VI° CONGRES DU PCC:RESUME ANNUEL
Par Tania Hernández
L’ovation qui a salué l’entrée du leader de la Révolution Fidel Castro à la salle plénière du Palais des Conventions de La Havane, le 19 avril dernier, a marqué le début de la séance de clôture du Sixième Congrès du Parti Communiste de Cuba, laissant présager que cette émotion se répéterait lors du discours final.
Le rendez-vous le plus important des communistes cubains avait commencé trois jours avant, le 16 avril, coïncidant avec le 50ème anniversaire de la proclamation du caractère socialiste de la Révolution et prélude de la victoire sur l’invasion mercenaire de la Baie des Cochons, organisée et soutenue par le gouvernement des Etats-Unis.
Sa célébration a constitué un hommage à ces deux événements de notre histoire récente qui ont défini la voie suivie par la Révolution, commencée à La Demajagua en 1868.
« Je considère que la façon la plus digne et en même temps la plus fructueuse de commémorer le 50è Anniversaire de la Victoire sur l’Invasion mercenaire de la Baie des Cochons, un jour comme aujourd’hui, le 19 avril 1961, est justement d’avoir réalisé un magnifique Congrès du Parti, une réunion qui vient couronner plus de 5 mois de discussions sur les Grandes Lignes de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, un processus profondément démocratique et transparent, dont le peuple, sous la direction du Parti, a été indiscutablement le grand acteur. »
C’est ainsi que le premier secrétaire du Parti qualifiait le rude travail de préparation au Congrès et la riche expérience apportée par les plus de 8 900 000 Cubains qui ont participé au débat sur le document central étudié au Congrès, Les Grandes Lignes de la Politique Economique et Sociale, un document définissant la stratégie pour l’actualisation du modèle économique du pays.
« Pour mener à bien cette tâche stratégique et les autres, il est nécessaire de nous attacher immédiatement à mettre en application les accords de ce Congrès, avec pour devise, l’Ordre, la Discipline et l’Exigence.
L’actualisation du modèle économique n’est pas un miracle qui puisse s’obtenir du jour au lendemain, comme certains le pensent, son déploiement total ne se réalisera que progressivement au cours des cinq ans à venir, car il y a beaucoup de travail de planification, de coordination et de détails, sur le plan juridique comme dans la formation minutieuse de tous ceux qui interviendront dans son exécution pratique. »
L’examen de ce document a été effectué par 5 commissions qui ont siégé pendant le Congrès : la première s’est concentrée sur le modèle de gestion économique, la deuxième a analysé les aspects globaux de l’économie, la troisième a examiné la politique sociale tandis que les quatrième et cinquième ont débattu des différentes branches de la production et des services.
La discussion de ce vaste ensemble de sujets s’est faite sur la base des conditions objectives de Cuba et du reste du monde, et s’est caractérisée par sa maturité et son sens critique, et par la proposition de nouvelles voies, non empruntées à ce jour, qui ne violent pas les principes de la Révolution mais qui impliquent une rénovation des idées et des concepts afin de consolider la construction d’un modèle politique et économique durable.
« Nous ne renoncerons pas à faire les changements nécessaires, comme nous l’a indiqué Fidel dans sa réflexion d’hier, que nous effectuerons au rythme exigé par les circonstances objectives et toujours avec le soutien et la compréhension des citoyens, sans jamais risquer de perdre notre arme la plus puissante, l’unité de la nation autour de la Révolution et de sa politique. »
Sans le moindre chauvinisme, il a considéré que Cuba fait partie du petit nombre de pays du monde qui ont des conditions pour transformer leur modèle économique et sortir de la crise sans traumatismes sociaux car elle a un peuple patriotique, fier de son histoire et de ses racines révolutionnaires, qui se sait puissant de par son unité monolithique, la justesse de sa cause, sa préparation militaire, et son niveau d’études élevé.
