ENTREVUE ACCORDEE PAR LE COMMANDANT EN CHEF Fidel Castro Ruz A LA PRESSE CUBAINE APRES AVOIR VOTE
(Version dactylographiée – Conseil d'Etat)
Le Commandant salue les assistants, dialogue avec quelques électeurs et avec les membres de la table électorale et ensuite, vote.
Journaliste Ana T. Badia – Que je suis contente de vous voir, Commandant ! En vérité, nous vous le disons de tout notre cœur.
Fidel : Je suis ému et très content de discuter avec vous.
Journaliste Ana T. Badia : Nous sommes ici comme toujours, Commandant, bonne santé.
Fidel : Vous êtes les journalistes ?
La camarade Ivia Perez Reyes : Oui, nous sommes tous des journalistes de « Granma » et de « trabajadores ».
Fidel : De Cuba ?
Ivia : Tous Cubains.
La journaliste Fabiola Lopez : Et de Telesur.
Ivia Perez Reyes : Ah ! Voilà Fabiola, qui est ici !
Fidel : Qui est-ce qui tire ?
Un pionnier : Les caméras.
Fidel : Oui, je sais mais cela ressemblait à des mitrailleuses.
Journaliste Ana T. Badia : Nous ne vous demandons pas pour qui vous avez voté parce que c'est secret.
Fidel : Je suis très satisfait de la liste des candidats.
Journaliste Ana T. Badia : Vous avez suivi, commandant, le déroulement du vote toute la journée dans tout le pays. Qu'en pensez-vous ?
Fidel : Oui, je me tiens informé. On m'a dit qu'on avait fait une autre entrée. Je crois qu'ici, il y avait un escalier.
Journaliste Ana T. Badia : Ils ont transformé l'entrée. Maintenant, l'entrée est par ici.
Fidel : C'est une bonne idée.
La journaliste Gladys Rubio : Oui, c'est plus commode, il n'y a plus d'escalier. Avez-vous des nouvelles de Chavez ?
Fidel : De Chavez ? Oui, tous les jours. Il se remet selon le dernier bulletin médical que j'ai reçu aujourd'hui, dimanche 3 février à midi.
La journaliste Gladys Rubio : Il va mieux ?
Fidel : Oui, quoi qu'il y ait eu des jours difficiles et durs. Nos médecins se consacrent à cette tâche, c'est tout ce que je peux dire car l'information est un droit du Gouvernement Bolivarien et de sa famille.
Journaliste Ana T. Badia : Et le vote a été un peu... parce qu'il a plu mais après coup, il semble que les gens sont sortis et il y a assez...on a beaucoup voté aujourd'hui.
Fidel : Un médecin m'a dit qu'il était allé dans sa circonscription pour voter il y a un moment et il manquait seulement quatre électeurs. Combien ont voté ici ?
Journaliste Ana T. Badia : Trois cents et quelques. Environ 90% ont voté ici.
Fidel : Et les autres n'ont pas voté ?
Journaliste Ana T. Badia : Non, parce que beaucoup travaillent, m'a expliqué la présidente du bureau de vote, ou sont à l'extérieur.
Fidel : Ah, bien, à l'extérieur. Et ils ne peuvent pas voter ?
Journaliste Ana T. Badia : Oui, ils peuvent voter.
Fidel : Ah, à l'extérieur ?
Journaliste Ana T. Badia : Non, je ne sais pas s'ils pourront voter à l'extérieur mais ceux qui travaillent à Cuba peuvent voter dans un autre bureau.
Fidel : Non,non je crois qu'une personne peut voter dans un autre bureau si elle demande la permission.
Journaliste Ana T. Badia : Ah ! Mais nous, nous votons ici.
Fidel : Ici même.
Gladys Rubio : Oui.
Fidel : Et moi, encore un peu, je ne vous voyais pas (rires).
Gladys Rubio :Ah, vous voyez.
Fidel : Nous sommes si bien organisés que je ne le savais pas.
Gladys Rubio : Oui, depuis très tôt. Comme les députés sont nationaux, on peut voter.
Fidel : Non, et vous êtes journalistes.
Gladys Rubio : Oui, juste journalistes.
Fidel : Et vous avez le droit de voter où vous êtes ?
Gladys Rubio : Où nous sommes.
Fidel : Et quel reportage faites-vous maintenant ?
Gladys Rubio : Nous vous avons attendu tout le jour parce que nous voulions voir si vous veniez ou si vous votiez par procuration. Mais nous avons interviewé plusieurs personnes ici parmi lesquelles des jeunes et des enfants.
Fidel : Ils avaient construit un petit couloir pour les élections d'octobre mais ils ne m'en avaient rien dit.
Gladys Rubio : Et comment vous êtes-vous décidé à venir, alors ?
Fidel : Parce que le responsable du bureau m'a convaincu. J'avais demandé à plusieurs camarades qui travaillaient avec moi le nombre de marches et la hauteur de l'escalier de l'entrée, ils m'ont affirmé qu'il y avait huit hautes marches, que c'était sûr. Mon genou brisé par ma chute à Santa Clara au mois d'octobre 2004, juste deux ans avant ma maladie en juillet 2006,se rappelait à moi.
Journaliste Ana T. Badia : Il y a beaucoup de femmes au parlement, Commandant. Qu'en pensez-vous ?
Fidel : Bon,cela me paraît bon et j'ai eu l'occasion de … bon, je ne peux le dire car c'est secret (rire). Il y avait trois femmes parmi les candidats.
Journaliste Ana T. Badia : Vous avez voté pour les femmes, c'est sûr.
Fidel : C'est ce que tu crois ?
Journaliste Ana T. Badia : Je crois que oui (rires). Presque 50% des parlementaires sont des femmes.
Fidel : Est-ce que je n'ai violé aucune loi ?
Journaliste Ana T. Badia : Non, si vous le dites, vous ne violez rien.
Fidel : Oui, eh bien oui.
Journaliste Ana T. Badia : Je ne crois pas ! Vous avez voté pour les femmes.
Fidel : Oui. Et pour que ils ne se sentent pas discriminé, j'ai voté aussi pour un homme qui était candidat (rires).
