L'ENFANT DE CMAGUEY: texte proposé au BAC 2012 séries S et Es en espagnol LVI

Publié le par cubasifranceprovence

L'enfant de Camagüey s'appelait Carlos et avait 16 ans, il était plus ou moins de taille
moyenne mais la maigreur de son corps affamé le faisait paraître plus grand. J'étais en
voyage à Cuba avec un groupe de touristes. Nous arrivons à Camagüey tôt le matin après
un voyage de plusieurs heures à travers l'île depuis Santiago au sud-est jusqu'à La
Havane, à l'extrême opposé. L'autocar s'arrêta sur une place près d'une église et nous
descendons tous pour commencer la visite des monuments. Rien de plus que de marcher
dans la rue. Tandis que le guide nous donnait les premières explications sur l'histoire de la
ville, plusieurs habitants se joignirent à nous.
Carlos était parmi eux mais il restait à part, regardant avec gêne, de loin, vers le groupe.
Carlos, qui avait retenu mon attention, marcha dans notre ombre, à quelques pas,
surveillant tout ce que nous faisions. Après avoir exploré la ville et être entré dans ses
principaux édifices historiques pendant un moment , le guide nous abandonna pour que
nous nous promenions à notre gré. Je m'approchai alors de Carlos qui continuait à nous
regarder comme si nous avions été une apparition ou quelque chose d'extraordinaire et je
lui demandai s'il voulait manger avec nous. Il mit un moment à répondre. Nous lui
demandâmes de nous amener à quelque endroit pittoresque de la ville que le guide ne
nous aurait pas montré. En entendant cette proposition, il dit d'une voix tremblante qu'il n'y
avait aucun lieu de ce genre à Camamgüey. Je lui expliquai que nous ne cherchions pas
des endroits artistiques ou des raretés architecturales mais des marchés, des tavernes
bruyantes ou des quartiers des environs où nous pourrions voir comment vivaient les
gens. Il hésita encore quelques instants mais finalement, il commença à marcher devant
nous, vers le haut de la rue. Après avoir vagabondé dans la ville, nous cherchons un
restaurant pour manger. Quand les plats furent servis, il commença à les engloutir avec
bonheur. Il nous regarda pour la première fois de la journée avec confiance. Je lui
demandai alors en plaisantant si maintenant qu'il avait l'estomac plein, il pouvait
abandonner enfin ses précautions. Il se mit à rire et commença alors à raconter
tranquillement quelle était la cause de sa méfiance.
A Camagüey s'arrêtaient tous les jours plusieurs autocars de touristes comme le nôtre,
pour visiter la ville. Quelques mois avant notre visite à Camagüey, était arrivé dans la ville
un de ces autocars avec des touristes colombiens. Carlos avait abordé un jeune couple
qui, avec un appareil photo, paraissait disposer à passer une journée splendide à
Camagüey. Il s'offrit à leur montrer la ville. Eux, affables, acceptèrent la proposition et se
laissèrent guider, obéissants. Tandis qu'ils allaient de site en site, ils parlaient avec Carlos
de la vie à Camagüey. Ils lui demandèrent combien il avait de frères, ce qu'il étudiait et
comment était sa fiancée. Ils lui demandèrent pourquoi il était si maigre et ce que
sentaient son linge et sa peau. Lui, en riant, avec des plaisanteries d'enfant, leur raconta
les mêmes choses qu'il nous avait racontées à nous, ce jour-là. Il était si maigre parce
qu'avec ce que gagnait sa mère qui travaillait dans une usine, elle n'arrivait pas à bien
nourrir les quatre enfants de la famille. Ses vêtements sentaient une glycérine que sa
mère préparait car le savon était un luxe excessif qu'ils se permettaient uniquement quand
on leur en offrait. Il leur parla sans malice de tout ce qu'ils voulaient savoir et, au bout
d'une heure de promenade, quand ils revinrent à l'autocar, les étrangers demandèrent à
Carlos de monter un moment avec eux pour prendre des objets. L'enfant, croyant qu'on lui
offrirait des stylos bille comme les touristes avaient l'habitude de le faire, les accompagna.
Lorsqu'ils furent à l'intérieur, à l'abri des regards, ils le tinrent sans qu'il résiste et lui
passèrent les menottes.
Alors que Carlos essayait de comprendre ce qui se passait, troublé, les Colombiens
l'informèrent qu'il était arrêté pour avoir trahi la Révolution. Ce n'étaient pas des touristes
mais de policiers entraînés à attraper ceux qui parlaient mal de la patrie devant des
étrangers et se moquaient des progrès du socialisme dans l'île. Carlos avait fait les deux
choses car montrer sa faim, son dénuement et la pénurie dans laquelle il vivait était, selon
la loi de la Révolution, déloyal et infâme. Il passa deux mois à la prison de Camagüey.
Compréhension :
Le narrateur voyageait-il seul ? Oui ou non. Réponds avec une phrase du texte.
Carlos était :
a) un guide du groupe de touristes
b) un touriste colombien
c)un jeune habitant de Camagüey
d)un ami du narrateur
Sélectionne la réponse correcte et justifie la avec un élément du texte.
Relève 3 éléments qui indiquent la condition socio-économique de Carlos.
Grâce à Carlos, que pouvait découvrir de Camagüey le narrateur ? Choisis 2 éléments du
texte qui l'indiquent.
Trouve dans le texte 3 éléments qui mettent en relief la censure politique.
Traduire depuis la ligne 25 (« unos meses antes ») jusqu'à la ligne 29 (« la vida en
Camagüey »)
II Expression
1) En te basant sur le texte, montre comment est présentée la vie quotidienne à Cuba
(une quinzaine de lignes)
2) « Je voyageais à Cuba avec un groupe de touristes ». Toi, comment aimerais-tu
voyager ? Avec ou sans guide ? Donne tes arguments (une douzaine de lignes)
(traduction Gaston Lopez)