LES FARC CONFIRMENT LE DEBUT DES NEGOCIATIONS AVEC LA COLOMBIE

Publié le par cubasifranceprovence

La Havane, 4 septembre (ACN) - Des représentants des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) ont confirmé, mardi dernier, à La Havane, que des négociations de paix avec le gouvernement de cette nation sud-américaine sont sur le point de commencer.

 

Au cours d’une rencontre avec la presse nationale et étrangère qui s’est déroulée au Palais des Conventions de la capitale cubaine, les membres des FARC ont fait entendre un message enregistré de leur principal leader Rodrigo Londoño Echeverri (alias Timoleón Jiménez, Timochenko).

 

Dans son message, Timochenko a annoncé que vient de se terminer la rencontre exploratoire et que vont commencer les conversations pour la paix, et il demandé « à la Colombie toute entière » de se prononcer et de soutenir la prochaine conciliation.

 

Le leader a confirmé qu’ils arrivent à la table de négociation sans rancoeur et convaincus que l’issue n’est pas la guerre mais le dialogue civilisé.

 

« Nous sommes convaincus que la réalité nationale imposera la volonté des grandes majorités qui ont besoin de la paix accompagnée de justice sociale et qui croient en elle », a souligné Timochenko.

 

Il a remercié les gouvernements du Venezuela, du Royaume de Norvège et de Cuba, qui ont accompagné les rencontres exploratoires de février à août dernier, pour leur collaboration dont il a déclaré que la valeur était incalculable.

 

Il a manifesté qu’il était convaincu que d’autres nations se joindront aux efforts de paix actuellement réalisés en Colombie et il a affirmé que les FARC reviennent aux négociations, accompagnées et reconnues par la communauté internationale.

 

La délégation a annoncé que, jeudi prochain, aura lieu une conférence de presse au cours de laquelle seront donnés des détails supplémentaires sur le futur dialogue.

 

Une heure avant la réunion, à Bogotá, le Président colombien Juan Manuel Santos avait annoncé le début des conversations avec les FARC pour la première quinzaine d’octobre en Norvège, à Oslo. Le dialogue continuera ensuite à La Havane.

 

 

Les négociations de paix avec les Farc s'ouvriront à Oslo

 

C'est une occasion historique d'en finir avec une guerre qui a fait en Colombie des dizaines de milliers de morts et de disparus.

 

Après un demi-siècle de conflit armé, les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) vont commencer en octobre à Oslo. Une première phase, d'une quinzaine de jours en terrain neutre. Puis la table des négociations se déplacera à La Havane. Outre la Norvège et Cuba, le Venezuela et le Chili joueront le rôle de «pays facilitateurs» de ces dialogues, et d'autres pays pourraient intervenir durant ce processus.

 

Les premières rencontres entre représentants des Farc et du gouvernement se sont déroulées à La Havane, de février à août. Mais elles n'ont été rendues publiques que la semaine dernière, au moment de la signature du préaccord qui scelle les principes de base des futurs pourparlers. Cinq grands thèmes de négociations sont d'ores et déjà définis: la question agraire, la participation des Farc en politique, la fin du conflit et la démobilisation des combattants, le trafic de drogues, et les droits des victimes.

 

Pour participer aux dialogues, des membres importants des Farc ont été transportés des jungles colombiennes à La Havane. Jeudi, ces derniers ont désigné leurs principaux négociateurs: les chefs guérilleros Ivan Marquez et Jesus Santrich. Premier point épineux de ces pourparlers, la guérilla réclame la participation de Simon Trinidad, un commandant qui purge une peine de soixante ans de prison aux États-Unis pour l'enlèvement de trois Américains.

 

L'équipe formée par le gouvernement réunit, elle, des représentants des secteurs politiques, économiques et militaires, et sera présidée par l'ex-vice président Humberto De La Calle, qui fait figure d'homme de consensus. La présence d'un ex-commandant des Forces armées, ainsi de l'ex-chef de la police est particulièrement remarquée. Historiquement, les militaires avaient toujours été écartés des dialogues de paix.

«Un dialogue civilisé»

 

Sur ces négociations pèsera plus que jamais la leçon des tentatives de réconciliation passées. En trente ans, Farc et gouvernement auront engagé quatre processus de paix. Le dernier, de 1998 à 2002, s'était soldé par un renforcement sans précédent de la guérilla, à qui le gouvernement avait concédé une zone grande comme la Suisse. Le pays s'était réveillé de cet échec avec la sensation d'avoir été berné par les Farc, qui s'étaient lancées plus que jamais durant cette période dans le narcotrafic et les enlèvements. Quelques mois plus tard, Alvaro Uribe, chantre de la «mano dura», était élu président et s'ouvrait une ère de guerre totale.

