Venezuela: ONG AU SERVICE DES Etats-Unis: DES INSTRUMENTS POUR L'INTERVENTION MORALE CONTRE LES PEUPLES SOUVERAINS

Publié le par cubasifranceprovence

par Daniel Rojas

traduction Françoise Lopez

Caracas, 04 juin AVN.- A l'échelle mondiale, un grand nombre de ce qu'on appelle organisations non-gouvernementales (ONG) camouflées dans ce qu'on appelle la "société civile" adoptent une vision réduite, sectaire, discriminatoire et conservatrice des Droits de l'Homme. Uniquement concentrée sur la dénonciation, rationnelle ou pas, elles sont devenues de pseudo partis politiques, sans racines populaires mais financées de l'étranger dans le cadre des stratégies et des feuilles de route de groupes politiques qui cherchent à déstabiliser la dynamique démocratique des pays souverains, indépendants et opposés à toute subordination impériale ou néo-coloniale.

Au Venezuela aussi on a du mal à faire une liste de ces associations car elles naissent, ensuite périssent, mutent, ou en dernière instance, s'agglutinent en nouveaux blocs qui se transforment aussi en dénonciateurs d'office qui se sont vidés de leur contenu protecteur de la dignité humaine des Droits de l'Homme et sont devenus des instruments à fins politiques.

A ce sujet, Pablo Fernández, membre du Réseau Alternatif des Droits de l'Homme au Venezuela (SurDH), constitué en 2014 par quelques 40 experts en la matière, a expliqué dans une interview à l'Agence Vénézuélienne d'Information (AVN) que cette instance a dénoncé de façon réitérée "le vidage de contenu des Droits de l'Homme (par les ONG) pour prendre ce signifiant et le charger d'une signification totalement contraire aux intérêts des peuples. En ce sens, nous parlons de l'instrumentalisation des Droits de l'Homme comme arme politique. Ce n'est pas seulement au Venezuela mais à l'échelle mondiale."

Les philosophes Michael Hardt et Antonio Negri, dans leur livre Imperio (2000), évoquent le fait que certaines ONG impulsent ce qu'on a appelé "intervention morale" qui consiste à créer dans l'imaginaire collectif l'idée que tel Etat viole terriblement les Droits de l'Homme de ses citoyens et restreint la liberté d'expression.

Cela permet la réalisation d'interventions militaires justifiées par des pays comme les Etats-Unis pour déstabiliser des gouvernements progressistes gênants pour leurs politiques hégémoniques.

"Ce que nous appelons intervention morale est pratiqué actuellement par toutes sortes d'organisations, y compris les médias d'information et les organisations religieuses mais les plus importantes peuvent être certaines de ce qu'on appelle organisations non gouvernementales (ONG) qui, précisément parce qu'elle sne sont pas dirigées directement par les gouvernements, sont acceptées comme agissant sur la base d'impératifs éthiques ou moraux" notent les deux auteurs.

Dans la même oeuvre, Hardt et Negri ajoutent que l'intervention devient efficace avec la complicité des corporations de médias qui permettent, avec les dénonciations des ONG, "la production symbolique de l'Ennemi". Ainsi, l'intervention morale "sert souvent de premier acte pour préparer une intervention militaire".

Pablo Fernandez déclare, en ce sens, que ces ONG se déguisent en "société civile" pour, de cette tranchée, renoncer à la capacité de proposition qu'elles devraient impulser face aux Gouvernements et joindre leurs efforts pour discréditer "tout travail réalisé avec les organisations de l'Etat. Elles se concentrent sur la dénonciation, qu'elle soit rationnelle ou non, fondée ou pas".

En plus, habituellement, ces organisations dénoncent une soi-disant restriction de leur travail imposé par les Gouvernements qu'elles prétendent déstabiliser.

"Comme elles ont besoin de subsister matériellement, elles ont un financement international et finissent par provoquer un imaginaire de persécutions, d'impossibilité de faire son travail pour alors, avec cette image de victime auto-générée, pouvoir continuer à percevoir d'importantes rentrées d'argent provenant de sources internationales, beaucoup d'entre elles étant d'origine et de réputation douteuses", ajoute-t-il.

Il a mentionné que ces ONG se retranchent de façon discursive derrière la défense des Droits de l'Homme, un concept que la droite internationale a manipulé depuis longtemps.