Journaliste Ana T. Badia : Merci beaucoup.
Fidel : Si on me juge pour ce que je viens de dire, je vous cite comme témoin (rires).
Journaliste Ana T. Badia : Oui, oui.
Fidel : Cela me fait plaisir. Ici, les femmes journalistes sont aussi en majorité.
Journaliste Ana T. Badia : Oui, nous sommes la majorité.
Fidel : Voyons, ah, et ce petit appareil ?
Journaliste Ana T. Badia : C'est un magnétophone, Commandant.
Fidel : Un magnétophone. Et sont-ils maintenant bon marché ou très chers ? Et les piles valent combien ?
Journaliste Ana T. Badia : Les piles sont un peu plus chères, les batteries un peu plus chères mais elles sont rechargeables. Maintenant, on recharge tout sur une prise.
Fidel : Oui, et ça, qu'est-ce que c'est ? (il montre un objet)
Journaliste Amaury del Valle : C'est un téléphone qui fait fonction d'enregistreur, Commandant.
Fidel : Oui, je dois utiliser des petits équipements de ce type mais les camarades m'aident.
Qui est-ce ? (il montre une pionnière qui est près d'une urne).
Maria Antonia Puertas : Cette pionnière est ici depuis six heures du matin, Commandant.
Fidel : On ne lui a pas amené à manger ?
Maria Antonia Puertas : Oui, elle a déjeuné mais elle est ici depuis très tôt.
Gladys Rubio : Tout le monde a mangé.
Fidel : Combien d'erreurs peut-on faire par manque d'informations !
Gladys Rubio : Oui, mais on le sait pour la fois suivante.
Fidel : Quand je pense... Bon, je devrais remercier toute ma vie Santiaguito (rires).
Gladys Rubio : Oui, Santiaguito vous a renseigné.
Fidel : C'est le nom du responsable. Il m'a dit « C'est un petit couloir, rien de plus ». Je croyais qu'il rapetissait les escaliers, je ne savais rien du tout de la nouvelle entrée.
Gladys Rubio : Ecoutez ceci, ils ont arrangé tout cela depuis octobre.
Fidel : Oui, la présidente du bureau me l'a dit quand je suis arrivé.
Gladys Rubio : Bon, eh bien, maintenant, vous le savez.
Fidel : Le peuple disait, lors des élections d'octobre pour les délégués municipaux : « Pourquoi Fidel n'est pas venu voter ? » Je ne savais pas ce qu'on avait fait, ce n'est pas la même chose. Je suis horrifié de penser qu'encore un peu, je ne venais pas et je vous aurais tous laissés m'attendre, une fois de plus.
Gladys Rubio : Mais vous êtes venu.
Fidel : J'ai plaisir à défier les escaliers.
Journaliste Ana T. Badia : C'est bien, Commandant. Mais, en outre, Commandant, ici, plusieurs histoires se retrouvent aujourd'hui.
Fidel : Quoi d'autre ?
Journaliste Ana T. Badia : Non, je vous disais qu'ici, plusieurs histoires se retrouvent, Commandant. Ici, depuis que les élections ont commencé dans le pays, habituellement, vous venez voter. Il y a, je vous dis, plusieurs histoires réunies en ce lieu et encore plus pendant cette journée.
Fidel : J'ai accordé beaucoup de temps à la question électorale. Nous avons acquis de l'expérience et cela me réjouit parce que, malgré les bêtises que certains disent dans le monde, je pense que c'est un véritable processus électoral. Ce sont des élections non seulement parce qu'on élit les députés à l'Assemblée Nationale et les délégués aux Assemblées Provinciales mais aussi parce que les candidats à ces charges sont élus par le peuple sans l'intervention de l'Etat ou du Parti. Avant, je n'avais pas autant de temps. Maintenant, je vois les réunions dans les quartiers, on discute, et le peuple indique qui doivent être ces candidats. Est-ce que cela est ainsi dans les pays capitalistes ? Combien votent aux Etats-Unis, ce pays « démocratissime » ? Pas même 50%.
Journaliste Ana T. Badia : Et, de plus, les élections se déroulent un jour ouvrable, aux Etats-Unis.
Fidel : Oui, du moment qu'il s'agit d'un jour ouvrable, on ne laisse pas voter les travailleurs. Beaucoup de grands patrons font cela.
Journaliste Ana T. Badia : Et les députés sont des professionnels, ici, non.
Fidel : Où ?
Journaliste Ana T. Badia : Aux Etats-Unis et dans d'autres pays, les Parlementaires ne travaillent pas. Ici, ils doivent continuer à faire leur métier de maître, de médecin ou d'ouvrier.
Fidel : Plusieurs d'entre eux, dans ces pays, sont experts pour augmenter leurs émoluments.
Gladys Rubio : Ce qui s'est passé à la CELAC de Cuba fut très bien. Cuba, le 28 janvier, Commandant.
Fidel : Oui, certainement, j'ai pu tout voir à la télévision.
Gladys Rubio : Et vous n'écrivez pas ?
Fidel : Je te répondrai avec plaisir mais, auparavant, permets-moi de te donner mon opinion sur un fait que je pense intéressant : je lisais aujourd'hui la dépêche d'une agence de presse où on affirme que dans les Pyrénées espagnoles, on a retrouvé des restes de l'Homme de Néenderthal d'il y a deux cent mille ans, dans une grotte. On affirme aussi qu'il était plus intelligent que l'Homo Sapiens. Dans des dépêches antérieures, on a affirmé qu'une troisième espèce fait partie de l'homme actuel. Les scientifiques discutent sur ces thèmes.
D'autres dépêches aux conséquences plus immédiates parlent de la colonisation des planètes et des astéroïdes. Une entreprise privée hollandaise planifie la colonisation de Mars. Cette même entreprise recrute des jeunes pour les entraîner, ils croient que ce serait comme d'aller de cet hémisphère en Espagne. Cependant, les individus doivent partir avec l'engagement de ne pas revenir, de rester dans la colonie martienne qui a une orbite et une gravité différente, une densité d'air insuffisante et comme c'est bien, l'entreprise recrute des jeunes. Il y en a qui y vont tranquillement. Ce sont des nouvelles dont la presse parle de plus en plus et qui signalent l'incertitude de cette aventure humaine.
