CUBA DANS LA PRESSE FRANCAISE


Le combat pour la liberté des «Cuban Five»
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Cuba n’a pas le monopole des décisions arbitraires. Libéré vendredi dernier après treize ans passés derrière
les barreaux pour espionnage, Rene Gonzalez devra rester aux Etats-Unis trois années supplémentaires
en probation. «Sur le sol américain, Rene est en danger, à chaque coin de rue». Malgré la libération de son mari Rene Gonzalez, Olga Salanueva n’a pas le coeur à la fête. Accusée par les Etats-Unis d’être une agente secrète en relation directe avec les activités de son époux – elle a été arrêtée et déportée à Cuba en 2000 – elle n’a pu se rendre en Floride pour assister à la libération de son mari, faute de visa, et redoute toujours que le pire lui arrive. Un officiel cubain a demandé solennellement à Barack Obama de laisser Gonzalez repartir à La Havane, lors d’une manifestation de soutien qui s’est tenue à Mexico, mais l’administration américaine reste inflexible, alors que quatre membres des «Cuban Five» restent toujours emprisonnés. A sa libération de la prison de Marianna, ses deux filles – la plus jeune n’avait que quatre mois à son arrestation -, son père et son frère l’ont accueilli avec beaucoup d’émotions, a expliqué son avocat Philip Horowitz à l’agence Reuters. «Il était dans un excellent état d’esprit, était très heureux de revoir sa famille, d’être enfin dehors», a-t-il décrit. Bien sûr, l’avocat va déposer un appel contre la probation de trois années aux Etats-Unis, pour des motifs humanitaires – Gonzalez n’a pas de famille qui vit aux Etats-Unis.


En attendant un possible retour auprès des siens, le Cubain s’est réfugié à l’écart de toute vie publique, pour d’évidentes raisons de sécurité. Arrêtés en 1998, condamnés à de lourdes peines de prison pour espionnage, le sort des cinq membres du groupe appelé «The Wasp Network» - Gonzalez, Ruben Campa, Gerardo Hernandez; Luis Medina et Antonio Guerrero - suscite toujours de violentes polémiques, aux Etats-Unis comme à Cuba. Lors de
leur procès à Miami en 2001, la justice américaine a démontré que les agents cubains avaient infiltré un grouped’exilés cubains pour obtenir un emploi à la base aérienne de Key West Naval Station et ce afin de renseigner La Havane sur les opérations en cours. Le 24 février 1996, deux avions de sauvetage étaient abattus dans l’espace aérien international, tuant quatre citoyens américains. Les condamnations furent exemplaires : deux fois la prison à vie
pour le leader du groupe, Hernandez, jugé coupable de conspiration pour meurtre, la prison à vie pour Guerrero and Luis Medina, 19 ans pour Ruben Campa et 15 ans pour René Gonzalez.

 

Si Cuba a admis que les cinq hommes étaient bien des agents du renseignement extérieurs, La Havane a toujours nié leur implication dans les faits du 24 février 1996. Selon le régime castriste, ils avaient été envoyés aux Etats-Unis pour intégrer la communauté des exilés cubains de Miami, afin de surveiller les agissements de l’anti-communiste Luis Posada Carriles, coupable selon lui d’avoir organisé plusieurs attentats terroristes sur le solcubain.Depuissonélection, Barack Obama a assoupli le blocus économique contre l’île, mais les tensions entre les deux pays subsistent. L’affaire des «Cuban Five» reste une cicatrice profonde dans les relations diplomatiques et un révélateur du chemin qui reste à accomplir. Pour la Républicaine Ileana Ros-Lehtinen, d’origine cubaine, Gonzalez «a du sang américain sur les mains» et il faut continuer à le surveiller activement, et ce malgré le fait qu’il a purgé une grande partie de sa peine…

 

Les appels à la libération de plusieurs prix Nobel n’ont jamais réussi à infléchir la position américaine, même si
des réductions de peine ont été accordées -la peine de Luis Medina a été réduite à 30 ans de prison,celle de Guerrero à 22 ans, et celle de Ruben Campa à 18 ans respectivement. Il reste un espoir, pour Olga Salanueva, un échange de prisonnier, après la condamnation en mars dernier pour quinze ans de prison d’Alan Gross, un «mercenaire» du Maryland, convaincu d’espionnage par la justice cubaine, ce qu’il a toujours farouchement nié. «S’ils veulent Gross en échange des cinq, ok, mais ce sera uniquement pour les cinq et pas un de moins”, a déclaré Olga, sur un ton vindicatif. Certaines plaies sont plus longues à cicatriser.

Cuba et l’U. R. S. S.