 

De 2002 à 2010, entre combats et désertions, la guérilla a perdu plus de la moitié de ses effectifs. Aujourd'hui, avec quelque 8000 combattants, les Farc semblent elles-mêmes fatiguées de cette guerre, et disposées à faire des concessions. «L'issue n'est pas la guerre, mais un dialogue civilisé», a reconnu mardi le chef des Farc, Rodrigo Londono, alias Timochenko. Signe de cet assouplissement: les négociateurs des Farc sont apparus publiquement jeudi à La Havane en civil et désarmés.

 

Une nouvelle fois pourtant, Farc et gouvernement dialogueront sans cessez-le-feu préalable, même si les rebelles en proposeront un dans un mois. Mercredi, l'armée annonçait avoir abattu 15 guérilleros, dont le bras droit de Timochenko. Le fait que la guerre continue, en plein processus de paix, risque d'envenimer tôt ou tard les débats.

 

Autre grande inconnue: le temps. Le président Santos mise sur un dialogue de quelques mois. «S'il n'y a pas d'avancées, nous arrêterons, simplement», a-t-il précisé. Mais la guérilla gère d'ordinaire un temps différent, au rythme de la jungle. La volonté semble là, mais une réconciliation rapide est-elle possible, dans un pays qui a appris des décennies durant à vivre au milieu de la guerre?

 

(source « Le Figaro » 5 septembre 2012)

 

 

Colombie: le gouvernement nomme son équipe de négociateurs avec les Farc

 

BOGOTA — Le gouvernement colombien a nommé mercredi une équipe de négociateurs de haut niveau, dirigée par l'ex-vice-président Humberto De la Calle, pour participer aux pourparlers de paix avec la guérilla marxiste des Farc, prévus à partir d'octobre en Norvège puis à Cuba.

Le président Juan Manuel Santos, qui avait annoncé la veille le lancement de ce dialogue avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), le quatrième en trente ans, a lui-même présenté cette équipe restreinte, composée de cinq personnes, dont d'anciens hauts responsables militaires.

"Nous sommes en de très bonnes mains et il ne nous reste plus qu'à leur souhaiter, comme on dit dans la Marine : +bon vent et bonne mer+", a lancé M. Santos lors d'une allocution radio-télévisée.

Ancien magistrat de la Cour suprême, M. De la Calle, 66 ans, est doté d'une riche expérience politique puisqu'il a notamment été ministre de l'Intérieur entre 1990 et 1993, puis vice-président entre 1994 et 1996.

Cet avocat de formation a de nouveau assumé le portefeuille de l'Intérieur entre 2000 et 2001, époque durant laquelle le gouvernement a mené la dernière tentative de négociations avec les Farc, la principale guérilla du pays qui compte encore environ 9.000 combattants après 48 ans d'existence.

L'équipe de négociateurs comprend deux généraux à la retraite, l'ex-directeur de la police nationale Oscar Naranjo et l'ex-commandant des forces militaires Jorge Enrique Mora Rangel, ainsi que l'actuel conseiller présidentiel pour la sécurité Sergio Jaramillo, désigné commissaire à la paix.

L'ex-ministre de l'Environnement Frank Pearl et un représentant du monde économique, le président de l'association nationale des industriels Luis Carlos Villegas, figurent également dans cette liste.

"C'est une équipe importante qui représente les institution, l'établissement, formée de personnes respectées dans leur secteur", a affirmé à l'AFP Leon Valencia, directeur de la fondation Nuevo Arco Iris, spécialiste du conflit colombien.

L'ancien général Mora Rangel, apprécié au sein de l'armée pour ses positions de fermeté à l'égard des Farc, sera un "interlocuteur dur", a précisé cet expert.

Le cycle de pourparlers qui s'ouvrira durant la première quinzaine d'octobre à Oslo a fait l'objet d'un accord conclu entre le gouvernement et la guérilla des Farc, qui doit prochainement présenter sa propre équipe de négociateurs.

Chaque camp pourra désigner au total une trentaine de délégués dans le cadre de ce processus de paix, même s'il est prévu au maximum cinq représentants de part et d'autre à la table des négociations, a précisé M. Santos.

Le président colombien a enfin réclamé le "soutien" de la communauté internationale, assurant que le "chemin n'est pas facile et a beaucoup d'ennemis".

Un peu plus tard, il a révélé que le président américain Barack Obama lui avait remis mardi une "message très positif". "Il était au courant depuis des mois des rapprochements (avec les Farc) et il les a toujours soutenus", a assuré M. Santos.

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