Outre les Grandes Lignes et le Rapport Central sur le travail de l’organisation politique depuis la rencontre précédente, le Congrès a approuvé une autre résolution qui recommande le perfectionnement des organes du pouvoir populaire, du système électoral et de la division administrative du pays, tout comme la convocation de la Première Conférence Nationale du Parti Communiste de Cuba, qui se tiendra l’année prochaine et sera animée par la volonté de changer tout ce qui doit être changé.
« Le Congrès a décidé de convoquer le 28 janvier de l’année prochaine, date du 159è anniversaire de la naissance de José Martí, la Conférence Nationale, qui, dans la pratique, constituera la suite du 6è Congrès et s’attachera à évaluer avec réalisme et esprit critique le travail du Parti et à préciser les transformations nécessaires à l’exercice de son rôle de force dirigeante supérieure de la société et de l’Etat, qui lui échoit en vertu de l’Article 5 de la Constitution de la République. Aussi, nous avons convenu d’octroyer à cette Conférence des prérogatives pour actualiser les méthodes et le style de travail, les structures et la politique des cadres, y compris l’élargissement et la rénovation du Comité Central. (…)
Pour atteindre le succès, la première chose que nous sommes obligés de modifier dans la vie du Parti est la mentalité, qui est à mon avis, en tant que barrière psychologique, ce qui sera le plus difficile à dépasser, car cette barrière est liée à un dogme et à des jugements obsolètes qui ont prévalu durant de longues années. Il sera aussi indispensable de rectifier des erreurs et d’ébaucher, en se fondant sur la rationalité et sur des principes fermes, une vision intégrale de l’avenir afin de préserver et de développer le Socialisme dans les circonstances actuelles. »
Prenant en compte les nécessaires rénovation et rajeunissement des responsables politiques et de l’Etat, une exigence signalée par Raúl Castro en personne dans son discours de clôture, le Congrès a élu les nouveaux membres du Comité Central, le Secrétariat et le Bureau Politique du Parti, qui, pour la première fois de son histoire, n’aura pas à sa tête Fidel Castro.
« Le camarade Fidel Castro, initiateur et Commandant en chef de la Révolution Cubaine nous a donné, le premier, l’exemple d’une attitude conséquente en la matière, en demandant expressément de ne pas être inclus dans la liste des candidats au Comité Central. Fidel restera Fidel et il n’a besoin d’aucune charge pour se placer, à jamais, au sommet de l’histoire, dans le présent et le futur de la nation cubaine. Tant qu’il aura des forces pour le faire, et bien heureusement sa pensée politique atteint actuellement son plein développement, il continuera à apporter sa contribution à la lutte révolutionnaire et aux aspirations les plus nobles de l’humanité, en tant que simple militant du Parti et soldat des idées. »
La clôture du Congrès, qualifié d’historique par le premier secrétaire du Parti, a été l’occasion de remercier les partis politiques et les forces progressistes de gauche de leur solidarité avec Cuba, et l’immense majorité des gouvernements du monde de leur rejet du blocus étasunien.
Cette clôture a également été l’occasion idéale pour rendre hommage aux héros et martyrs de la Baie des Cochons, où le peuple cubain a combattu pour défendre le socialisme, proclamé quelques heures auparavant. Il y a un demi siècle, alors qu’elle n’était qu’une fillette d’à peine 13 ans, Nemesia avait vu tomber sa mère sous les balles des avions des mercenaires envahisseurs. Il n’y aurait pu avoir meilleur hommage rendu à cette page de notre histoire que l’embrassade donnée par Fidel et Raul à Nemesia, « fleur de charbon », dont la souffrance a été immortalisée par Jesús Orta Ruiz, aussi connu sous le nom de l’Indien Naborí, dans son « Elégie des petites chaussures blanches ».
On ne saurait trouver meilleure conclusion que cette phrase de Raúl Castro, prononcée presque hors micro et au milieu des applaudissements qui ont salué son discours final : « Le Congrès est fini, maintenant, au travail ! »