En se montrant souple à l’égard de M. Castro M. Khrouchtchev a fait une opération profitable

A qui aura servi le long séjour que M. Fidel Castro a fait en U.R.S.S. au mois de mai ? Au leader cubain, c’est sûr, puisque à l’issue du voyage officiel il a été annoncé que l’Union soviétique consentait à payer au cours mondial le sucre cubain, qui est ainsi vendu de trois à quatre fois plus cher. Mais le grand bénéficiaire est M. Khrouchtchev lui-même : en effet M. Fidel Castro approuve toute la politique des dirigeants soviétiques, y compris leur action pendant la crise de l’automne dernier. Un tel appui n’est pas inutile au chef du gouvernement de Moscou alors que les conversations sino-soviétiques doivent incessamment commencer.

Par Bernard Féron

La crise d’octobre 1962 offrit en effet aux dogmatistes du camp socialiste l’occasion qu’ils recherchaient pour attaquer M. Khrouchtchev. L’échec subi par l’U.R.S.S. était alors beaucoup plus apparent que la réussite. Le président du conseil soviétique pouvait sans doute dire qu’il avait sauvé le premier régime socialiste établi sur le continent américain. Ses adversaires remarquaient qu’il avait perdu la face, et les Chinois ne se privaient pas d’utiliser le mécontentement de M. Fidel Castro.

Les Chinois proclamaient que les authentiques révolutionnaires cubains avaient résisté victorieusement à la pression des impérialistes non pas parce qu’ils étaient dotés d’engins modernes, mais parce qu’ils avaient su mobiliser le peuple. L’explication que donnait alors M. Fidel Castro ne différait guère de celle qui avait cours à Pékin. D’ailleurs, le chef du gouvernement de La Havane montrait sa mauvaise humeur lors des conversations que M. Mikoyan avait avec lui. Le premier vice-président du conseil soviétique, arrivé à La Havane pour quelques jours le 3 novembre, ne repartit que le 25 du même mois sans avoir obtenu aucun résultat notable.

Le 12 décembre, lors de la séance du Soviet suprême, M. Khrouchtchev reconnaissait implicitement le trouble que cette affaire avait provoqué dans tout le camp socialiste. Depuis la crise de Cuba, disait-il, le dogmatisme est devenu le danger principal dans le mouvement communiste international. Il fallait que la crise fut grave pour que le dirigeant soviétique modifiât de sa propre autorité une formule adoptée en 1957 et confirmée en 1960 par les délégués de tous les partis ouvriers (le révisionnisme, indiquait cette formule, est en règle générale le danger n° 1).

M. Khrouchtchev marque donc un point parce que, six mois après la brouille, M. Castro va à Moscou et non à Pékin et parce que pour la première fois il se rallie aux thèses soviétiques. La crise de l’automne 1962 ne sera-t-elle qu’un épisode sans importance dans les relations soviéto-cubaines, un bref orage entre deux périodes de beau fixe ?

En réalité l’U.R.S.S. a longtemps hésité avant de se « rallier » à la révolution fidéliste. A l’époque des maquis et de la clandestinité les communistes suivaient avec prudence un mouvement qui pouvait leur paraître entaché d’anarchisme, et ils veillaient à ne pas couper les ponts avec Batista. Le gouvernement de Moscou reconnut sans doute dès le 10 janvier 1959 le régime de M. Castro, mais pendant plus d’un an cette décision ne fut pas suivie d’effet, puisque c’est seulement en mars 1960, à la suite d’un voyage de M. Mikoyan à La Havane, que les relations diplomatiques furent rétablies.

Pour les leaders soviétiques, M. Fidel Castro apparaissait comme un allié précieux dans la lutte contre l’ « impérialisme yankee ». Mais les professions de foi marxistes du leader cubain ne semblaient pas encore prises très au sérieux à Moscou, et l’annonce faite à La Havane à l’occasion du 1er mai 1961, que le régime allait édifier une république socialiste fut à peine mentionnée dans la presse soviétique. M. Fidel Castro et ses compagnons n’avaient pas encore droit au titre de « camarades », et à ce signe on voyait qu’ils n’étaient pas considérés comme des membres de la famille. En fait, les Cubains furent admis dans le « cercle » à partir du moment où les relations sino-soviétiques se détérioraient, à la suite de la crise de l’automne 1962. C’est le 27 février dernier que M. Khrouchtchev promit d’aider Cuba « comme tous les pays socialistes ». Enfin les slogans du 1er mai — publiés le 8 avril — mentionnaient Cuba dans la liste des pays socialistes.

Une telle circonspection n’a rien d’étonnant. Dès son origine le parti bolchevik ne s’est-il pas distingué des autres tendances par sa méfiance à l’égard des « révolutions spontanées » ? Lénine affirmait que seul un parti fortement centralisé, un parti organisé tel qu’il le souhaitait, pouvait inspirer et diriger une révolution. On peut même penser que l’histoire du P.C. russe aurait été celle des occasions manquées si le leader n’avait pris au moment décisif quelques libertés avec ses principes. Encore dut-il forcer la main à ses fidèles qui interprétaient trop étroitement son enseignement.

