LE CENTRE DES IMMUNO-ESSAIS: UNE TECHNOLOGIE ET DES PRODUITS 100% CUBAINS
25e ANNIVERSAIRE DU CENTRE DES IMMUNO-ESSAIS
• Créée à l'initiative de Fidel, cette institution est chargée de fournir des services d'appui à huit programmes prioritaires du système de santé
Lilliam Riera
VINGT-CINQ ans après son inauguration par Fidel, le Centre des immuno-essais (CIE), qui avec sa technologie et ses produits 100% cubains apporte son soutien à huit programmes de la plus haute importance pour le système de santé du pays, développe des techniques novatrices pour le diagnostic précoce et le contrôle de maladies métaboliques et chroniques non transmissibles, ces dernières figurant parmi les principales causes de mortalité à Cuba et dans le monde.
Le Centre des immuno-essais, qui fait partie des institutions du Pôle scientifique de l’Ouest de La Havane.
À l’occasion de son anniversaire, cette institution a reçu des messages de félicitations du leader de la Révolution et du président Raul Castro, encourageant son personnel constitué de 292 personnes à continuer de créer de nouvelles connaissances scientifiques et de favoriser leur application en vue d’améliorer la santé de la population cubaine et d’autres pays.
À l’instar d’autres centres appartenant au Pôle scientifique de l’Ouest de La Havane, le CIE fonctionne en cycle fermé (recherche-mise au point-production-commercialisation). La fabrication de réactifs et de matériel informatique et de logiciels pour le diagnostic précoce de diverses maladies détectées à travers le dépistage actif, orienté et durable, est l’un des domaines d’application.
LA TECHNOLOGIE SUMA COMME POINT DE DÉPART
C’est sous l’impulsion de Fidel qu’est née la technologie SUMA, qui a marqué le début du parcours méritoire du CIE.
La mise au point du Système ultra-micro-analytique, plus connu comme technologie SUMA, a marqué le début du brillant parcours de cette institution. Tel était le rêve de son directeur et fondateur, le docteur ès sciences médicales José Luis Fernandez Yero, qui a pu le transformer en réalité grâce à Fidel et à la Révolution.
Depuis l’époque où il travaillait au Centre national des recherches scientifiques (CNIC) au début des années 70, le Dr Fernandez conçut cette idée, et il se mit à travailler à la mise au point d’un système qui permet, à travers la mesure dans le sang de la protéine alpha fœtus, de procéder au diagnostic prénatal de malformations congénitales, sans aucun risque pour la mère. Ce projet fut d’ailleurs le sujet principal de sa thèse de doctorat, qu’il soutint avec succès en 1980.
Le 29 juillet 1981, Fidel s’enquit des résultats préliminaires du projet. Le Dr Fernandez Yero se souvient que le Commandant en chef fut très impressionné par les photos de nouveaux-nés souffrant de malformations. Fidel lui dit : « Si nous pouvons éviter ne serait-ce qu’un seul de ces cas, l’effort en vaudra la peine ».
À partir de 1982, une impulsion est donnée à la technologie SUMA et toute une série d’évaluations et de diagnostics commencent à être réalisés dans l’ensemble du pays.
Les premiers appareils furent fabriqués conjointement avec l’ancienne République démocratique allemande jusqu’en 1984, année où ce pays décida d’interrompre la collaboration. En 1985, le premier appareil cubain est fabriqué par une équipe de jeunes scientifiques du CNIC. Devant les bons résultats obtenus avec cet appareil, les autorités approuvent l’installation d’une ligne de production moderne capable d’assumer, à l’échelle industrielle, la production des réactifs et des technologies nécessaires. Le Centre des immuno-essais est achevé l’année suivante, le 7 septembre.
PLUS DE 300 LABORATOIRES À CUBA ET PRÈS DE 500 À L’ÉTRANGER ÉQUIPÉS DE TECHNOLOGIE SUMA
Il existe à l’heure actuelle à Cuba 325 laboratoires équipés de technologie SUMA, dont 246 dans les institutions du ministère de la Santé publique (MINSAP), et 474 ont été installés dans des pays d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et en Chine. Le CIE assure l’assistance technique sur l’ensemble du matériel technique installé.
La technologie SUMA a permis à ce centre de prendre part à huit programmes nationaux de dépistage, ainsi qu’à plusieurs projets spéciaux du MINSAP : materno-infantil, certification de sang, surveillance épidémiologique, certification de placenta, certification d’organes, cancers de prostate, de cervix utérin, de côlon et du sein, affections métaboliques de l’adulte et neurochirurgie mini-invasive.
Le CIE prépare 33 kits pour le dépistage de 19 maladies, dont des malformations incompatibles avec la vie, l’hypothyroïdisme congénital chez les enfants (qui peut être à l’origine d’un retard mental sévère s’il n’est pas traité à temps), l’hépatite B et C, le VIH, la dengue, la lèpre, la maladie de Chagas et la toxoplasmose. Plusieurs de ces produits sont le fruit du travail conjoint du CIE et d’autres centres du Pôle scientifique.
