soviétiques à Cuba.
Un Rapport Spécial de Renseignement sur les probables réactions soviétiques aux actions qui seraient engagées à Cuba fut émis. Dans ce rapport, on signalait que : si les Etats-Unis entreprenaient une action militaire directe, les Soviétiques répondraient de sorte que, bien qu'ils ne puissent sauver Cuba, ils occasionnent des dommages considérables aux intérêts des Etats-Unis. Ils ne croyaient pas que l'URSS attaquerait les Etats-Unis, ni depuis les bases soviétiques ni avec leurs missiles à Cuba. Comme on ne peut déchaîner une guerre générale et qu'on ne doit pas aspirer à la suprématie locale, il est presque certain qu'ils examineraient des actions de riposte hors de Cuba. Quelles que soient les représailles qu'ils choisiraient, les dirigeants soviétiques ne commenceraient pas délibérément une guerre générale et ne prendraient pas de mesures militaires qui, selon leurs calculs, conduiraient à un risque de guerre.
L'administration nord-américaine commença le déplacement des moyens qui se trouvaient sur les bases de Floride pour y permettre la concentration de l'aviation tactique .
Ce jour-là, le Président ne participa pas aux réunions du Comité Exécutif parce qu'il était pris par des activités liées aux prochaines élections au Congrès dans la ville de Cleveland. Lors de la discussion, la majorité des membres du Comité fut partisane de l'établissement du blocus , bien qu'on n'arrive pas encore à un accord définitif. A cette session du Comité fut invité un spécialiste des questions juridiques (Meeker) qui fit remarquer que l'établissement d'une quarantaine défensive contre Cuba impliquerait l'utilisation d'une force et que la Charte de l'ONU contenait une interdiction générale de l'usage de la force, sauf en certaines circonstances . Une d'elles était la riposte à une attaque armée mais elle n'était pas applicable à Cuba dans ce cas. Une autre était constituée par l'action collective approuvée par l'organe compétent de l'ONU ; et il était évident qu'il n'y aurait pas de résolution d'approbation du Conseil de Sécurité pour légitimer et entreprendre une semblable action.
Il n'y aurait qu'un cas dans lequel on pourrait utiliser la force : si cela était sanctionné par les républiques américaines dans le cadre du Traité Interaméricain d'Assistance Réciproque (TIAR) ou Traité de Rio, pour affronter une situation qui menace la paix en Amérique.
Pendant les débats de ce jour-là, on peut noter les remarques intéressantes suivantes :
L'Ambassadeur d'URSS, Llewellyn Thompson : Il signala qu'ils devraient se donner 24 heures entre l'annonce du blocus et son application, pour donner le temps au Gouvernement soviétique de transmettre ses instructions aux capitaines des bateaux qui étaient en train de voguer vers Cuba à ce moment-là.
Robert McNamara : déclara plus d'une fois que les Etats-Unis devrait payer un prix pour réussir à enlever les missiles soviétiques de Cuba . Il pensait qu'il faudrait au moins retirer les missiles nord-américains de Turquie et d'Italie, et probablement il faudrait payer encore plus.
Dean Acheson :Il était d'accord pour éliminer les bases au moyen d'une attaque aérienne . Il dit que ce n'étaient pas seulement d'autres emplacements de missiles soviétiques pointés contre les Etats-Unis. Là, ils étaient dans les mains d'un fou d'actions absolument irresponsables. Les restrictions usuelles qui avaient cours avec les Soviétiques ne s'appliquaient pas dans ce cas. Le mieux que nous puissions faire, c'est d'agir rapidement.
Note de l'auteur : Ce monsieur ignorait que ces armes n'étaient pas entre les mains des Cubains mais des Soviétiques. Les Cubains n'avaient ni n'auraient aucune autorité sur elles. De toute façon, il est possible que selon les critères d'Acheson, le commandant Fidel Castro ait été non seulement fou et irresponsable de ne pas se plier aux exigences d'une superpuissance mais qu'il l'ait déjà démontré depuis quelques années, par exemple : quand il prit la tête d'une poignée de jeunes qui avait attaqué la Caserne Moncada , sans envoyer quelqu'un d'autre à sa place ; quand il prit la mer personnellement sur une coquille de noix surchargée appelée Granma, défiant la furie aveugle des éléments ; quand après le débarquement sur l'Ile et un grave revers initial, il réunit ce qui restait de ses forces , mit la main à la pâte et commença une difficile guerre de guérrilla dont il ne savait pas si elle durerait deux ans ou cent, puis se développerait contre un gouvernement qui était soutenu, approvisionné, et conseillé par les puissants voisins du Nord ; quand il décida d'affronter les intérêts de ces voisins avant de triompher ; quand seulement 18 mois plus tard, il avait dirigé sur le théâtre même des opérations , le combat contre la brigade débarquée à la Baie des Cochons, etc...
Robert Kennedy : Il pensait qu'il serait très difficile pour le Président de réaliser l'attaque aérienne par surprise, avec tout le souvenir de Pearl Harbour et toutes les implications que cela avait. Pendant 175 ans, nous n'avons pas été ce genre de pays. Une attaque par trahison n'existait pas dans notre tradition. Des milliers de Cubains et bon nombre de Russes mourraient sans avertissement. Il était d'accord pour agir mais de façon que les Soviétiques aient une porte de sortie pour se retirer.
Dean Rusk : Les Etats-Unis devaient agir de façon qu'une action soit suivie par une pause, pour que les grandes puissances puissent faire un pas en arrière au bord de l'abîme et prendre le temps d'examiner et d'élaborer une solution avant de se lancer d'une action à l'autre et de faire une escalade jusqu'à une guerre nucléaire. Pour cela, il préférait le blocus à l'attaque aérienne.
L'Ambassadeur devant l'ONU, Adlai Stevenson : Il dit être en faveur du blocus mais que nous devions voir plus loin. Une possibilité pouvait être la démilitarisation de Cuba sous supervision internationale , peut-être accompagnée par la neutralisation de l'Ile sous garanties internationales et avec des observateurs de l'ONU pour superviser son accomplissement.
Il faut signaler que les représentants militaires présents à cette réunion exprimèrent le point de vue qu'une attaque aérienne pouvait se faire à n'importe quel moment après le blocus, suivi de l'invasion dans le cas où le blocus n'aurait aucun résultat sur les bases de missiles à Cuba.
(A suivre)
(traduction Françoise Lopez)