Il y a d'autres nouvelles, chaque fois plus réalistes, dérivées de calculs précis et irréfutables. La population mondiale croît à un rythme qu'on n'avait jamais imaginé tout au long de centaines de milliers d'années. Au bout d'une période de plus de 1 500 siècles, nous en arrivons à plus de 1000 millions d'habitants en 1800, un siècle plus tard, en 1900, on atteint le chiffre de 1650 millions, 50 ans plus tard, en 1950, le chiffre s'élève à 2518 millions, en 1975, à 4088 millions , à 6070 millions en 2000 et à 7000 millions en 2011. La population mondiale croît de plus de 100 millions de personnes par an. Ce chiffre incroyable continuera d'aller en augmentant , il existe une grande ignorance sur le monde dans lequel nous vivons. Ces thèmes, un nombre considérable de personnes ne les connaissent pas.
D'autre part, jamais dans l'histoire humaine, les guerres n'ont pu être évitées. Les armes se développent à un rythme accéléré : les projectiles de canons utilisant des ondes électromagnétiques atteignent des distances supérieures à 200 km, les pays les plus développés donnent des informations sur des avancées insoupçonnées de la science et de la technologie au service de la destruction et de la mort.
Journaliste Ana T. Badia : Vous avez précisément parlé de la fin de l'espèce humaine et vous avez alerté le monde à propos de cette possibilité.
Fidel : La dernière guerre mondiale donna lieu au lancement de bombes sur la population civile à Hiroshima et à Nagasaki, qui tuèrent des centaines de milliers de personnes et en irradièrent encore plus.
« L'hiver nucléaire », inconciliable avec la survie humaine, serait la conséquence de l'utilisation d'un pourcentage réduit d'armes nucléaires accumulées par les puissances qui les possèdent. Certains se mettent aussi à penser à ces problèmes parce qu'ils ont le temps. Mais quand c'est dans la vie quotidienne, on n' a pas ce temps.
Journaliste Ana T. Badia : Et le monde peut éviter ça, l'homme peut éviter la guerre, s'il veut, Commandant.
Fidel : Je pense que l'Homo Sapiens n'a pas évolué assez pour éviter la guerre ; les instincts et les égoïsmes prévalent malheureusement dans ses relations.
Journaliste Ana T. Badia : Et les drones.
Fidel : L'impérialisme et ses alliés ont fait de l'industrie militaire le secteur le plus prospère et privilégié de leur économie. Chaque jour, on publie des articles sur les engins les plus incroyables pour détruire et tuer. On élabore des modes d'emploi, les droits de la personne mis sur pied durant des siècles ont été balayés. Tuer et détruire sans aucune limite, c'est leur philosophie. Et comme il est logique, une telle attitude fait réagir les pays adverses qui possèdent un développement technique et scientifique suffisant pour fabriquer les armes capables de contrecarrer et même de surpasser de telles armes.
Que va-t-il se passer au Japon avec ces îles qu'ils ont enlevées à la Chine ? Que vont gagner les Yankees qui protègent le Japon à ce sujet ? Pourquoi jusqu'à présent, selon ce que j'ai entendu, ce point était en dehors de l'accord de protection ? Maintenant que le gouvernement des Etats-Unis déclare que oui, cela provoque une grande tension dans cette zone. Quelques journaux pensent que les Chinois se préparent à se défendre contre n'importe quelle provocation intolérable de la part de leurs adversaires traditionnels. Et de ces problèmes, on s'informe et on les étudie, seulement si on a le temps.
Est-ce que dans le cours de l'histoire, on a parfois évité des guerres ? Et la Crise d'Octobre ? Nous avons été tout près de nous transformer en champ de bataille nucléaire, à ce moment-là et ensuite, en Afrique du Sud, quand nous défendions l'Angola des troupes racistes sud-africaines. Là-bas, il y avait 50 000 hommes, entre les Cubains et les Angolais. Deux fois, nous avons été en danger de guerre face à des armes nucléaires.
Vous m'avez parlé de la réunion du Chili.
Journaliste Ana T. Badia : La CELAC .
Fidel : La CELAC a été une avancée. Cette avancée a été dûe en grande partie au Venezuela et en particulier à l'effort de Chavez . Chavez est une des personnes qui a fait le plus pour la liberté et pour l'union de ce continent. D'abord Bolivar. Si tu analyses, tu verras que Bolivar et Marti ont les mêmes idées... Comme l'a expliqué Raùl, lorsqu'il a parlé des soulèvements de Marti après Bolivar. Il y avait une fraternité terrible. Tu as vu les campagnes qu'ils font contre Chavez au Venezuela, c'est une chose horrible. Nous avons toujours été, nous, les Cubains, très proches des Vénézuéliens. La bourgeoisie d'ici est allée à Miami ou au Venezuela, pays qui possédait plus de ressources que nous. Chavez a atteint un prestige énorme, le peuple a répondu et ce n'est pas une question de consigne parce qu'ils disent : « Ce moyen de transport maintenant est à nous, j'ai une maison, maintenant, alors que je n'en ai jamais eu parce que j'ai un emploi que je n'ai jamais eu, j'ai des écoles, j'ai des hôpitaux et j'ai des espérances que je n'ai jamais eues ». Il a tout fait pour son peuple.
Alors qu'il était en plein combat, il a oublié sa santé et s'est consacré à la lutte. C'est un bon exemple, inspiré de Bolivar et de l'histoire héroïque de son peuple. Bolivar a porté ses idées d'indépendance et ses soldats des frontières de la Mer des Caraïbes jusqu'aux frontières de l'Argentine. Cela signifie Ayacucho ou l'épine dorsale de l'empire colonial espagnol fut brisée.
Plus de la moitié de la population mourut. C'est la seule des grandes figures de l'histoire qui gagna sa renommée en libérant des peuples. Les autres ont conquis renommée et richesses depuis Alexandre le Grand jusqu'à Napoléon Bonaparte.
Napoléon, de révolutionnaire, devint empereur de France. Il envahit la Russie. Peut-être avez-vous vu le film « Guerre et paix » ? Vous avez vu aussi « Libération ». Ce sont des œuvres qui instruisent suffisamment.
