L'HISTOIRE NON RACONTEE DE L'AGENT "MERCY" DE LA SECURITE CUBAINE

Publié le par cubasifranceprovence

par Percy Francisco Alvarado Godoy

Ces jours-ci, différents blogs contre-révolutionnaires comme Nueva Accion Cubana et Superpolitico, ainsi que différents mercenaires anti-cubains dans le réseau social Facebook ne se sont pas contenté de me menacer de nouveau ainsi que ma famille. Dans leurs attaques, ils s'en sont pris à l'image de mon père, simple et anonyme révolutionnaire latino-américain, pour dénaturer son honnêteté et son dévouement à la Révolution Cubaine.

 

Carlos Alvarado Marin, l'agent « Mercy », fut peut-être en réalité le premier collaborateur dans l'histoire de la Sécurité Cubaine à travailler à l'extérieur. Toute sa vie, il s'y est consacré sans demander d'honneur en échange. Pour lui,je reprends cet article que j'avais écrit il y a quelques temps, pour défendre sa personne et son dévouement inconditionnel à la lutte de nos peuples et, en particulier, de sa Cuba bien-aimée.

 

Qui tente de m'offenser en le dénigrant perd son temps. Il vit en moi comme exemple. Chacun de mes actes est fait pour l'honorer un peu plus, bien que je ne puisse pas l'exprimer directement.

 

Que cette note serve également à honorer l'extraordinaire ami José Gomez Abad (Pepe), qui j'ai manqué à son dernier moment et ne pus l'accompagner au moment de son décès, alors que la douleur de le voir terminer sa vie fructueuse était une charge très lourde pour moi.

 

Souvenirs de mon père.

 

Percy Francisco Alvarado Godoy

11 novembre 2012.

 

La mort surprit mon père, Carlos Conrado de Jesus Alvarado Marin, un funeste jour de novembre 1997, clôturant ce jour-là une vie longue et bien remplie. Combattant infatigable, il affronta la Parque le torse nu, comme le font les hommes, et il nous a quitté de cette manière , en combattant encore pour la libération de notre Amérique et toujours fidèle à sa Cuba bien-aimée, qu'il défendit pendant 37 ans dans le plus absolu anonymat.

 

La mort précipitée, quand il combattait encore pour son Guatemala bien-aimé comme simple combattant de l'Armée Guerrillera des pauvres, avec ses 75 ans sur les épaules, ne nous laissa pas, cependant, les mains vides. Il nous a laissé son histoire pleine de passages héroïques qui en firent un participant actif dans les luttes de son temps, bien que beaucoup de ce qu'il a fait doive rester encore dans le silence le plus absolu. Cette longue métamorphose, commencée depuis la plus profonde pauvreté, le conduisit un jour à être des rares hommes, des derniers, qui combattirent les hordes mercenaires qui renversèrent sauvagement le gouvernement de Jacobo Arbenz.

 

Puis vint l'exil en Argentine où ses convictions révolutionnaires se renforcèrent,jointes à un valeureux groupe de camarades qui, plus tard, comme Luis de la Puente Uceda et beaucoup plus, l'orientèrent sur le beau chemin dans lequel l'humanisme et la solidarité mobilisent chaque partie de nos cœurs. A cette époque-là, il avait déjà connu Ernesto Guevara de la Serna, le futur Guerrillero Héroïque, avec qui il se lia d'une amitié inoubliable.

 

Il fut, cependant, un homme privilégié. La lutte l'amena à connaître des hommes et des femmes comme le Che lui-même, comme Manuel Piñeiro Lozada, comme Bernardo Alvarado Monzon, Manuel Galich, Tamara Bunke Bider (Tania) et d'autres, avec qui il combattit dans certains cas et dans d'autres, il leur servit de soutien dans leurs luttes. Il eut aussi le privilège d'être l'un des premiers hommes de la Sécurité Cubaine qui allèrent à l'extérieur défendre le merveilleux et bien-aimé peuple qui le recevait comme un fils. Ce fut lui qui communiqua à la guerrillera héroïque les tâches qui lui étaient assignées pour accomplir sa mission en Bolivie et lui donna l'entraînement nécessaire à ses nouvelles conditions de travail.

 

L'immense modestie qui le caractérisait l'empêcha de parler à ses fils, qui le voyaient s'en aller et disparaître durant de longues années, du combat anonyme qu'il livrait. Pour ses camarades, il fut loyal et modeste, simple et tenace, et, surtout, capable de prendre de l'assurance devant l'adversité et n'importe quelle erreur commise.

 

De nombreuses villes du monde l'ont vu déambuler, usant de multiples identités, bien que ses camarades aient eu l'habitude de l'appeler de pseudonymes comme Mercy, Juan, el Don, le Docteur, le Vieux, le Maître, Felipe et beaucoup de noms en fonction de l'occasion. Sa vocation essentielle, néanmoins, bien qu'il soit un internationaliste par conviction, fut toujours d'aimer Cuba, Fidel, et en particulier, le Che.