Dans son entretien avec notre journal, le Dr Fernandez Yero a relevé l’utilisation de la technologie SUMA dans le diagnostic prénatal des malformations congénitales. Une technique qui a permis d’étudier, de 1982 à 2012, 3 784 578 femmes enceintes, de détecter 8 040 malformations incompatibles avec la vie, et d’interrompre à temps la grossesse, toujours avec le consentement du couple.
Concernant le diagnostic précoce de l’hypothyroïdisme congénital chez les nouveaux-nés, le Dr Fernandez a expliqué que de 1986 à mars 2012, 3 381 849 nourrissons ont été étudiés, dont 803 souffraient de cette maladie. Ces enfants ont aussitôt été traités et ont pu mener une vie normale et s’insérer pleinement dans la société.
Cuba est le deuxième pays des Amériques, derrière le Canada, et le cinquième au monde, à disposer d’une couverture complète pour ce genre de pathologie chez les nouveaux-nés.
Le spécialiste a également souligné les bienfaits du programme de Certification de sang, qui a permis de garantir la sécurité et la qualité des dons de sang à l’échelle nationale, et d’éviter les risques de contamination par transfusion.
LE CANCER EST AUSSI AU CENTRE DES RECHERCHES
Le CIE mène aussi des recherches sur le développement de nouvelles techniques pour le diagnostic précoce et le contrôle des maladies chroniques non transmissibles (dont le cancer), et les maladies métaboliques telles que le diabète et l’hypertension.
Le cancer est la deuxième cause de décès après les cardiopathies.
Le cancer du col de l’utérus, par exemple, tue chaque année 450 femmes malgré la gratuité de l’examen cytologique qui leur est réalisé chaque année.
Le CIE remet chaque année au MINSAP, sur commande, les kits à usage unique, jetables, pour ce genre de dépistage.
Cette institution a mis au point un appareil, le Vidéo-colposcope, qui permet de visualiser le col de l’utérus et une meilleure détection des maladies. Ces appareils fonctionnent dans les consultations spécialisées, et il est prévu d’en installer un dans chacune des municipalités du pays.
Les spécialistes du CIE ont aussi mis au point des PSA (prostate specific antigen) une protéine fabriquée exclusivement par la prostate. Le PSA est présent dans le sang de tous les hommes. Le dosage de son taux sanguin est utilisé pour le diagnostic ou le suivi du cancer de la prostate, une maladie dont décèdent chaque année 2 500 Cubains.
Cette technique a commencé à être appliquée dans la province de Santiago de Cuba, dans l’est du pays, à des sujets asymptomatiques âgés de plus de 50 ans, et sera étendue à l’ensemble du pays.
L’institution dirigée par le Dr Fernandez Yero a également développé une méthode pour déterminer la présence de sang humain dans les selles, afin de contribuer au dépistage précoce de tumeurs malignes du côlon, responsables chaque année de la mort de 1 241 femmes et de 935 hommes à Cuba.
Pendant le dernier trimestre de 2012, ce test sera appliqué à tous les adultes âgés de 60 ans.
Les glucomètres, les lancettes et les bandelettes réactives et le matériel permettant de mesurer le taux de glucose dans le sang sont en pharmacie à la disposition des diabétiques enfants et adultes qui ont besoin d’injections d’insuline.
Le CIE développe aussi une technologie pour mesurer la présence d’albumine dans l’urine pour détecter des lésions des vaisseaux sanguins, qui sont considérées comme un facteur de risque d’insuffisance rénale et d’accidents cardiovasculaires et vasculaires cérébraux.
Parmi les nouveaux produits à forte valeur ajoutée de cette institution figure la microplaque à 96 puits, une technologie développée et brevetée à Cuba, qui permet d’effectuer 38 400 tests différents en six minutes seulement.
Fernandez a expliqué que les travaux se poursuivent en collaboration avec le Centre d’immunologie moléculaire pour étendre cette technique aux patients atteints de maladies infectieuses et génétiques, ainsi que de cancer.
Le CIE assure les livraisons de matériel et de réactifs au MINSAP tout en respectant ses engagements internationaux. À noter que l’année dernière ses exportations se sont chiffrées à 53,5 millions de dollars.
Il existe aujourd’hui dans l’île 135 centres spécialisés dans le dépistage actif intégral, et à la fin de l’année chacune des 168 municipalités du pays sera dotée de son propre centre de dépistage.
Le CIE cherche à s’intégrer pleinement dans le système de soins primaires de santé, et à partager les responsabilités et le travail dans la prévention, le diagnostic et le traitement de diverses maladies.
Même si le directeur pense que cette institution aurait pu faire mieux, surtout en ce qui concerne la couverture de la population et le volume des exportations et la diversification des marchés, il ne fait aucun doute que le CIE a accompli un parcours des plus méritoires et se confirme comme le « joyau » dont parlait Fidel le 7 septembre 1987.