Mais bon, à quand les prochaines élections ? (ils disent qu'il n'y en a pas, que celles-ci sont générales) Bien, je dois me rappeler que vous êtes ici depuis ce matin et je vous demande de m'excuser pour mon ignorance.
Gladys Rubio : Non, le peuple va être très content de vous voir et de savoir que vous êtes venu ici.
Fidel : Et moi ne le sachant pas, parce que, imaginez, les gens ont des choses à faire, peu importe en combien de jours, de mois ou d'années, ce n'est pas ce qui me préoccupe mais bien utiliser son temps, cela oui, m'intéresse et être avec vous, c'est la meilleure façon d'utiliser mon temps. Maintenant, dites-moi ce que vous désirez.
Gladys Rubio : Bien, pour nous, ça a été terrible de vous rencontrer aujourd'hui ici. Nous pensions que Santiago viendrait avec vos bulletins.
Fidel : Oui, il venait.
Gladys Rubio : Nous pensions que c'était Santiago qui venait et quand nous l'avons vu, nous avons dit : Aÿe ! Ca a été une occasion unique.
Fidel : Eh bien, pour moi, cela s'appelle de la chance. J'aurais une énorme honte et le pire, j'aurais perdu une occasion de parler librement avec vous des sujets qui vous intéressent. Maintenant, dites-moi, que savez-vous des élections dans le reste du pays ?
Journaliste Ana T. Badia : Bien, jusqu'à maintenant,plus de 77% vers 4 heures de l'après-midi.
Gladys Rubio : A 2 heures, 77% des électeurs avaient déjà voté.
Fidel : Ah, oui.
Gladys Rubio : Il faut tenir compte qu'il a plu mais 77% , c'est bien.
Fidel : Mais ce n'a pas été le Flora.
Gladys Rubio : Non, une petite pluie.
Fidel : Un peu d'eau froide.
Gladys Rubio : Mais 77%, c'est beaucoup, à 2 heures de l'après-midi.
Fidel : Et par la suite, avez-vous des statistiques ?
Gladys Rubio : Pour 2 heures de l'après-midi, ça a été assez bien. D'autres fois, ça a été plus de 95% mais pour la fin de la journée, nous ne savons pas encore mais pour cette heure-là, c'est bien.
Fidel : Nous n'allons pas redevenir une société comme auparavant où les gens n'allaient pas voter.
Gladys Rubio : Non, le peuple répond bien, Commandant, parce qu'il vous aime et aussi Raùl.
Fidel : Je suis sûr de cela, je suis sûr que le peuple est véritablement un peuple révolutionnaire et qu'il a fait d'énormes sacrifices, je n'ai pas à le prouver, l'histoire l'a prouvé. 50 ans de blocus n'ont pas pu et ne pourront pas... Comme dit Maceo : « Celui qui essaie de s'emparer de Cuba ramassera la poussière de son sol noyé de sang. » Je crois que plus ou moins, c'est ce qu'il a dit et il en est ainsi. On vit mieux en étant libre mais il faut apprendre à être libre et tu es révolutionnaire quand tu peux améliorer constamment ton expérience et que tu fais les choses chaque fois mieux. Et parfois, nous avons tous une responsabilité parce que nous sommes partis d'une ignorance totale qui est celle qui règne encore sur le monde. Tu ne trouves pas une solution parce qu'elle n'est pas unique, il y en a cent, en accord avec la culture, les croyances, la géographie de chaque pays.
L'intérêt seul ne peut pas prévaloir, l'égoïsme, les instincts, la nature nous donne des instincts et la capacité de raisonner doit nous donner une éthique.
Fabiola Lopez : Que pensez-vous, Commandant, des changements qui se produisent maintenant à Cuba ?
Fidel : Tu dis les changements mais le grand changement, ça a été la Révolution. De quels changements parles-tu ?
Fabiola Lopez : Non, je veux dire les changements qui ont lieu maintenant dans les lignes directrices et tout ce qui se fait pour actualiser le socialisme ?
Fidel : Bon, en général, je crois que c'est un devoir de l'actualiser et de le dépasser mais il s'agit d'une étape où il est indispensable d'avancer avec beaucoup de prudence. Nous ne devons pas commettre d'erreurs. Nous parons d'une époque unique et très complexe de l'histoire. La vie durant ces 50 ans a dû nous éduquer. Le pays qui s'est le plus approché d'une profonde révolution, au voisinage de l'empire, c'est Cuba. Tout n'est pas parfait mais c'est une obligation inéluctable de perfectionner et de dépasser ce que nous avons fait.
Lorsque je vous dis que dans notre société, le journaliste a une grande responsabilité et qu'à cause de cela, ils doivent être très studieux, je vous dis une vérité objective et fraternelle et ce n'est pas une critique.
Certainement, ma conduite s'est strictement ajustée à tout ce que je devais faire, je n'ai pas pour autant l'illusion que tout va être bien, que tout est parfait, que c'est le summum de l'organisation sociale.
Il n'est pas possible que chaque province aspire maintenant à disposer d'institutions similaires à celles qui sont le plus développées au moment où le pays doit consacrer ses plus grandes forces à la production d'aliments, étant donné les problèmes que le monde va devoir affronter très rapidement.
Récemment, j'ai eu une réunion avec quelques camarades qui travaillaient dans l'élevage pour échanger des impressions sur la production d'aliments essentiels, thème quaquel j'ai beaucoup pensé récemment.
Qui contrôle la croissance rapide de la population mondiale ? Nous pouvons dire que nous avons ce problème à rebours. Parce que les Etats-Unis s'appuyant sur les salaires élevés d'un pays développé et riche nous a pris une grande force de travail jeune et qualifiée, diplômés universitaires, ils nous ont pris, par exemple des médecins, non pas les meilleurs, je sais où sont les meilleurs, ils sont ici et partout où ils accomplissent leur devoir sacré, ils ne pourront jamais briser l'acier de l'esprit de la nouvelle Cuba.