 

Un de ses camarades, José Gomez Abad, le caractérisa dans les pages de son livre intitulé « Comment le Che a trompé la CIA », édité par les Editions Capitan San Luis récemment, avec les mots suivants, en relation avec son entrée à la Sécurité en 1963 :

« A ce moment-là, alors qu'il menait à bien l'acte de proposition et d'acceptation comme collaborateur des organes de la Sécurité de l'Etat (recrutement), se produisit l'accolade internationaliste éternelle de Carlos Alvarado Marin, Mercy, avec la cause de la Révolution Cubaine, au moyen de la défense de celle-ci contre les agressions de ses ennemis internes et externes et le soutien solidaire à la lutte des peuples exploités d'Amérique Latine. »

 

Par la suite, il écrivit à propos de mon père : « Mercy ou Juan, comme nous l'appelions dans les opérations, avec le recul des ans , il faut admirer en lui, le fait que bien qu'il ait eu le double de l'âge de la majorité des camarades avec qui il travaillait, il a toujours maintenu une relation très respectueuse, en étant très discipliné et en générant de constantes initiatives pour perfectionner le travail. On remarquait aussi en lui son inconditionnalité militante pour la Révolution Cubaine et le Commandant en Chef, son sens de l'auto-critique, sa capacité de travail, la relation ouverte et sincère avec les camarades et sa sagacité opérationnelle. »

Finalement, Pepe Abad, aujourd'hui disparu, caractérisait mon père avec des mots émouvants : « Ni les années, ni les multiples désagréments et les risques qu'il affronta dans sa longue et hasardeuse vie, n'ont ébréché sa vitalité exceptionnelle et son étonnante lucidité . Jusqu'à ses derniers instants, il fut un amoureux de la vie et de toutes ses beautés. »

 

Mon père, je m'en souviens, toujours avec sa cigarette, fouillant dans sa mémoire tant de souvenirs, pendant qu'il se balançait sur un fauteuil à bascule de métal dans l'arrière cour de ma maison. Son regard tombait sur moi, avec la tristesse contenue de me voir passer, en pensant que son fils, installé et avec une attitude discutable envers la Révolution, trahissait ce qu'il aimait le plus. Je m'en souviens aussi , souffrant de ses erreurs, lui qui lutta toujours pour être un homme parfait et portait sur lui-même le poids terrible de son propre sens autocritique.

 

Il mourut, comme je l'ai dit, comme il vécut : simple et anonyme, loin des gloires et des reconnaissances publiques. Je me souviens encore de cette triste nuit, au funérarium de Calzada et K, quand, inexplicablement pour ceux qui étaient présents, ses décorations

, certaines offrandes des dirigeants de notre Révolution, lui furent retirées et qu'il fut décidé de ne pas faire la garde d'honneur qu'il méritait. Beaucoup pleurèrent de rage devant ce fait surprenant , parmi eux mes frères et ses camarades. José Abad lui-même expliqua ce fait dans son livre :

« A sa mort, les circonstances qu'il connaissait aussi, empêchèrent de lui rendre l'hommage public qu'il méritait et que le commandant Manuel Piñero Lozada lui-même désirait rendre. D'avoir violé à ce moment-là ces limites, mettait en danger d'importants travaux des Organes de la Sécurité d'Etat de Cuba et, surtout, la vie de personnes que le meilleur que personne connaissait et désirait préserver. » (…) « La circonstance à laquelle il est fait allusion est que son fils aîné, Percy Francisco Alvarado Godoy, l'agent « Fraile » de la Sécurité de Cuba, se trouvait à ce moment-là en train d'infiltrer les organisations terroristes de Floride. »

 

J'avoue que ma douleur s'est faite plus forte en sachant que j'étais en partie responsable du fait que mon père ne reçut pas les honneurs gagnés dans sa longue bataille pour la vie. Cependant, les émouvantes paroles de Manuel Piñiero me réconfortèrent, qui, réprimant les larmes de toute la force de son honnêteté prouvée, s'écria au départ du deuil : « Aujourd'hui, nous laissons Carlos ici, avec la certitude qu'un jour les pionniers cubains pourront mieux connaître la vie de cet homme, qui fut un modèle à suivre pour tous les révolutionnaires latino-américains. A tous, il nous reste la possibilité de parler de lui quand on pourra le faire, et de dire qui fut cet homme en réalité.

 

Aujourd'hui, mon père, mon camarade de combat, j'accomplis ce désir du Commandant Piñeiro pour que Cuba et le monde te connaissent enfin.

 

(traduction Françoise Lopez)