"Alors, depuis la gauche, pas seulement au Venezuela, mais depuis les mouvements progressistes dans le monde, nous travaillons pour, précisément, donner à nouveau aux Droits de l'Homme un contenu avec une vision critique, profonde, de changements structurels au bénéfice des peuples et non pour leur destruction. C'est notre approche, à nous qui construisons une option socialiste du monde", a-t-il dit.

Panne idéologique

Fernandez a évoqué le fait qu'après l'arrivée du commandant Hugo Chavez à la Présidence de la République, en 1998, un changement significatif en matière de Droits de l'Homme a été obtenu dont beaucoup ont été incorporés au texte de la Constitution du Venezuela.

"Après cela, il y eut des ONG qui, loin d'assumer un rôle d'organisations avec des liens et des racines populaires défendant le point de vue de l'avancée des conquêtes sociales, on t dégénéré et se sont converties en une espèce de consultants privés ou d'organisations de type cabinet privé qui, même quand les services qu'ils prêtent sont gratuits, en définitive finissent par être assez élitistes et aussi discriminatoires" indique l'activiste de SurDH.

Après le processus constituant, Fernandez a souligné qu'il y a eu une profonde panne idéologique qui a fissuré ce que dans les années 80 et 90, on connaissait comme le mouvement des Droits de l'Homme.

"Cette panne est le produit de la polarisation politique que nous avons vécue au Venezuela étant donné ce processus profond de changements de ces dernières années qui, sans aucun doute, nous place les différents acteurs dans différentes approches au moment de parler des Droits de l'Homme. Aujourd'hui, nous, nous parlons de démocratie, de culture, des Droits de l'Homme en tant qu'éléments liés", a noté Fernandez.

Le rôle des organisations non gouvernementales s'est vu réduit à une réinterprétation arrangeante des Droits de l'Homme qui insistent pour signaler que le Venezuela "est en crise", un argument qui a servi au gouvernement des Etats-Unis pour réaliser des actions d'ingérence contre le Gouvernement vénézuélien.

La plus récente ingérence a été l'ordre exécutif signé par le président Barack Obama, mondialement condamné, dans lequel il qualifiait la nation sud-américaine de "menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis".

A ce sujet, é Fernandez a déclaré qu'"au Venezuela, il n'y a pas de crise des Droits de l'Homme mais une crise politique produite par une polarisation et dont certains acteurs, loin de respecter le jeu démocratique pour régler ces différends, ont opté pour chercher des formules non démocratiques pour atteindre leurs objectifs politiques. Une partie de cet exercice macabre auquel particpent ces partis politiques et ces acteurs de la mal nommée "société civile " est d'essayer de maquiller la crise politique en crise des Droits de l'Homme pour pouvoir la justifier et lui donner une légitimité à l'échelle internationale."

Ainsi les choses, dans le cadre de l'instrumentalisation des Droits de l'Homme au Venezuela faite par la Maison Blanche, les actes de violence de droite déchaînée qu'a vécu le pays entre février et juin 2014 ont été déformées et on a fait passer pour les victimes les auteurs matériels et intellectuels de ces faits qui sont poursuivis en justice conformément aux lois nationales.

En contrepoint, ces mêmes organisations qui défendent les "droits de l'homme" gardent le silence face à des faits évidents qui représentent des violations extrêmes des droits fondamentaux ainsi que de la souveraineté d'autres pays, impulsées par les Etats-Unis.

"Quand les Etats-Unis d'Amérique du Nord, à travers son Gouvernement, s'auto-proclame défenseur et allié des Droits de l'Homme dans le monde et au nom de ce concept, envahit des pays, détruit des installations, des villes, tue des gens, justifie l'existence de prisons clandestines, conserve la base de Guantanamo, produit des groupes terroristes pour déstabiliser des gouvernements comme cela est en train de se produire en Syrie, conserve des prisons cachées en Europe de l'Est, c'est à dire, quand tu vois cette vague d'actions qui vont à contre-courant du processus de la dignité de l'homme et des peuples, tout au nom des Droits de l'Homme, là, nous sommes face à une des plus grandes hypocrisies de l'histoire de l'humanité", a conclu Fernandez.

Source en espagnol:

http://www.avn.info.ve/contenido/ong-al-servicio-eeuu-instrumentos-para-intervención-moral-contra-pueblos-soberanos

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Bolivrienne.