Vous avez voyagé et vous avez acquis de l'expérience... Bon, on m'a raconté ce qui t'est arrivé, Gladys, là-bas, je crois que c'était en Equateur, pour t'informer du travail plein d'abnégation de nos collaborateurs.
Gladys Rubio : Il va me sortir l'histoire des bottes.
Fidel : Les bottes et les camions chargés, la grosse barque qui ne traversait pas le fleuve et de peu, dont il fallait retrouver les restes dans l'Atlantique, là où l'Amazone débouche.
Vous connaissez aussi le problème du continent, c'est pour cela que la réunion de la CELAC est importante, ce fut une grande avancée. Il faut y rester plus de dix minutes. Bon, en dix minutes, on n'écoute pas un discours. Il a fallu 10 heures et 20 discours pour savoir ce que chacun pense et en observant le visage des participants, on sait ce que pense le Caribéen, le Bolivien et comment pensent les autres.
La réunion de la CELAC fut organisée par l'amphitryon en même temps que celle des leaders d'Amérique Latine et des Caraïbes et des leaders de l'Union Européenne.
J'ai parlé, par moments avec quelques-uns des participants et avec plusieurs d'entre eux pour l'intérêt qu'ils avaient.
Je ne sais pas à quel moment les leaders politiques d'Europe dorment ou rentrent chez eux.
La Merkel, quand se repose-t-elle ? Parce que, je la vois dans une réunion puis dans une autre, elle n'est jamais en Allemagne. Ensuite, les Anglais qui veulent maintenant entrer alors que cela leur allait très bien de saboter cette monnaie. Qui les entend ? D'un autre côté, est-ce qu'il y a une solution pour les 26% de chômage en Espagne ? Ya-t-il une solution à la corruption ? Tous ces pays sont saturés de problèmes. Qui paye ? Pour la faim des autres, la pauvreté ?
En rapport avec notre Révolution, je dois dire que Marx qui n'aimait pas beaucoup les discours et les prophéties, nous dit dans sa fameuse Critique du Programme de Gotha en 1875 que, dans la révolution sociale, lors de la première étape, la richesse devrait être distribuée selon le principe de «à chacun selon ses capacités et à chacun selon son travail ». Lors d'une seconde étape, la formule serait de « à chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » . C'est ma réponse à ta question, Fabiola.
Lorsqu'on a le temps de penser, c'est plus facile pour le penseur.
Je veux contribuer le plus possible à l'unité, au raisonnement, je serai toujours contre l'auto-suffisance parce que l'être humain tend fortement vers l'auto-suffisance.
J'espère que vous ne perdez pas courage. Ce que je vous dis va dans le sens contraire.
A quand la prochaine élection ?
Gladys Rubio : Dans 5 ans, je pense.
Fidel : Cela me paraît un peu trop (rires)
Ivia Perez Reyes : Eh bien, 2 ans pour les partielles. 2 ans pour les partielles, 5 ans pour les générales.
Fidel : Bon, il faudra que j'aille à un Congrès des Pionniers.
Ana Badia : Non, et il y a aussi celui des journalistes.
Journaliste : Les journalistes viennent au Congrès, maintenant.
Journaliste : Voyez, nous vous invitons.
Journaliste : Vous êtes journaliste, vous pouvez aller au Congrès.
Fidel : A quelle date, le Congrès ?
Ivia Perez Reyes : Le 14 juillet. Vous êtes invité, Commandant.
Fidel : Ah, le 14 juillet, le jour de la Prise de la Bastille.
Amaury del Valle : Exactement, c'est bien la date.
Fidel : Ca, c'est bien.
Ivia Perez Reyes : Et vous êtes invité.
Fidel : Quand vous avez mentionné le 14 juillet, je me suis souvenu de la Révolution Française, à l'époque de Robespierre. Que se serait-il passé si les gens avaient eu la télévision ?
Gladys Rubio : Non, non, cela n'aurait pas eu lieu.
Fidel : Pensez à celle qui assassina Robespierre. Non, pas Robespierre, il fut exécuté lorsque la Révolution Française commença à reculer après un extrémisme excessif. Les idées, vous pouvez les répandre mais vous ne pouvez pas les contrôler. Vous essayez de vous guider le moins possible par l'instinct et le plus possible par la connaissance.
J'irai si je peux. Est-ce qu'il y a des escaliers à monter ?
Gladys Rubio : Non, non, non, absolument pas.
Fidel : Où vont-ils faire le Congrès ?
Ivia Perez Reyes : A Cojimar, à l'Ecole des Cadres de Cojimar. Là-bas, il n'y a pas d'escaliers.
Fidel : C'est là où nous avons commencé la préparation des élèves du Timor Oriental. Maintenant, la totalité des médecins dont le Timor avait besoin doit être diplômée. Et quand y aura-t-il un sentiment mondial ?
Gladys Rubio : Cela manque.
Fidel : Parce que personne ne peut dire : « Je suis maître de la lumière, je suis maître de l'air », le concept de la propriété sur les moyens essentiels de la vie prévaut encore. Quand l'humanité pourra-t-elle se voir comme une seule famille ?
Bien, moi, si je peux, j'irai à votre Congrès avec plaisir.
Ivia Perez Reyes : De toute façon, n'importe quelle autre invitation auparavant pour dialoguer sur ces thèmes et de l'importance de la presse dont vous avez parlé, reste ouverte. Nous sommes à vos ordres, disposés à parler de ce thème.
Fidel : C'est un des thèmes... quelque chose de très réel. Maintenant, nous avons de très bons journalistes parce que, par ici, le journalisme n'est pas une affaire sale ou quelque chose comme ça. Comme vous pouvez vous en rendre compte, le journalisme fasciste d'Espagne attaque tous les jours le Venezuela avec des insultes grossières. Ce que je vois d'abord chaque jour, c'est environ 20 à 30 dépêches de presse parmi les plus importantes, sélectionnées par un groupe de camarades familiarisés avec cette tâche, qui s'ajoutent à ce qu'on peut recevoir par divers canaux.
Les nouvelles qui arrivent de Chine sont toujours plus intéressantes. Actuellement, il y a la réunion qui durera plusieurs semaines, à propos de l'élection de la direction Centrale du Parti Communiste Chinois.
