Cuba: LES EMIGRES VEULENT REVENIR

Publié le par cubasifranceprovence

écrit par Carlos Batista, AFP, Mercredi 15 janvier 2014

La réforme migratoire mise en oeuvre par le président Raul Castro le 14 janvier 2013 a mis fin aux ennuyeux et coûteux permis de sortir du territoire de l'île, mais aussi a facilité les visites des émigrés jusqu'à leur éventuel retour à Cuba.

Elle permet même à un Cubain de vivre sur les deux rives du détroit de Floride, à Cuba et aux États-Unis (ou dans un autre pays) car elle permet de résider jusqu'à deux ans à l'étranger sans perdre le droit de résidence sur l'île.

Ceci constitue un grand changement par rapport aux décennies précédentes, lorsque les Cubains qui émigraient partaient pour toujours.

L'une des fins de la réforme est précisément de « tirer profit des migrations en fonction des intérêts du pays » déclare à l'AFP l'académicien Antonio Aja , directeur du Centre d'études démographiques de l'Université de La Havane.

Tirer profit des migrations, comme le font de nombreux pays, « signifie que les migrants passent un temps à Cuba, qu'ils travaillent pour Cuba, qu'ils investissent pour Cuba, c'est dire que Cuba les prend en considération » ajoute Aja en tant que l'un des principaux experts cubains sur le sujet.

Sans écarter le fait que les États-Unis soient le principal adversaire politique de Cuba et en même temps son principal récepteur d'émigrants, Aja soutien qu'il faut encourager le fait que « tous les émigrants qui le peuvent interviennent dans ce projet. »

L'expert considère que la réforme migratoire a été très positive aux vues des perspectives politiques, juridiques et démographiques.

Avec la réforme « nous avançons avec le temps vers une politique modérée dans le temps , contemporaine, moderne, et qui répond autant aux intérêts des êtres humains, des individus cubains, qu'aux intérêts de la nation » ajoute-t-il.

Danessa a confiance en la réalisation de son vœux ardent de pouvoir vivre et travailler 6 mois à Cuba et 6 mois en Espagne, car malgré une décennie passée à l'étranger, elle garde des liens forts avec l'île. « Ici il y a mes parents, de nombreux amis, ma Havane, ma culture » déclare-t-elle.

Selon les chiffres officiels, pendant les 10 premiers mois de la réforme, se sont réalisés 257 518 voyages de Cubains vers l'étranger, effectués par 184 787 personnes, ce qui montre que certains ont voyagé plus d'une fois.

Parmi eux 66 510 sont allés aux États-Unis, et 40 % en sont revenus .

« Il est évident que beaucoup de Cubains parient sur l'avenir, et en un an on ne peut pas évaluer l'avenir ni dans le lieu de résidence ni dans le lieu d'origine du migrant » précise Aja. « Nous devons nous habituer au fait que Cuba est un pays de migrations et ceci signifie que les personnes vont être un coup ici, un coup là, que ça va leur coûter ou bien alors leur rapporter un bénéfice » signale-t-il.

Il ajoute que les migrants vont voir « comment évolue l'économie cubaine, la société cubaine, comment évoluent les éléments qui leur ont fait prendre la décision de voyager et de s'établir ailleurs, et en plus comment évolue le monde »

Note : Déja à La Havane beaucoup de petits restaurants (les paladares) bénéficient de financements depuis Miami.

Le blog de Yoandry

(traduction Geoffrey Gautier)