Ainsi l’année 1905 fut marquée en Russie par l’effervescence révolutionnaire. Or les bolcheviks se tenaient pratiquement à l’écart des événements, alors que les mencheviks agissaient dans le Soviet de Saint-Pétersbourg. Trotsky, qui était indépendant des factions, pouvait alors administrer la preuve de ses qualités de chef révolutionnaire et accéder à la présidence du Soviet. Pendant ce temps les bolcheviks de la capitale multipliaient les mises en garde. Ils croyaient à l’efficacité des révolutionnaires professionnels et se méfiaient d’un « conseil »que le parti ne contrôlerait pas entièrement et qui créerait « par le bas »la révolution.

Lénine, cependant, réagissait avec beaucoup plus de souplesse que ses disciples aux événements. Malheureusement pour lui, il n’avait pu franchir la frontière, et c’est de Stockholm qu’il donnait son avis. Radine, au nom des bolcheviks, s’était d’abord prononcé contre le Soviet, puis il avait voulu imposer au Soviet la reconnaissance de l’autorité du parti. Lénine lui répondit dans un texte qui ne fut d’ailleurs publié en U.R.S.S que trente-cinq ans plus tard : « Le camarade Radine a tort de poser la question : le conseil des délégués des ouvriers ou le parti. Il me semble que la solution devrait être à la fois le conseil des ouvriers et le parti (...). Il me semble, ajoutait-il, qu’on devrait considérer le Soviet comme le germe du gouvernement révolutionnaire provisoire. » Mais il était trop tard pour redresser la situation.

En 1917 même on voit Lénine, impatienté par les lenteurs de ses camarades. « Les bolcheviks doivent prendre le pouvoir », écrit-il en septembre. Cet appel tombe dans les oreilles de sourds. Au fur et à mesure que les semaines passent il se fait pressant, vindicatif : attendre, tergiverser, serait un crime. Il doit encore revenir à la charge le 24 octobre, à quelques heures de la révolution. Dans une lettre adressée aux membres du comité central il écrit : « Le peuple a le droit et le devoir, dans les moments critiques de la révolution, de précéder ses dirigeants même les meilleurs. La temporisation dans l’action, c’est la mort.  »

Trotsky avait réagi dès le début de la même manière que Lénine, saisissant la révolution au moment où elle se présentait. Mais il faisait alors figure d’exception, et d’ailleurs il n’appartenait pas encore au parti.

Dans l’affaire cubaine, M. Khrouchtchev s’est inspiré de l’exemple des deux grands leaders bolcheviques du début.

Bernard Féron

 

 

Fidel Castro ironise sur la volonté d'Obama de changer de politique envers Cuba

 

Beaucoup de choses vont changer à Cuba «malgré les Etats-Unis», a ironisé

jeudi l'ex-président cubain Fidel Castro en réponse à «la bonté» du président

américain Barack Obama affirmant qu'il était prêt à changer de politique

envers Cuba si le régime castriste donnait des signes de démocratisation.

 

«Beaucoup de choses vont changer à Cuba, mais elles changeront grâce à nos

propres efforts et malgré les Etats-Unis», écrit Fidel Castro dans la troisième

«réflexion» qu'il a publiée cette semaine dans la presse officielle après trois

mois sans écrire.

 

«Tant que je serai président, je serai toujours prêt à modifier notre politique

vis-à-vis de Cuba, pour autant que nous commencions à noter une intention

sérieuse de la part du gouvernement cubain de donner davantage de liberté à

son propre peuple», a affirmé mercredi Barack Obama lors d'une table ronde

avec des internautes hispaniques.

 

«Comme c'est sympathique! Comme c'est intelligent! Tant de bonté ne lui a

toujours pas permis de comprendre que cinquante ans de blocus et de crimes

contre notre patrie n'ont pas fait plier notre peuple», écrit Fidel Castro, 85 ans,

retiré du pouvoir pour raisons de santé depuis 2006.

 

Cette «résistance de fer» des Cubains, poursuit le père de la Révolution

cubaine, se manifeste aussi en faveur des cinq agents cubains emprisonnés

depuis 1998 aux Etats-Unis à la suite d'une «injustice stupide et

insoutenable».

 

Fidel Castro dénonce notamment le refus d'une juge américaine de laisser

rentrer à Cuba l'un d'eux, René Gonzalez, qui doit être libéré de prison le 7

octobre mais doit encore passer aux Etats-Unis trois ans de «liberté

surveillée». «Cette nouvelle sans surprise ne manque pas d'indigner par sa

brutalité», affirme Fidel Castro.

 

Les cinq agents cubains avaient été arrêtés en 1998 après avoir infiltré les

milieux anticastristes de Floride et sont considérés à Cuba comme des «héros

de la lutte antiterroriste».

 

«Malgré les clameurs mondiales pour leur liberté», conclut Fidel Castro, les

Etats-Unis les maintiennent en prison : «s'il n'en allait pas ainsi, l'empire

cesserait d'être empire et Obama cesserait d'être stupide».

 

(Le Monde,29 septembre 2011)