J'ai connu Xi Jinping quand il est venu chez nous voilà quelques mois. J'ai parlé avec lui, en particulier de la nécessité vitale de produire des aliments. C'est sans doute un homme très capable. J'ai eu le privilège de connaître également Hu Jintao et de même Jiang Zeming.
La Chine est un pays étonnant, avec un peuple travailleur et très intelligent. La légende veut que les Chinois ne prononcent pas l'R lorsqu'ils apprennent l'Espagnol en parlant avec des voisins de langue espagnole ; quand ils l'apprennent dans une école de langue, ils apprennent l'Espagnol mieux que n'importe qui d'entre nous. La difficile et complexe langue chinoise avec ses milliers de Chine est, selon moi, un facteur qui contribue au développement de leur intelligence.
Réellement l'homme est l'unique espèce connue dont l'intelligence continue de croître après la naissance.
Bon, pour ne pas être trop long avec vous, je vais penser sérieusement à la possibilité de nous réunir. Combien de jours va durer votre Congrès ?
Ivia Perez Reyes : 2 jours.
Fidel : J'imagine que vous le publiez.
Ivia Perez Reyes : Oui, bien sûr.
Fidel : Sinon, Telesur va se charger de le publier.
Journaliste : Oui, bien sûr, bien sûr.
Ivia Perez Reyes : Non, pas tous les médias.
Fidel : Pardonnez-moi parce que j'ai choisi ici des porte-paroles.
Gladys Rubio : Non, mais c'est bien, ne vous en faites pas.
Fidel : Vous admettrez que vous êtes préparés et que vous pouvez avoir beaucoup d'influence, cela ne veut pas dire sous-estimation.
Gladys Rubio : Non, absolument pas.
Fidel : Bien que les femmes obtiennent chaque jour davantage de pouvoir, c'est pour la force sociale qu'elles font mieux que nous. Mais ne me dites pas qu'elles sont plus révolutionnaires.
Gladys Rubio : Mais par contre, plus fortes.
Fidel : Les femmes oui, je ne parle pas de celles de Cuba, je parle des femmes de n'importe où.
Gladys Rubio : Nous sommes le 3° pays avec le plus de femmes au Parlement.
Fidel : Je pense que les Anglais nous ont dépassés. La Reine d'Angleterre a fêté ses 60 ans de règne et on lui a fait un petit cadeau de 500 000 KM carrés. Savez-vous où ? Dans l'Antarctique.
Journaliste Ana Badia : Voyez-vous ça...
Fidel : A ce propos, il y a des réclamations. Le Pôle Sud est réparti entre un groupe de nations, il n'y a pas d'autre alternative, il faut nommer la reine « souveraine du Pôle » (rires).
Parfait.
Gladys Rubio : Merci beaucoup pour tout. Merci d'être venu vers nous, nous en sommes très heureux.
Le choeur des journalistes : Merci beaucoup, Commandant.
Gladys Rubio : Nous sommes tous très heureux et le peuple va être aussi très heureux de cette interview.
Fidel : Voulez-vous que je vous dise une chose ? Je me suis libéré de l'amertume que m'aurait donné tout cela.
Gladys Rubio : Bonsoir, Commandant.
Fidel : Bon, et vous ?
Amaury del Valle : Nous, nous restons ici.
Fidel : Quel journal représentez-vous ?
Amaury del Valle : « Juventud Rebelde », Commandant.
Fidel : Et vous avez le meilleur journal.
Amaury del Valle : Oui.
Fidel : Parfois, on ne peut pas lire le « Granma », il a une police minuscule.
Amaury del Valle : Et vous y voyez sans lunettes, Commandant ?
Fidel : Oui, même les chiffres. Cependant, à la télévision, j'ai du mal pour lire les lettres et le changement de luminosité me fatigue la vue.
Amaury del Valle : Faites attention, ces lettres sont mises au hasard, voyez, elles ne forment pas un nom.
Fidel : j'en ai vu une par ici.. ; de quel journal ?
Journaliste : Moi ? « Radio Métropolitaine », « Radio Metropolitaine, la radio de la ville ».
Fidel : La radio de La Havane ?
Journaliste : la radio de La Havane.
Fidel : Quels sont ceux qui parlent d'agriculture ?
Journalistes : D'agriculture ? La Havane ne parle pas beaucoup d'agriculture.
Fidel : Attends, on m'a dit qu'il y en avait un.
Journaliste : « Radio Cadena Havana ». C'est la radio des provinces de Mayabeque et d'Artemisa.
Fidel : Ah !
Journaliste : Cela s'appelle « Radio Cadena Havana ».
Fidel : Qui la dirige ?
Amaury del Valle : Je ne saurais dire le nom du directeur.
Fidel : Qui est-ce ? Vous ne savez pas qui parle d'agriculture ?
Journaliste : Non. Qui dirige l'émission ? Nous ne savons pas le nom de la directrice ou du directeur de la station mais cette station parle beaucoup d'agriculture : « Radio Cadena Havana ».
Ivia Perez Reyes : Yolanda Paris. La directrice de la station « Radio Cadena Havana » s'appelle Yolanda Paris. Et aussi cette Radio Mayabeque et cette Radio Artemisa parle beaucoup d'agriculture parce que ce sont des stations des nouvelles provinces.
Fidel : J'avais des contacts avec Lugo et j'en ai encore. Lugo connaît les meilleurs agriculteurs, Lazarito de Bejucal. L'autre, c'est celui de Cienfuegos qui produit du lait de chèvres, Regino, c'est un terrible producteur paysan. Je lui demande : « Et les abattoirs, comment vous entendez-vous ? » Il me dit : « Bon, nous sommes plusieurs producteurs et nous nous relayons et moi, par exemple, maintenant, j'ai une trayeuse mécanique. »
Regino trayait à la main 148 chèvres chaque jour. Un fils le seconde et un autre fils qui est à l'école et a 8 ou 10 ans trayait 40 chèvres. « Ils m'ont dégoûté parce qu'ils ont amené la traite mécanique et j'ai perdu mon entraînement », clame le jeune garçon... Maintenant, il doit passer plus de temps à étudier.
