UN VAIN ETALAGE DE VERTUS DOUTEUSES

Publié le par cubasifranceprovence

par Saul Landau

« L'Amérique a été choisie comme cible de cette
attaque parce que nous sommes le phare de liberté et
de possibilité d'avancement le plus brillant au monde. Aujourd'hui notre pays a vu le mal, ce qu'il y a de
pire dans la nature humaine. Et nous avons
réagi avec ce qu'il y a de mieux en
Amérique… »

  • Le président George W. Bush, le 11 septembre 2001

NOTRE gouvernement s’efforce de prôner dans le monde la droiture des États-Unis (« le phare de liberté le plus brillant ») et ses vertus inhérentes. Washington affirme avoir construit un système politique où l’empire de la loi est une réalité, où les riches sont à la même enseigne que les pauvres… Et tout ceci dans un climat marqué par un respect absolu des droits de l’Homme et le plein exercice de la démocratie.

Cependant, les médias nous rappellent chaque jour que 166 prisonniers sont toujours détenus sur la base navale de Guantanamo, territoire cédé en 1898 aux États-Unis contre la volonté de Cuba, sous la menace de la force.

Sur cette base, des GI surveillent et torturent des personnes détenues sans inculpation ni jugement, privées d’avocats et de tout ce qui pourrait ressembler à l’empire de la loi ou aux droits de l’Homme.

La Maison-Blanche de Bush et Cheney a autorisé le recours à la torture sur ces prisonniers. Bush avait déclaré que l’attaque du 11/9 était une conséquence de ce que nous sommes : « le phare de liberté le plus brillant », mais c’est la politique US qui depuis et aujourd’hui encore, produit des ennemis.

Par ailleurs, ce comportement si barbare et cruel à Guantanamo (la torture routinière) est venu renforcer la mauvaise réputation de notre pays.

Mais la malédiction de la pratique du double standard par les Etats-Unis ne s’arrête pas là.

Au nom de la défense du pays, Barack Obama a autorisé l’utilisation des drones pour assassiner des gens dans le monde entier. Un pouvoir qui semble reposer sur une sorte d’autorité exécutive mystique qui n’est défini ni dans la loi ni dans la Constitution. Un genre de pratique qui a multiplié nos ennemis.

Parallèlement, Obama a reporter une nouvelle fois une réponse des États-Unis à la possibilité que le gouvernement de Bachar al-Assad ait utilisé des armes chimiques contre ses opposants en Syrie.

Ironiquement, Washington n’a pas encore présenté d’excuses et n’a jamais payé le moindre dédommagement au Vietnam pour l’énorme quantité d’armes chimiques, dont l’Agent orange et d’autres produits interdits dans notre petite guerre contre ce pays.

Selon la Croix-Rouge vietnamienne, « environ 3 millions de personnes sont encore victimes à des degrés divers de l’Agent orange, dont 150 000 enfants souffrant aujourd’hui de malformations ».

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a révélé que près de « 4,8 millions de personnes ont été exposées à ce sous-produit, dont 400 000 sont mortes ou blessées et environ 500 000 malformées de naissance. Dans la descendance des victimes de l’Agent orange on trouve un nombre excessif d’avortements spontanés, de mort-nés, de naissances prématurées et de malformations à la naissance, de même que le bétail bovin, porcin, et les buffles d’eau souffrent de ces raisons similaires ».

Washington promet un dur châtiment à l’Iran si ce pays persiste à poursuivre ses activités nucléaires, alors que nous possédons le plus grand arsenal de ces monstres, et nous sommes connus pour être le seul pays à les avoir utilisés – contre des objectifs civils à Hiroshima et Nagasaki.

Une nouvelle nation nucléaire aggrave certes le danger d’une guerre destructrice, mais quelqu’un devrait clarifier notre position avant de nous entraîner dans une autre guerre en vertu de stratégies douteuses de double standard.

Notre système électoral dont ils ne cessent de vanter les bontés a lui aussi montré récemment des failles. Il n’y a pas de décompte des voix. La Cour suprême a tranché lors du bras de fer Gore-Bush lors du vote en Floride en 2000, et les républicains trouvent dans leurs États, la manière routinière de sortir des listes d’électeurs, les potentiels votants démocrates.

Rappelons qu’en 1945, à la fin de la Seconde guerre mondiale, les États-Unis exprimèrent leur volonté de juger les responsables des crimes de guerre, et établirent des lois basées sur leurs expériences à Nuremberg. Si quelqu’un a connaissance d’un crime de guerre, il est tenu d’en référer à la justice.

C’est précisément ce qu’a fait le soldat Bradley Manning lorsqu’il a diffusé une vidéo d’une attaque d’un hélicoptère US responsable de la mort d’au moins onze civils irakiens dont deux journalistes.

Au lieu de le considérer comme un honnête citoyen et presque un héros, le gouvernement s’est attaqué avec détermination à Manning et l’a accusé de trahison (il risque la prison à vie) pour avoir révélé des secrets (crimes) militaires.

Une bonne partie du monde ne prend pas au sérieux les accusations furieuses portées par les fonctionnaires du gouvernement des États-Unis. Lorsque 11 enfants afghans ont été tués dans un raid aérien de l’OTAN, un reporter a demandé s’il ne s’agissait pas là d’un acte de terrorisme. Le porte-parole du Département n’a pu donner une réponse cohérente.

La rhétorique des fonctionnaires des États-Unis semble avertir à tous les pays potentiellement désobéissants : « Faites ce que nous disons et pas ce que nous faisons ».

« Parlez doucement et tenez un gros bâton, vous irez loin ! », a affirmé Roosevelt à une occasion. Mais les dirigeants qui lui ont succédé ont souvent parlé haut et fort tout en tenant un gros bâton. Les présidents des USA ont commencé des guerres en Corée, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à la Grenade, au Panama, en Libye, en Afghanistan et en Irak.

Nous avons vaincu uniquement là où personne n’a répondu, et nous ne nous y sommes pas très bien pris à en juger par la résistance croissante dans ces pays.

Mais les USA sont nés comme une nation anti-impériale qui, ironie du sort, a construit un empire entre l’Atlantique et le pacifique pour s’étendre à d’autres régions du monde, où nos corporations obtiennent de gros bénéfices et où nos bases militaires rassemblent des troupes et des armes de destruction massive.

Il est peut-être temps de renoncer à l’arrogance et à la vantardise, et de cesser de créer des postes avancés impériaux à des endroits où nous ne faisons que multiplier nos ennemis.

Nous pourrions être les premiers à inviter tous les pays à détruire leurs arsenaux nucléaires et à ne plus fabriquer ces armes. D’autres pourraient suivre notre exemple à la recherche d’un monde plus sûr. (Tiré de Progreso Semanal)