Lugo connaît les meilleurs paysans et les meilleurs membres des coopératives. Il a collaboré à la distribution des semences. Il y a des plantes dont on peut semer des millions. Le problème, c'est de connaître les possibilités, la valeur et les coûts de production. C'est complexe mais c'est très prometteur.
Journaliste Miguel Mauri : Il y a aussi « AIN ».
Fidel : Faites-leur dire que j'aimerais bien parler aussi avec elle (il pense à la directrice de « Radio Cadena Havana »).
J'ai des nouvelles des principales fermes. Le buffle produit le double de viande par jour et avec moins de graisse. Alfredo m'a expliqué cela. C'est un paysan d'Alquizar, intelligent et sérieux.
Cet animal n'existait pas à Cuba. En 1983, Torriros nous offrit 25 femelles et 2 mâles de la race Bufalypso, connus comme « buffles de rivière ». Entre 1983 et 1986, Cuba acquit 241 femelles et 31 mâles de la même race et entre 1987 et 1989, notre pays acheta 2648 femelles et 57 mâles de la race Carabao, connus comme « buffles des marais ». L'animal, lorsqu'il n'a pas de pâturages, détruit les clôtures et cherche de la nourriture.
C'est cependant, le seul animal qui peut vivre dans des régions marécageuses et inhospitalières. Il s'est multiplié en quelques années. Ils n'ont pas souffert de l'utilisation excessive de l'insémination artificielle, du chiffre élevé de femelles qui ne menaient pas leur gestation à terme ni du pourcentage élevé de petits qui mourraient de dénutrition. Dans chacune des provinces, on avait créé de petites laiteries dans des endroits visibles depuis la grand-route qui produisaient du lait et du fromage de buffle. Cet animal qui constitue la source de base de lait et de viande dans des pays comme le Vietnam et d'autres pays d'Asie avait été abandonné. Le pays luttera pour disposer de toutes les sources possibles de lait et de viande de bétail : chèvres, buffles, porcs, volailles , lapins.
Pour la production d'aliments d'origine animale ou végétale, il faut appliquer des principes rigides et invariables en matière sanitaire que notre patrie peut appliquer.
Quel est, par exemple, le pays qui produit le plus d'aliments ? La Chine produit et consomme des centaines de millions de porcs chaque année. Ils ne peuvent disposer de la viande bovine du Canada, des Etats-Unis, du Brésil, de l'Argentine et de l'Australie qui ont quatre fois plus de territoire et une population inférieure de moitié, ou peut-être plus car une grande partie du territoire chinois, au nord et à l'est du pays, est désertique ou montagneuse.
Nos instituts, nos spécialistes et nos scientifiques doivent connaître à fond toutes les maladies qui affectent animaux et plantes.
Il ne faut pas que l'on oublie La Coubre, lorsque nous achetions des armes là-bas, en Belgique, pour ne pas donner des prétextes politiques à ce qu'ils ont fait contre Cuba. Le bateau s'en va, est chargé et fait ensuite escale dans un port français. C'est là qu'ils ont mis les explosifs. Deux explosions se produisirent. Après que la première charge ait éclaté, alors que les caisses étaient en train d'être déchargées et alors que de nombreuses victimes étaient soignées ou luttaient contre les incendies, il y eut une seconde explosion, plus de 100 travailleurs moururent et des centaines de personnes furent blessées.
Le problème que nous avons avec l'insémination artificielle massive, c'est que le taux de gestation atteint à peine 50%. Il faut donc chercher une solution. Souvent, lorsque le taureau étalon découvre la femelle en chaleur, l'inséminateur se repose ou il fait autre chose d'indispensable et plusieurs chaleurs se perdent et ainsi se perdent beaucoup de ressources.
Il faut utiliser des méthodes qui permettent plus de gestations et soient moins coûteuses, réservant la technique la plus sophistiquée pour les troupeaux les plus surveillés et garder la reproduction naturelle pour ceux qui ne présentent pas les conditions adéquates à l'insémination artificielle.
Les petits ont un autre problème. Souvent soumis à un régime absurde d'alimentation insuffisante ou de mauvaise qualité, avant d'être laissés à la recherche d'un pâturage de mauvaise qualité. D'où 30% de mortalité et le double de temps pour commencer la production.
Il est indispensable de semer des pâturages dont la qualité est connue, tant en graminées qu'en niveau élevé d'acides aminés et de protéines qui ont été mis en place par des experts. Parmi les nombreuses mesures à prendre, ce sont les plus urgentes.
Je ne parlerais pas de tout ceci si je n'avais la conviction profonde que les travailleurs de ce secteur peuvent résoudre ces problèmes rapidement, ce qu'ils désirent étant donnée l'importance d'une alimentation saine et protéinée aussi longtemps que durera la vie sur notre planète. De tels principes sont applicables en général à toute la production agricole.
J'espère vous voir. Vous pouvez me demander tout ce que vous voulez. Cherchez des livres et posez-moi les questions que vous désirez. Quand je ne saurai pas quelque chose, je vous le dirai franchement.
Gladys Rubio : Et le problème de l'eau ?
Fidel : Bon, maintenant, j'ai bon espoir vous avez eu de la chance d'être là. Vous êtes les porte-paroles de la Révolution.
Ana Badia : en dernier lieu, Commandant, Radio Rebelde est proche de son 55° anniversaire, le 24 février. Quel message lui adressez-vous ?
Fidel : Ah, c'est la vieille Radio Rebelde !
Journaliste : Fondée, comme vous vous en souvenez, dans la Sierra Maestra, par vous.
Fidel : Et comme les avions la recherchaient... Mais laisse-moi te dire qu'aujourd'hui, on ne pourrait pas tenir parce qu'il suffit d'une radio allumée et ils t'envoient un projectile tout droit dessus, et c'est terminé. Il faudrait trouver comment contrecarrer cette technique. Notre guérilla, avant de disposer de Radio Rebelde, a livré de nombreux combats victorieux , notre petit émetteur répandant rigoureusement la vérité, nous fortifia et accéléra la victoire. Bon, de chaleureuses félicitations pour eux et la joie de penser qu'ils surent accomplir leur devoir durant tant d'années.
Amaury del Valle : Commandant, un message pour les jeunes, par la canal de Juventud Rebelde.
Fidel : Je les envie beaucoup (rires).
Journaliste : Et pour tout le peuple, Commandant. Dites quelque chose en ce jour d'élections à votre peuple que vous aimez tant.
Fidel : Bon, en vérité, je dois dire que pour moi, le peuple, c'est tout. Sans le peuple, nous ne sommes rien. Sans le peuple, il n'y aurait pas de Révolution. Avec le peuple, nous construirons le digne chemin de la patrie, nous défendrons le pays et s'il faut mourir, nous mourrons.
Journaliste : Merci, Commandant.
Ana Badia : Le Congrès des Journalistes aura lieu dans 5 mois.
Fidel : Vous ne faites pas de réunion ?
Ana Badia : Celle que nous avons eue à la base mais nous vous attendons, les bras ouvert.
Fidel : Quels sont ceux qui vont au Congrès national ? Combien seront-ils à se réunir.
Ana Badia : Pas beaucoup cette fois-ci, n'est-ce pas ?
Ivia Perez Reyes : 250, Chef, vont se réunir de tout le pays, pas plus mais si vous voulez une réunion préliminaire avec un petit groupe, c'est possible. Vous nous invitez et nous y serons.
Fidel : Et c'est vous qui les choisissez ?
Ivia Perez Reyes : Bon, oui, nous pouvons les choisir.
Gladys Rubio : Vous vous souvenez que nous avons eu une réunion un 26 juillet. Et nous parlons de sciences, de l'environnement, de l'agriculture, du monde et de tout ce que vous voulez.
Fidel : En tout cas, cela n'empêcherait pas...
Ivia Perez Reyes : Que vous alliez au Congrès ensuite.
Ana Badia : Pour nous, c'est un honneur d'être avec vous au Congrès.
Fidel : Qui a la responsabilité ? Nous allons parler avec la camarade qui a beaucoup travaillé, celle dont j'ai parlé et elle s'engage à vous inviter et quelques-uns de plus du secteur qui sont intéressés. Et vous n'avez pas de responsabilités, et alors...
Ivia Perez Reyes : Nous pouvons nous entendre avec Alfonso Borges qui s'occupe de la presse, Alfonso Borges que vous connaissez parfaitement.
Fidel : Oui. Comment non ? Aujourd'hui, il m'a fait passer plusieurs articles et Arcangel, il a un groupe, il participait à cette réunion que j'ai eue avec les paysans. Ca s'est bien passé.
Ivia Perez Reyes : Bien, Commandant, reposez-vous.
Fidel : J'ai du travail mais je dois vous libérer. Cela m'oblige à …
Gladys Rubio : Pour nous, cela a été un moment très particulier.
Ana Badia : Nous sommes très heureux.
Gladys Rubio : Merci d'être venu. Merci beaucoup.
Fidel : A quel journal appartient-il ?
Amaury del Valle : C'est mon magnétophone, Commandant.
Journaliste Evelio Telleria : Du journal « Trabajadores ».
Fidel : Ah, un hebdomadaire. Je l'ai vu hier.
Journaliste Evelio Telleria : Nous sortons le lundi.
Amaury del Valle : Aujourd'hui paraît « Juventud Rebelde », Commandant !
Fidel : Combien sortez-vous d'exemplaires ?
Amaury del Valle : Nous ? 250 000 exemplaires, Commandant.
Fidel : Et le « Granma », combien ?
Journaliste : « Granma », c'est à peu près le même chiffre, un peu plus.
Ivia Perez Reyes : Non, « Granma », 510 000 parce que 10 000 sont pour le tourisme et 500 000 pour la population, les centres, etc. « Juventud Rebelde », le dimanche 250 000 et le quotidien 200 000.
Fidel : Moins le dimanche ?
Ivia Perez Reyes : Oui, tous les jours et le dimanche, 250 000.
Amaury del Valle : Le dimanche, il a 16 pages au lieu de 8 avec quelques articles supplémentaires d'investigation. On publie des travaux sur l'agriculture, ceux dont vous avez parlé, les buts de l'agriculture ces derniers temps et surtout des points de vue dirigés vers les jeunes.
Fidel : Eh bien, je vous remercie beaucoup pour ce que j'ai appris aujourd'hui et la perspective de parler longuement avec vous. A bientôt. Je vous donne l'accolade (cris de « Vive le Commandant en Chef ! »)
(Il montre les enfants qui surveillent les urnes).
Fidel : Ecoutez, ne m'avez-vous pas dit qu'on avait enlevé l'escalier ?
Niurka Prada : Oui, je vous l'ai dit. Depuis que j'ai su que vous ne pouviez monter les marches, j'ai pris des mesures.
Fidel : C'est que personne ne m'a rien dit. Dites-le moi, que je ne vote pas pour le coupable, aux prochaines élections.
Niurka Prada : Bon, alors rien. Aux prochaines élections, j'ai ici un grand fauteuil, j'étais nerveuse à cause de vous, debout si longtemps.
Fidel : Personne ne m'a dit non plus que tu étais ici.
Niurka Prada : Ce n'est pas important, je suis toujours là quand vous avez besoin de moi.
Fidel : Que fais-tu ?
Niurka Prada : La même chose que lorsque vous m'avez quittée, je n'ai pas encore terminé.
Fidel :...
Niurka Prada : Je suis parmi vos Assistants, protégez-moi parce que je suis avec vous.
Fidel : … Niña Bonita !
Niurka Prada : Ah oui, je m'occupe directement de Niña Bonita, de Siboney et de toutes ces choses-là.
Fidel : j'ai du nouveau.
Niurka Prada : Voulez-vous une anecdote ? J'ai demandé pendant 2 ans que l'on règle ce qui concerne Niña Bonita. Vous êtes entré dans un petit autobus par la porte et l'autre jour, quand je suis arrivée, ils avaient arrangé ça pour que vous puissiez faire un petit tour de temps en temps.
Fidel : Nous nous verrons très vite.
Niurka Prada : Okay, c'est un grand plaisir de vous voir, Commandant.
(Exclamations de « Fidel ! Fidel ! Fidel ! »
(traduction Gaston Lopez)